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L'imaginaire des styles

L'imaginaire des styles

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Les figures sont considérées comme une forme saillante et particulièrement représentative de l’elocutio rhétorique : objet, depuis l’Antiquité, d’innombrables formalisations, voire d’une "rage taxinomique" (Barthes) qui a pu contribuer à leur désaveu, elles recouvrent la catégorie ambigüe des ornements nécessaires, essentiels, en théorie, à l’art du bien-dire mais ouvrant la voie aux pires corruptions du style. Aussi observe-t-on l’éternel retour, à travers les siècles, d’un débat pour ou contre les figures, et d’une méfiance tenace à leur égard, valorisant en creux l’idéal d’un style nu qui en ferait l’économie. Leur description théorique s’accompagne souvent d’avertissements restrictifs sur leur emploi en discours. Ces scrupules, doutes et censures sur les audaces des figures ne sont pas  l’apanage des rhéteurs de l’Antiquité et de l’Ancien Régime : dans la perspective grammaticale qui caractérise la critique littéraire à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le tour figuré demeure un lieu crucial d’observation et de censure. Les articles réunis par S. Duval et I. Vidotto pour la livraison d'Exercices de rhétorique consacrée aux "Pratiques et censure des figures de rhétorique de l'Antiquité au XXe s." s'attache ainsi à étudier l’évolution des imaginaires du style.

(Illustr.: Walter Krane, Les chevaux de Neptune, 1895, Neue Pinakothek)