Essai
Nouvelle parution
G. Perec, L'Attentat de Sarajevo

G. Perec, L'Attentat de Sarajevo

Publié le par Université de Lausanne

L'attentat de Sarajevo
Georges Perec

texte établi par C. Burgelin

Date de parution : 06/05/2016 Editeur : Seuil ISBN : 978-2-02-131677-3 EAN : 9782021316773.

 

En 1956-1957, le jeune Georges Perec entreprend une psychanalyse avec Michel de M'Uzan. Il s'attache aussi à Paris à un petit groupe d'intellectuels et d'artistes yougoslaves. A l'été 1957, il part pour Belgrade. À son retour, il écrit en moins de deux mois L'Attentat de Sarajevo. Tout droit issu de son séjour yougoslave, et sans doute aussi de son année de psychanalyse, le livre est refusé par les éditeurs (Le Seuil, Nadeau), qui discernent pourtant que, sous ce texte d'un très jeune homme, il y a un écrivain.

L'intrigue a pour arrière-fond Belgrade et les errances façon Vitelloni du narrateur dans la ville. Celui-ci reste longtemps en échec dans ses tentatives pour séduire Mila, compagne d'un certain Branko, plus âgé qu'elle et figure d'autorité intellectuelle - et dont le narrateur est fortement jaloux. Il progresse lentement dans son parcours de la Carte du Tendre, mais finit par arriver à ses fins. Sitôt Mila conquise, il part pour Sarajevo où vivent Branko et son épouse, pour persuader celui-ci qu'il a perdu ses chances avec Mila.

Il s'insinue dans la vie du couple. Et fomente son attentat de Sarajevo : conduire l'épouse délaissée à assassiner son mari. En contrepoint de ce récit, lui donnant un arrière-fond inattendu, Perec reprend l'histoire de l'attentat de 1914 et du procès qui suivit. Avec une même interrogation : qui est responsable d'un crime : celui qui le commet ou celui qui l'inspire ?

Galop d'essai, écrit de jeunesse, L'Attentat de Sarajevo représente peut-être aussi la seule fois où Georges Perec se risque au roman d'analyse, jouant sur le principe d'une double scène (comme il le fera souvent par la suite), et sur une construction d'ensemble pugnace et efficace.

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Le mot de l'éditeur :

"1957. Georges Perec a vingt-et-un ans. Il est un étudiant (en histoire) qui n’étudie plus. Il voudrait écrire, n’y parvient guère. En juin 1956, il commence une psychanalyse. Fin juillet 1957, il part pour la Yougoslavie. Le 8 septembre, à peine revenu, il rédige dans l’urgence un roman tout imprégné de son expérience yougoslave, L’Attentat de Sarajevo. C’est un galop d’essai mené au galop. C’est, littéralement, son premier « Cinquante-trois jours ». Tel Stendhal dictant La Chartreuse de Parme en cinquante-deux jours, il dicte le livre à une de ses anciennes camarades du lycée d’Étampes. Le tapuscrit, perdu, n’a été retrouvé qu’après sa mort.

Lecteur, c’est avec un Perec inattendu que tu vas faire connaissance. Frôlant le roman d’analyse psychologique, esquissant une histoire d’amour et de jalousie, c’est avec le scénario Hamlet que se débat l’auteur-narrateur, un « je » quasiment au premier degré, oscillant entre récit autobiographique et fiction.
L’attentat de 1914 fit s’embraser l’Europe ; celui de 1957 reste un fantasme, dont le narrateur, en bon flaubertien, ne serait sans doute pas loin de penser que c’est « ce que nous avons eu de meilleur ».
Dans les multiples branches de l’arbre Perec, beaucoup de lecteurs se sont délectés à grimper ou se nicher. En voici une des racines. Elle plonge loin ? dans des terreaux que Perec n’a plus guère remués par la suite.
Ce roman se trouve publié près de soixante ans après sa rédaction. L’édifice Perec est dorénavant bien connu. Il nous importe donc de mieux savoir sur quelles fondations il s’est construit." — Claude Burgelin