Le goût de la nature est rarement le goût du jour dans la poésie française récente. Au début du siècle dernier, au moment où commençait à triompher une sécheresse poétique de bon ton dans laquelle nous nous reconnaissons encore, Anna de Noailles, amie de Proust, protectrice de Gide et, par extension, d’André Breton, subissait les quolibets de la critique établie pour sa passion immodérée des joies du plein air : « muse des potagers », « poétesse aristocratique au Plectre des jardiniers » sont les quelques épithètes homériques qui l’accompagnent encore dans nos anthologies (anthos, fleurs...) littéraires. Serait-ce que les notions d’écopoésie et d’écocritique dont on sait la place qu’elles occupent depuis de nombreuses années dans les études littéraires aux États-Unis et dont nous nous proposons de faire la matière du prochain dossier d’étude de Formes poétiques contemporaines, restent perçues comme fondamentalement exogènes au milieu poétique hexagonal?
Comme depuis près de cinq ans l’une des responsabilités éditoriales de la revue FPC a été d’établir un pont entre les préoccupations poétiques qui occupent les deux rives transatlantiques, ce sentiment d’étrangeté manifesté à l’égard d’une tendance aujourd’hui dominante dans les Amériques nous est apparu questionable. Après tout, si le mouvement d’écopoésie paraît étranger au champ français, ce qu’il définit, en pratique, lui est parfaitement familier, même si les regroupements se fondent peut-être sur des principes épistémologiques et intellectuels bien différents.
Les textes, portant de préférence sur le domaine français et/ou francophone, doivent être envoyés à Jean-Jacques Thomas (jt96@buffalo.edu) et Éric Trudel (fpcsuny@gmail.com). Pour être recevables, les contributions soumises n’excéderont pas 6000 mots, seront accompagnées d’un bref résumé (en français et en anglais) et respecteront la feuille de style de la revue, qui sera bientôt disponible en ligne dès septembre à http://www.ieeff.org/fpcstylesheet.html. La date de remise des textes est le 20 décembre 2013.
Formes poétiques contemporaines est une revue indépendante publiée par les Presses universitaires du Nouveau Monde avec l’aide de la Chaire Melodia E. Jones (SUNY - USA) et de la UB Foundation. La revue se veut un lieu de réflexion sur la création poétique contemporaine dans son exigence exploratoire de l’extrême littéraire. La perspective de la revue est internationale et plurilingue (pour les articles, les langues de travail sont le français et l’anglais ; pour les créations, d’autres langues sont possibles). Le plus récent numéro (FPC 10), Envers la prose, paraîtra en octobre 2013.
Il est à noter que la revue encourage aussi les envois spontanés d’articles scientifiques, destinés à sa section « Rubriques », pourvu qu’ils soient en rapport plus généralement avec les pratiques et les poétiques contemporaines. Seuls deux ou trois textes pourront être retenus annuellement. Les articles feront l’objet d’une évaluation anonyme et une réponse sera transmise aux auteurs dans les deux mois suivant la date de réception de l’article.