Questions de société
Formation universitaire des maîtres : communiqué de l'Association

Formation universitaire des maîtres : communiqué de l'Association "Reconstruire l'Ecole" (14/09/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur le site de SLU:

Formation universitaire des maîtres : communiqué de l'Association « Reconstruire l'Ecole » (14 septembre 2009)

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2937

L'Association« Reconstruire l'Ecole » prend acte des décrets sur le nouveaudispositif de formation des maîtres tels qu'ils ont été publiés au JOdu 28 juillet 2009.

Elle constate que le mouvement du printemps dernier, inédit par sonampleur et sa durée, a permis d'importantes avancées sur ce dossier :

puce-32883.gif L'agrégation est maintenue en dehors du cadre de la « mastérisation ».
puce-32883.gif Les certifiés stagiaires ne seront plus employés à temps plein.
puce-32883.gif Toute référence à d'éventuels « masters d'enseignement » a disparu.
puce-32883.gif Les étudiants bénéficient de 3 ans pour obtenir l'ensemble master+ concours

Nous considérons que ce dispositif doit être amélioré en ce quiconcerne l'année de stage et que la charge d'enseignement y est encoretrop lourde. Nous proposons : 1/3 d'enseignement en responsabilité, 1/3de pratique accompagnée et 1/3 de formation complémentaire. Ces deuxderniers tiers sont d'autant plus indispensables que beaucoup delauréats, en particulier les candidats libres, n'auront effectué aucunstage avant leur réussite au concours.

Les trois critiques que nous adressions aux « mastersd'enseignement » et qui ont été reprises par le mouvement universitairede l'an dernier restent évidemment inchangées :

puce-32883.gif Ily aurait une masse énorme de « reçus-collés », constituant une « arméede réserve » d'enseignants précaires qui finirait par mettre en causel'existence même des concours. Cette idée d'une « professionnalisationen amont » est particulièrement absurde : dans aucun autre cursus, nien France ni à l'étranger, on ne professionnalise 10 fois plusd'étudiants qu'il n'y a de débouchés possibles dans un secteur.
puce-32883.gif Ces masters d'enseignement ouvriraient la porte à une dénaturation du caractère disciplinaire des concours.
puce-32883.gif Dansde nombreuses disciplines, en particulier en lettres et scienceshumaines, ces masters « professionnels » videraient les actuelsmasters-recherche. La plupart des universités deviendraient alors dessortes de « community colleges », s'arrêtant à la licence et devraientmême renoncer, faute de masters, à préparer l'agrégation.

C'est pourquoi nous défendons les sept revendications suivantes :

1. Il faut garantir le caractère disciplinaire des futurs concoursdu secondaire. Nous appelons l'ensemble des Associations despécialistes et Sociétés savantes à peser de tout leur poids en ce sens.

2. Il faut continuer de refuser les « masters d'enseignement ». Lapolitique de « non-remontée des maquettes » doit donc être maintenue, ycompris contre les instances universitaires concernées (présidence,conseils centraux, « comités de pilotage » ad hoc). Il revient auxdifférentes UFR d'exclure toute collaboration à des masters de ce type,rendant ainsi impossible leur mise en place.

3. Il faudra réaménager les actuels masters-recherche dont le volumehoraire (3 séminaires de 2 heures dans la plupart des cas) est du restetrès insuffisant. Outre ces séminaires, qui doivent être maintenus, ilfaut donc assurer un enseignement complémentaire des fondamentaux de ladiscipline, qui sont loin d'être aujourd'hui maîtrisés par l'ensembledes licenciés. Il faudra enfin hisser ces nouveaux masters au niveau dela « spécialité », ce qui n'est généralement pas le cas en ce moment,de façon à y aménager clairement des parcours distincts en fonction deschoix professionnels des étudiants (doctorat, CAPES, agrégation,éventuellement d'autres orientations). Dans l'immédiat, il convient demettre en place un jeu d'options (davantage de recherche ou davantagede fondamentaux de la discipline) pour garantir au mieux le libre choixpar les étudiants de leur avenir professionnel. Les problèmesbudgétaires liés à ce renforcement des masters peuvent être résolusd'une part grâce au transfert aux UFR de l'intégralité des sommesaujourd'hui alloués aux IUFM pour la préparation des concours, d'autrepart grâce à la forte augmentation du nombre d'étudiants inscrits enmaster et enfin par la mutualisation d'une partie des enseignementsdestinés aux étudiants de master, aux candidats au CAPES et auxcandidats à l'agrégation.

4. La préparation des concours doit se faire en dehors des masters,sur le modèle du dispositif maintenu pour l'agrégation. Dans le cas oùces enseignements seraient partiellement communs, leur évaluationaurait lieu sur des critères différents, comme c'est d'ailleurs déjà lecas dans de nombreuses universités ou à l'ENSLSH de Lyon. Les étudiantsqui voudraient présenter le CAPES en M2 recevraient donc unenseignement en partie spécifique, ne donnant pas lieu à une évaluationuniversitaire (en particulier pour les candidats qui effectueraient desstages dans les établissements scolaires) sur le modèle de ce qui sefait, par exemple, dans le master « Philosophie et sociologie » del'université de Paris I. C'est pourquoi nous nous félicitons de ce queles décrets du 28 juillet garantissent le bénéfice du concours pendantun an. Au cours de cette année supplémentaire, les lauréats desconcours pourront finir (ou éventuellement entreprendre) les étudescorrespondant à la deuxième année de master. Il est d'ailleurs probableque la majorité des étudiants choisiront d'inverser les priorités etpréfèreront obtenir d'abord un master complet avant de se lancer dansla préparation des concours.

5. Pour compenser les frais que suppose le prolongement des étudeset s'il n'est pas possible de rétablir des pré-recrutements sur lemodèle des anciens IPES, il faut augmenter le nombre et le montant desbourses et/ou des allocations (sur critères à la fois académiques etsociaux) dans des proportions très supérieures à ce qui est aujourd'huiprévu.

6. L'année de stage, dont il n'est pas question dans les décrets du28 juillet, doit être aménagée selon le modèle précédemment décrit des« trois tiers ».

7. Les séminaires inclus dans les nouveaux masters disciplinairesdoivent être conçus comme une initiation à la recherche. La rechercheproprement dite doit se mener en troisième cycle. Il faut donc que lesdoctorants puissent suivre, en plus de leur travail de thèse, devéritables « cours de doctorat », donnant lieu à l'attribution decrédits ECTS sur le modèle des cours de PhD aux Etats-Unis, qui estaujourd'hui généralisé dans le monde entier. C'est le seul moyen dedonner la consistance nécessaire au troisième cycle, désormais amputédu DEA, puisque ce niveau D, où se mesure l'excellence universitaireselon tous les critères internationaux, est aujourd'hui devenu une purefiction, en particulier dans le domaine des Lettres et scienceshumaines.

A Paris, le 14 septembre 2009

Contact presse : Pedro Cordoba, tel : 01 48 92 16 28, courriel : pedrocor@club-internet.fr