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Figures de l’idiot. Littérature, Cinéma, Bande Dessinée

Figures de l’idiot. Littérature, Cinéma, Bande Dessinée

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Cristina Alvares)

Impasse ou handicap de la raison, l’idiotie se situe d’emblée sur le plan des inaptitudes intellectuelles et cognitives. Ça ne pense pas, ne raisonne pas, ne comprend pas, n’apprend pas. Au Moyen Âge, ‘idiota’ est une des désignations que l’Église donne aux illettrés, ceux qui, bornés à leur idiome, n’accèdent pas à la textualité latine. L’idiot est exclu du champ du savoir et de l’espace public, limité à un idiolecte qui resiste à la communication ou la tient à l’intérieur d’une sphère idiossyncratique. Située en marge, la bêtise donne accès à des régions liminaires de la connaissance, en établissant des connexions entre catégories soigneusement séparées par les institutions du savoir et du pouvoir: étranger et autochtone, humain et animal, humain et divin, animé et inanimé, masculin et féminin, vie et mort.

Corps étranger que la rationalité sécrète et n’assimile pas, la sottise non-rapport à la pensée et apparait dans la figure de l’être absent, hébété, abandonné au vide, à la passivité absolue, indifférent, apathique et inerte. Frappé de stupor, l’idiot est l’effet d’un choc que l’a laissé stupéfait, stupéfié, stupide, immergé dans une torpeur qui superpose non-pensée et non-être et qui l’installe au seuil léthargique de la mort en vie. Mais si la stupidité est ce qui reste du néant d’où nous provenons et le signe de notre humiliation original, n’est-elle pas aussi la condition de possibilité d’un authentique et intense rapport à l’être ? (ça ne pense pas, donc ça est) Il y a des saintetés et des génialités qui se fondent de l’idiotie. Quant à la dimension morale de la pauvreté d’esprit, elle apparait associée à l'innocence, à la naiveté et à la bonté, mais aussi au mal, à la cruauté et à la tyrannie.

Radicalement singulier, l’idiot gêne et met mal à l’aise, car dans son ignorance et ineptie il est un inadapté qui n’entre pas ou à peine dans le jeu social; il bloque l’automaton des rationalités, introduit du bruit dans la communication, dérégule la sémantique et destabilise l’ordre des choses. L’effet carnavalesque de l’idiotie en fait une source inépuisable d’humour et sa portée socialement subversive l’investit d’une valeur politique qui s’exprime aussi bien en registre comique que tragique.

Le colloque interroge la façon dont la littérature, le cinéma et la bande dessinée configurent l’idiotie. Que ressources rhétoriques, catégories narratives, figures de l’imaginaires, dynamiques intertextuelles, intermédiales et transfictionnelles sont mobilisées pour mettre en scène l’idiotie? Comment ces arts ont-ils affaire à la stupidité, comment celle-ci les hante? Quel rôle joue la bêtise dans l’imagination et dans la création intellectuelle et artistique?

 

Langues de travail: Portugais, Français, Espagnol, Anglais.

Les communications ne dépassent pas les 20 minutes

Les propositions (300 mots max.) sont à envoyer jusqu’au 5 janvier 2014 à l’adresse suivante: figurasdoidiota@gmail.com

 

Une sélection des communications présentées au colloque fera l’objet d’une publication spécifique.

 

Inscriptions:

 

avec  communication: 75 €; doctorants: 50 €

sans communication : 60 €

 

Organisation: Cristina Álvares, Ana Lúcia Curado, Sérgio Sousa

 

URL de référence: http://cehum.ilch.uminho.pt/figuras-do-idiota