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Appels à contributions
Flaubert et la confusion des genres (Revue Flaubert)

Flaubert et la confusion des genres (Revue Flaubert)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sandra Glatigny)

Centre Flaubert, université de Rouen

Appel à contributions pour la Revue Flaubert,n° 9, 2009


En ligne sur le site du Centre Flaubert http://flaubert.univ-rouen.fr/revue/

Flaubert : la confusiondes genres

Lors du procès contre Madame Bovary, leprocureur Ernest Pinard conclut ainsi son réquisitoire : « Le genreque M. Flaubert cultive, celui qu'il réalise sans les ménagements del'art, mais avec toutes les ressources de l'art, c'est le genre descriptif, lapeinture réaliste. » Peut-on, comme l'homme de loi, surimposer aux oeuvresde Flaubert une grille préconstruite des genres, sous-genres, formes etregistres ? Les tentatives de classification ne se heurtent-elle pas à la« confusion des genres » entretenue par l'auteur lui-même ?

Dans son « Introduction » aux Oeuvres dejeunesse, Claudine Gothot-Mersch note que « la préoccupation du genrejoue un rôle capital dans l'élaboration » des textes écrits entre neuf etvingt-quatre ans (Bibliothèque de la Pléiade, p. LIV). Tous les genres sonten effet représentés dans les premiers écrits, à l'exception de la poésie. SiFlaubert s'est ensuite consacré à la prose narrative, il n'a jamais renoncé àécrire pour le théâtre. Par ailleurs, il entretient avec les genres unerelation ambiguë, qui fonde en partie son originalité. Comment définir La Tentation de saintAntoine, forme hybride, entre drame,récit, poème en prose ? Ou Salammbô,épopée qui met en scène une guerre inutile ? Ou L'Éducation sentimentale, roman d'apprentissage où le hérosn'apprend rien ? Ou encore Bouvardet Pécuchet, à la fois roman, encyclopédie et farce ?

L'écolier, sous la Monarchie de Juillet, a été formé àla rhétorique classique. Mais le mouvement romantique, dans ses oeuvres commedans ses textes critiques, brouillaient les frontières entre les catégories. Latriade initiée par Aristote était soumise à des remaniements qui la rendaientinopérante. Comment situer Flaubert dans le débat contemporain sur lesgenres ? Au-delà, qu'a retenu la postérité d'une démarche de transgressionqui est aussi refondation générique ?

L'oeuvre de Flaubert semble reposer à la fois sur des empruntsaux « formes simples » répertoriées par André Jolles (Trois contes jouant sur les codes du Mémorableet de la Légende, Salammbô, roman historiquetoujours à la limite du Mythe), et d'une déconstruction des traits génériquestraditionnels. Si Madame Bovary et Salammbôconservent encore les cadres généraux du roman, L'Éducation sentimentale opère ce que Gérard Genette appelle la« déromanisation du roman », avant que Bouvard et Pécuchet, obéissantà une logique répétitive et fragmentaire, ne détruise toute causaliténarrative. Flaubert romancier n'écrit-il pas en « haine du roman »,au sens générique du terme ? Dès lors, comment joue-t-il avec l'horizond'attente des lecteurs ? Quels effets vise-t-il à produire sur un publicqui ne doit pas savoir si l'auteur « se fout de lui ou non » ?

De fait, ce délitement du romanesque provient sansaucun doute de l'époque à laquelle Flaubert écrit. Le fameux « livre surrien » est lié à la modernité poétique. Incapable de faire un vers juste,selon Maxime Du Camp, Flaubert redéfinit, en même temps que Baudelaire,les rapports entre vers et prose. Lyrique refoulé, prosateur aux aspirations depoète, ses partis pris esthétiques l'ont placé dans une position paradoxalemais centrale dans l'histoire littéraire.

Nous vous invitons à nous faire parvenir un projetd'article avant le 31 mars 2009. Après acceptation, les articlesdevront nous être remis au plus tard le 30 septembre 2009. Ilsseront lus par un comité avant leur publication, prévue en décembre 2009.

Les propositions sont à adresser à Sandra Glatigny :sandra-marie.glatigny@ac-rouen.fr

Demande d'informations administratives à YvanLeclerc : Yvan.Leclerc@univ-rouen.fr