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Frontières et circulations: une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle?

Frontières et circulations: une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle?

Publié le par Université de Lausanne (Source : Christine Mongenot)

Les biennales de la Littérature de jeunesse  

Deuxième colloque international

 Site universitaire de Gennevilliers

7 et 8 juin 2017

Avec le soutien des unités de recherche AGORA, EMA, 

LLA CREATIS et Textes et Cultures

 

Frontières et circulations :

une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle ?

Au printemps 2014, l’équipe du Master Littérature de jeunesse de l’ESPE de l’académie de Versailles[1], prenait l’initiative de créer des « Biennales de la littérature de jeunesse » permettant aux différents acteurs concernés par la littérature de jeunesse - didacticiens, bibliothécaires, éditeurs, créateurs, sociologues, psychologues ou militants associatifs - de se rencontrer et de croiser leurs points de vue sur cet objet en constante évolution.

Au cœur de la première Biennale, la volonté d’échanges, voire de confrontations, s’illustrait  dans plusieurs grands débats[2] conduits par des professionnels  spécialistes des différents champs concernés. On en trouvera l’écho dans l’ouvrage qui vient de paraître intitulé (D)écrire, prescrire, interdire : les professionnels face à la littérature de jeunesse aujourd’hui[3] , et qui restitue la pluralité de ces points de vue pour en montrer non seulement les éléments convergents mais aussi les contradictions.

En 2016, le dialogue entre professionnels nous paraît plus que jamais à l’ordre du jour, recherche et exercice professionnel ayant tout intérêt à s’articuler dans un secteur de création et de diffusion du livre qui représente un fort enjeu pour l’éveil des sensibilités, la formation des représentations, et la réflexion d’un jeune lectorat d’où seront issus les citoyens de demain. Nous souhaitons donc poursuivre ces échanges entre différents acteurs en proposant aujourd’hui une deuxième biennale qui aura lieu les 7 et 8 Juin 2017.

Quel pouvait en être le sujet ? Celui-ci s’est imposé de lui-même dans une période où les valeurs européennes sont mises en question de multiples manières ; il nous a paru urgent de nous pencher sur les productions culturelles contemporaines pour la jeunesse en réfléchissant collectivement à la manière dont celles-ci mettent en jeu, construisent consciemment ou non une certaine Europe.

Dans le cadre de cette deuxième biennale intitulée « Frontières et circulations : une littérature de jeunesse européenne au XXIe siècle ? », il sera fait appel à des contributions autour des axes suivants :

 

I – Axe 1. Auto-portrait de l’Europe dans la Littérature de jeunesse au XXIe siècle 

Si la question de la littérature comme « miroir » des sociétés et des cultures n’est pas nouvelle et a même englobé plus récemment les fictions pour la jeunesse[4], nous aimerions y revenir lors de ces journées en nous demandant selon quelles perspectives la littérature de jeunesse met ainsi en scène intentionnellement ou non les sociétés européennes et leurs cultures : est-ce pour en faire connaître les différences et/ou pour représenter ce qu’elles ont de commun ?

Les réflexions inscrites dans cet axe porteront aussi bien sur les ouvrages de fiction que sur les ouvrages documentaires pour la jeunesse. Elles aborderont au choix :

  • Le rapport aux stéréotypes nationaux : quels modèles de personnages dans les fictions (maintien ou non de stéréotypes nationaux) ? Quelles représentations des cultures nationales stéréotypées ou non, mettant l’accent sur des pratiques identifiées comme « caractéristiques » des nationalités en jeu ou les interrogeant ?
  • La circulation entre les nations européennes : quels contextes sociaux pour évoquer le franchissement des frontières au sein de l’Europe (émigration économique, politique, « tourisme », désir d’ailleurs, formation...) ; quel traitement du motif de la « rencontre des peuples » européens et au service de quoi ? etc…
  •  Les éventuelles évolutions propres au XXIe siècle, en particulier dans les ouvrages documentaires : lorsqu’il s’agit d’évoquer les autres pays européens, comment le regard des auteurs, illustrateurs ou éditeurs se situe-t-il, entre les deux pôles de l’exotisme et du natiocentrisme ?
  • Les parentés éventuelles, les questions transversales qui traversent les productions pour la jeunesse dans les différents pays européens au XXIe siècle : existe-t-il des thématiques contemporaines partagées, des spécificités nationales ? des sous-ensembles culturels européens (francophone, germanophone, …) à la périphérie des littératures nationales ?
  • L’existence d’un lecteur modèle européen  en 2016 : quel enfant/quel adolescent les différents professionnels du livre ont-ils en perspective? Les analyses pourront aussi bien s’appuyer sur des théories critiques de la littérature (théories de la réception) que sur des outils sociologiques (un lecteur de classe moyenne ? un lecteur populaire ?)

On privilégiera les propositions proposant un corpus transnational ou des corpus croisés, dans une perspective comparatiste.

Axe II – LJ européenne sous influence extra-européenne et LJ européenne vue d’ailleurs

Les questions du métissage, de l’influence, de la dissémination, de l’hybridation permettent- elles aujourd'hui de rendre compte d’une littérature et d’une littérature de jeunesse au XXIe siècle ? Ou n’est-ce qu’un effet de lecture, qui succède à la passion du classement structuraliste de la fin du XXe siècle ? Dans ce cadre, peut-on rendre compte d’une littérature de jeunesse européenne et si oui, quelle est-elle ? Alors que nous nous inscrivons dans une époque marquée par la mondialisation, n’est-il pas vain de vouloir s’affranchir des frontières nationales pour s’enfermer dans un autre espace, celui de l’Europe, dont les frontières – géographiques, culturelles, économiques – sont mouvantes et contestées ? L’échelon européen est-il aujourd’hui pertinent au plan culturel, et en particulier dans le domaine de la littérature pour la jeunesse ?

  • Boulaire et Letourneux remarquent en 2010, que « la littérature pour la jeunesse est […]  massivement entrée dans une logique d’internationalisation et d’intégration culturelle ». Ainsi, entre les modèles culturels venus de loin, parfois très différents  – Japon, États-Unis – très vivaces en littérature de jeunesse aujourd'hui, et la tentation du repli nationaliste, quelles influences subit la littérature de jeunesse européenne ? Au-delà de la seule importation de genres nouveaux nés au-delà de l’Europe, on s’interrogera ici sur les hybridations éventuelles de genres européens préexistants et sur la porosité des univers de fiction.
  • A l’inverse, en adoptant cette fois un regard extérieur, on s’interrogera sur l’identification et la reconnaissance d’une littérature de jeunesse européenne, en dehors des frontières qui en dressent le contour. Autrement dit, est-il possible, depuis d’autres pays et cultures, d’affirmer qu’il existe une littérature de jeunesse européenne, voire que la littérature de jeunesse serait marquée d’un sceau européen ? Quels en seraient alors le traits définitoires ? Les contributions pourront s’attacher aux discours tenus principalement par les auteurs, les éditeurs mais aussi par la presse, spécialisée ou non, dans les pays extérieurs à l’Europe. Ce regard décentré pourra également être adopté à partir de « communautés linguistiques » qui dépassent les frontières européennes : alors qu’ils s’inscrivent dans un continuum linguistique avec d’anciens pays colonisateurs, comment des pays extra-européens considèrent-ils la littérature de jeunesse créée en Europe? En quoi leur paraît-elle proche ou formant une entité spécifique, voire étrangère? 

Axe III – Enrôlement de la LJ dans la construction d’une citoyenneté : question nationale ou question européenne ?

Les textes officiels français sur l’école promeuvent la construction du citoyen et rappellent la nécessité de transmettre les valeurs susceptibles de la fonder.  Ils proposent, parmi d’autres démarches possibles pour cet enseignement, de mobiliser la lecture de fictions et en particulier celle d’ouvrages de littérature de jeunesse.  Les réflexions conduites sur cet axe privilégieront deux grandes catégories de questionnements :

  • Un tel projet a nécessairement des retombées sur une offre éditoriale pour la jeunesse qui  reste fortement articulée avec les orientations ou les prescriptions contemporaines dans le champ scolaire. Dans ce cadre, on réfléchira à la manière dont les différents pays européens envisagent la mobilisation de la LJ au service de ce questionnement citoyen : le projet est-il spécifiquement français ? S’élargit-il aux autres pays européens ? Selon quelles modalités éditoriales ? avec quels contenus ? Comment les auteurs européens contemporains de LJ l’intègrent-ils dans leurs créations ?
  • Par ailleurs le projet de mobiliser la LJ au profit d’une construction de la citoyenneté implique des médiations particulières : quels ouvrages choisir ? comment les interroger ? comment éviter l’écueil de l’instrumentalisation ? On privilégiera ici des analyses sur des pratiques de médiation contrastives proposées ou effectivement  conduites dans différents pays européens autour de problématiques telles que l’exercice de la responsabilité, le sens du collectif, le respect de l’égalité, etc... 

Axe IV Conditions et effets du franchissement des frontières nationales au sein de l’ Europe: vers une mondialisation de la LJ?

Si la circulation des œuvres de littérature de jeunesse en Europe n’est possible qu’à certaines conditions (politique de traduction, création de nouveaux partenariats entre éditeurs européens, mise à disposition d’information dans de nouveaux réseaux professionnels en ligne), celles-ci ne remodèlent-elles pas  aujourd’hui le corpus même de la Littérature de jeunesse ? Quels sont les effets de ces circulations, de ces échanges ou de ces partenariats européens sur la Littérature de jeunesse ? Servent-ils à assoir un patrimoine éditorial européen ? Pour quels enjeux ? Ou bien les professionnels européens dans le champ de la LJ regardent-ils aujourd’hui au-delà des frontières européennes ? Dans des genres ou des domaines privilégiés ?

Les contributions inscrites dans cet axe, porteront sur les champs suivants :

  • La traduction. Traduit-on en Europe des œuvres de littérature de jeunesse majoritairement européennes? Que représente la LJ européenne en traduction à l'extérieur de l'Europe? Dans quelle mesure la traduction en LJ peut-elle promouvoir un patrimoine national en Europe, ou bien un patrimoine européen à l'extérieur de l'Europe? Existe-t-il des intraduisibles liés à des particularismes nationaux ou européens et, par exemple,  l'humour peut-il s’affranchir des frontières nationales ou européennes ?

Peut-on parler d’un mode illustratif spécifiquement européen et doit-il ou peut-il être « traduit »  lorsque la LJ est exportée hors de l’aire culturelle européenne?

  • Les politiques des éditeurs. La réflexion portera sur les lignes éditoriales elles-mêmes : quelle place accordent-elles à la littérature patrimoniale (contes, fables…) dans la constitution d’un corpus européen, sa défense, sa promotion ? Cette littérature patrimoniale est-elle définie selon les mêmes critères dans les différents pays européens ? On pourra également s’intéresser à la manière dont l’édition pour la jeunesse favorise les adaptations d’un patrimoine classique commun (mythique par exemple) à des problématiques contemporaines européennes (questions de l’identité, de la citoyenneté, de l’égalité ou de la mixité sociale).
  • Le rôle des manifestations européennes (salons/transbook/sites)

Les principaux acteurs professionnels dans le champ de la littérature de jeunesse en Europe ont aujourd’hui de multiples occasions et modes de contact : salons, sites partagés, alimentation de projets transnationaux tels Transbook. On s’interrogera sur les effets de ces rassemblements, circulations et échanges : permettent-ils un renouvellement de la littérature de jeunesse européenne ou son homogénéisation ? Facilitent-ils la diffusion du livre jeunesse européen sur le marché des produits culturels ? Quelle place réservent-ils au livre jeunesse par rapport à d’autres médias ?

  • Les partenariats européens entre les institutions nationales et les bibliothèques spécialisées en littérature de jeunesse

Quels sont aujourd’hui les enjeux prioritaires entre le travail de conservation, celui de la diffusion de l’information et celui de la formation ? Comment pense-t-on leur articulation dans les différents pays européens ? Des axes de collaboration se dégagent-ils entre pays et dans quelle mesure la dématérialisation les favorise-t-elle dans le secteur jeunesse? Quelles politiques européennes d’inscription des fonds privés de littérature de jeunesse (auteurs, illustrateurs, collectionneurs…) dans le travail de patrimonialisation ?

Les communications portant sur cet axe pourront mobiliser des analyses linguistiques, littéraires ou s’attacher à l’économie du livre. Les contributions d’auteurs, d’éditeurs, de libraires ou de bibliothécaires sont souhaitées.

Les propositions de communication comporteront les rubriques suivantes :

Nom(s) de l'auteur-e ou des auteur-e-s (3-4 lignes, 3-4 titres récents).

Institution(s) de rattachement

Adresse courriel

Bio-bibliographie(s) éventuelle(s)

Titre de la communication proposée.

Résumé de 3000 signes environ (hors bibliographie).

Bibliographie (4-5 titres)

 

Calendrier :

  • Propositions à adresser avant le 30/11/2016 à l’adresse suivante :

http://biennale2-litterature-jeunesse@ml.u-cergy.fr

  • Notification d’acceptation aux communicants avant le 31/01/2017.

Contact : christine.mongenot@u-cergy.fr

Comité scientifique

Sylviane Ahr (Université Toulouse II Jean Jaurès)

Anne Besson (Université d’Artois)

Max Butlen (Université de Cergy-Pontoise)

Michel Defourny (Université de Liège)

Marie Desplechin (auteure)

Virginie Douglas (Université de Rouen)

Bernard Friot (auteur)

Florence Gaiotti (Université d’Artois/AFRELOCE)

Euriel Gobbé-Mévellec  (Université de Toulouse II Jean Jaurès)

Giorgia Grilli (Université de Bologne)

Kvetuse  (Kveta) Kunesova (Université de Hradec Kralové)

Françoise Lagarde (CRILJ)

Matthieu Letourneux  (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense)

Sonia de Leusse- Le Guillou  (Lecture jeunesse)

Thierry Magnier (auteur/éditeur/SNE jeunesse)

Carol Trébor  (Auteure/ Charte des écrivains et illustrateurs jeunesse)

Jacques Vidal-Naquet (CNLJ/BnF)

Denise Von Stockar  (critique/ Institut suisse Jeunesse et médias)

Et les membres du comité d’organisation

Comité d’organisation :

Anissa Belhadjin (Université de Cergy-Pontoise)

Lydie Laroque (Université de Cergy-Pontoise)

Christine Mongenot  (Université de Cergy-Pontoise)

Isabelle de Peretti (Université d’Artois)

Christine Plu (Université de Cergy-Pontoise)

François Ropert  (Université de Cergy-Pontoise)

Francine Voltz (Espé de l’académie de Versailles)

Hélène Weis (Université de Cergy-Pontoise)

 

[1] Master Littérature de jeunesse : formations aux métiers du livre et de la lecture pour jeunes publics (ESPE/UCP).

[2] Consultables en ligne : http://www.espe-versailles.fr/Premiere-biennale-de-la-litterature-de-la-jeunesse-2014

[3] Coédité par les laboratoires EMA et AGORA, avec le soutien de l’ESPE de l’Académie de Versailles, l’ouvrage est diffusé par l’AFEF.

[4] « Fiction pour la jeunesse, miroir de la société ? », La Revue des livres pour enfants, n° 268 - décembre 2013.