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Fin(s) du monde

Fin(s) du monde

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Paris 3, ED120)

La fin du monde reste un motif prégnant de l'imaginairecollectif qui dessine un tableau aux variations infinies en littérature commedans les autres arts. Le feu qui « brûle dedans la glace » de Théophile de Viaufait de l'union des contraires un signe du Jugement Dernier dans la perspectivedes guerres de religions. Au vingtième siècle, parmi d'autres représentationsnon moins spectaculaires, l'annihilation pure et simple de l'humanité estrépétée dans nombre d'ouvrages d'anticipation. D'un bout à l'autre de lachaîne, la fin du monde est une source d'histoires sans cesse renouvelée etcette abondance nous invite à réfléchir au sens de la fin et à sa récurrence.Pourquoi cette orientation messianique ou nihiliste? Les horreurs du vingtièmesiècle semblent marquer une rupture sur laquelle bute l'appréhension de l'homme; l'angoisse – ou l'espérance – liée à la fin lui est bien antérieure et mêmele positivisme triomphant n'a pu totalement l'oblitérer.

Cette vision de l'Histoire – et de l'histoire littéraireen particulier – va dans le sens de la « discontinuité » mise envaleur par Foucault dans L'Archéologie du savoir. Il s'agit finalement,sous une forme radicale, de la reprise d'un choix épistémologique qui favorisela discordance, la rupture : « Sous les grandes continuités de la pensée,sous les manifestations massives et homogènes d'un esprit ou d'une mentalitécollective, sous le devenir têtu d'une science s'acharnant à exister et às'achever dès son commencement, sous la persistance d'un genre, d'une forme,d'une discipline, d'une activité théorique, on cherche maintenant à détecterl'incidence des interruptions. Interruptions dont le statut et la nature sontfort divers. ». Dans cette perspective, la fin est toujours un entre-deux,une frontière. Elle est ouverture alors que la conception téléologique del'Histoire que partagent, d'une certaine manière, Jean de Patmos et Hegel, constitueun achèvement, une clôture.

Au-delà de ses représentations possibles, la fin permetune herméneutique car elle implique unerelecture de ce qui l'a précédée. Qu'elle arrête le sens dans une perspectivetéléologique ou qu'elle se présente comme un seuil choisi arbitrairement, ellemarque un point crucial dans le récit et un choix fondamental de l'auteur. Dèslors, elle est en soi un principe même de lecture. La littérature peut-elledans ce cas se penser en dehors de cette notion de la fin ? Y a-t-il un aprèsde l'oeuvre ?

Cette journée d'étude se propose ainsi d'envisager larécurrence des perspectives eschatologiques de la fin à travers des corpusvariés qui relèvent du domaine littéraire (roman, nouvelle,théâtre, poésie, etc.), cinématographique ou des arts plastiques, sans exclureaucune langue ou aucune époque.

Les propositions decommunications (3000 signes maximum) accompagnées d'une courte présentation del'auteur devront nous parvenir avant le 4 juillet 2011 à l'adressesuivante : colloquefinsdumonde@gmail.com.La journée d'études aura lieu début novembre 2011 à l'Université Sorbonnenouvelle – Paris 3.

Organisateurs : ClaireCornillon, Nadja Djuric, Guido Furci, Louiza Kadari et Pierre Leroux.