Formules, n° 15, juin 2011 : "Image/Texte : formes, trajectoires, frictions".
- ISBN : 978-1-937030-10-0
- ISSN : 1275-77 13
- 20 euros
Pour prolongeret/ou renouveler les réflexions menées dans ses numéros 7, Texte/Image (2003), et 9, Recherches visuelles en littérature(2005), la revue Formules s'estproposé dans ce numéro d'élargir (ou de renverser, c'est selon) la perspective,en se plaçant davantage du point de vue de l'image.
Nous savons quel'écriture d'aujourd'hui ne se contente plus de coucher du texte noir sur blancle long des pages. Depuis le Coup dedés de Mallarmé, au moins, le texte n'a cessé de dialoguer avec l'espace etle(s) support(s) qui l'accueille(nt), engendrant ainsi des formes mixtes danslesquelles l'iconique interagit avec le langagier.
Ces formesmixtes se sont aussi révélées comme lieux privilégiés d'exploration depotentialités inventives, poétiques (poèmes-dessins, « calligrammes »…),esthétiques, au sens large (« contraintes » chez les auteursoulipiens, attention soutenue chez d'autres auteurs qui partagent le mêmeintérêt pour les aspects matériels ou formels de la création). Que l'on songe àcertaines productions récentes de Jacques Roubaud,[i] audernier ouvrage de Marcel Bénabou, De buten blanc – en collaboration avec l'OuPeinPo[ii] –,à la radicale proposition de Mark Z. Danielewski dans O Revolutions,[iii] ou encore aux travaux dans la droite ligne des Nouvelles Impressions d'Afrique deRaymond Roussel.
Il s'est doncagi de poser de façon très générale la question de ce que la contrainte faitaux images, et aux textes avec lesquels elle se trouve le cas échéant associée,en prenant en compte les supports matériels des oeuvres considérées. Pour neretenir que quelques exemples, Marylène Negro intitule son exposition de 2008 àla Galerie Aboucaya « Écrire, dit-elle » et fait entrer en résonance dessupports extrêmement variés. À une génération de différence, les approches de JoanFontcuberta (The Artist and the Photograph– 1995), les taxinomies de Jeff Guess (Bankof Nature : Concepts – 2007), ont également investi lespectateur/lecteur d'une mission « esthétique et politique sur la véritéet l'image qui entraîne de force dans son sillage la part de responsabilité desdiscours et du régime de croyance qu'établit l'articulation de l'image et dutexte. »[iv]
Dans cetteoptique, nous avons souhaité privilégier tant des réflexions sur la création photographiqueet plastique que sur l'ensemble – formellement très divers – des relationsentre texte et image instaurées dans l'espace de la page. Ce faisant, nousavons accordé une large place à la bande dessinée, jusqu'ici absente deslivraisons de Formules. De fait,si Thierry Groensteen[v] qualifiejustement la B.D. d'« espèce narrative à dominante visuelle », PierreMasson[vi] aexpliqué à quel point la « double nature », la « dualité » oul'hybridité de celle-ci a pu desservir le genre. Or, il nous a semblé que labande dessinée, en raison de sa mixité première, faisait bien souvent preuved'une inventivité et d'une plasticité étonnantes – les travaux del'OuBaPo en sont la démonstration. Se révélant ainsi comme un lieu privilégié d'exploitationdes possibilités formelles, tantôt adaptant, parfois même détournant les textes(y compris les grands textes littéraires), elle assume intégralement les tensionsentre l'image et le texte pour tirer parti des plus grandes potentialités desdeux codes.
C.R., C.R.et H.S.
[i] JacquesRoubaud, Le Grand Incendie de Londres– version 2009, (Paris : Seuil, 2009) ; Jacques Roubaud et Anne F.Garréta, Éros mélancolique (Paris :Grasset, 2009)…
[ii] MarcelBénabou, De but en blanc – Unmonologue en polychromie véritable avec sept méthodes de phraséochromie par l'Ouvroir de peinture potentielle, Bibliothèque Oupeinpienne,n° 16 (Paris : Au crayon qui tue, 2009).
[iii] MarkZ. Danielewski ,O. Révolutions (Paris :Denoël, 2006), traduit de l'américain (OnlyRevolutions [2006]) par Claro.
[iv]Michel Poivert, La Photographiecontemporaine (Paris : Flammarion, 2009), p. 53.
[v] ThierryGroensteen, Système de la bande dessinée(Paris : PUF, 1999), p. 8.
[vi] PierreMasson, Lire la bande dessinée (Lyon :Presses Universitaires de Lyon, 1996), p. 9.
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SOMMAIRE
Préambule
FORMES/ADAPTATIONS
JEAN-PAUL MEYER
Du roman à la bande dessinée. Double contrainte de la transposition narrative.
JEAN-LOUIS TILLEUIL
Gemma Bovery ou l'art de déjouer les contraintes.
OLIVIER DEPREZ
Faire parler le muet ? L'usage de la contrainte dans Par les sillons de Vincent Fortemps.
GABRIELLE REINER
Le numérique comme outil plastique pour réinterroger l'adaptation littéraire : l'exemple d'Ich Sterbe
de Marylène Negro.
CONTRAINTES/FICTIONS/FRICTIONS
CAROLE BISÉNIUS-PENIN
OuBaPo : créations graphiques à contraintes.
ÉRIC VILLAGORDO
La contrainte du support en bande dessinée : une jubilation de l'imaginaire.
ANTONIO ALTARRIBA
Bande dessinée et géométrie. NogegoN, le palindrome et la bissectrice ou la lecture comme voyage aller-retour.
DANIÈLE MÉAUX
Un monde clos (à propos d'un livre du photographe Jean-Claude Bélégou).
ANNE BLOSSIER-JACQUEMOT
Les Oulipiens antiques. Pour une anthropologie des pratiques d'écriture à contraintes dans l'Antiquité.
MARC PARAYRE
Contraintes et relations de couple : texte/image dans les albums de littérature de jeunesse.
BANDES DESSINÉES
OUBAPO
(Étienne Lécroart, Alex Baladi, Andréas Kündig et Ibn Al Rabin)
Exercice collectif
IBN AL RABIN
« , »
DAVID CHRISTOFFEL et alii (avec Olive Booger, Pierre Le Houlier, L.L. De Mars, Movimiento Abracadocobrac, Françoise Naudinat, Adalbert Pendeloque, Colville Petitpont et Lucas Taïeb)
Parade
OLIVIER DEPREZ, JEAN-LUC CAIZERGUES
Il faut tuer Adams
NOTICES SUR LES COLLABORATEURS ET LES COLLABORATRICES
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