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Genèse d'une autofiction : le cas de l’écrivain espagnol José Mora Guarnido

Genèse d'une autofiction : le cas de l’écrivain espagnol José Mora Guarnido

Publié le par Bérenger Boulay (Source : iTEM/CNRS)

 Lundi 04 décembre. 
16h30 - 18h00
salle de documentation de l'ITEM, 1 étage
4, rue Lhomond 75005 Paris .

Ami de Federico García Lorca, de Manuel de Falla et de Ramón Gómez de la Serna, membre actif du Rinconcillo, journaliste de renom dans la Grenade des années 1900 à 1920, José Mora Guarnido a quitté l'Espagne pour Montevideo en 1923, déçu par l'avènement de la dictature de Primo de Rivera. Politicien et Républicain actif depuis l'exil, tant sous la première dictature (1923-1931), que pendant la IIème République (1931-1936/1939), la Guerre Civile (1936-1939) et le franquisme (1939-1975) ; il a aussi été un écrivain prolixe, auteur notamment de deux fameuses biographies sur José Batlle y Ordoñéz et sur Federico García Lorca et d'un ensemble conséquent de manuscrits et de tapuscrits, tous inédits et dont les natures génériques variées portent en elles les marques d'une scission entre les représentations de l'espace espagnol et celles de l'espace américain. C'est d'ailleurs à travers la classification de ce fonds d'archives inédit que, de façon physique, cette division, cette bivalence spatiale de l'oeuvre « guarnidienne », s'est révélée concrète et réelle grâce aux marques et mentions manuscrites qui figuraient sur les pochettes où étaient conservées les manuscrits.
Cependant, l'étude narratologique de ces écrits met également en exergue la singularité de cette scission bi-spatiale ainsi que les moyens de ces représentations de l'espace. En effet, l'étude des modalités de ces descriptions et représentations des lieux, la définition des figures que l'écrivain a choisi de représenter, de ses motivations, de ses choix et de ses options littéraires, montre aussi qu'il existe chez José Mora Guarnido une conscience amphibologique du monde. L'écrivain, grâce à son expérience personnelle, va et vient depuis le pays d'origine, vers le pays d'accueil tout en reflétant son sentiment d'appartenance à deux mondes et en réfléchissant sur les différentes formes d'écritures du lieu perdu, de la terre natale, de la nostalgie créée par la distance et de la mélancolie induite par la perte et l'exil.

Dès lors, nous verrons comment José Mora Guarnido met en place les différents supports et moyens d'écriture d'une forme de « toposémie guarnidienne » dans les textes des premiers temps de cette écriture, et en particulier, à travers l'étude de trois récits dont la toile de fond est le village imaginaire de Montesol. En effet, l'étude génético-critique des manuscrits des Historias de Montesol révèle que la représentation de l'Espagne natale et de l'Andalousie de l'enfance passe par la création d'un espace « catalysateur de la mémoire » . L'examen des modalités créatives des textes qui forment le triptyque Historias de Montesol, de leurs brouillons et ratures, de leurs réécritures successives, des variantes et des interventions de l'auteur au cours de la conception du récit et qui modifient progressivement sa représentation de l'espace et sa propre représentation de lui-même montre que Montesol naît de la superposition d'un ensemble de représentations, de référents, et de personnages issus de l'espace autobiographique. L'espace diégétique et auto-diégétique servirait donc de cadre à une autofiction devenue « refuge » pour l'écrivain, et cadre pour l'expression autobiographique.