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Nouvelle parution
Figures de l'art - Revue d'Etudes Esthétiques n°14 : La désinvolture de l'art

Figures de l'art - Revue d'Etudes Esthétiques n°14 : La désinvolture de l'art

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Amancio Tenaguillo yCortázar)

Figures de l'art - Revue d'Etudes Esthétiques

Rédacteur : Bernard Lafargue

http://www.marincazaou.fr/esthetique.html

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FIGURES DE L'ART 14 : LA DÉSINVOLTURE DE L'ART, textes réunis par Bernard Lafargue, Publications de l'Université de Pau, 2008

EAN 2353110045

Prix : 29 €

Présentation

Dans la préface à la deuxième édition de La Gaya Scienza, Nietzsche célèbre la venue d'un art “göttlich unbehelligte”. Pierre Klossowski traduit heureusement l'expression par “divinement désinvolte”. Délaissant le grand Minotaure Wagner pour le polichinelle Offenbach, et le public religieux de Bayreuth pour celui, facétieux, des Bouffes Parisiens, Nietzsche nous donne à comprendre que le propre de l'art est de savoir rire de lui-même en nous invitant à savoir rire de nous-mêmes, afin de rendre la vie plus belle. Ce faisant, il retrouve le concept de “sprezzata desinvoltura”, que Castiglione forge au début du XVIe siècle pour qualifier le mode d'être gracieux, fortuné et “juste” du “parfait courtisan”.

À l'image de la peinture, que Léonard vient de délivrer de la case des arts mécaniques pour en faire une “cosa mentale”, un trait d'esprit dans tous les sens du terme, le parfait courtisan est “superficiel par profondeur”. Parfait oxymore, il cache ses gammes en prenant soin de montrer que tout ce qu'il fait est venu sans peine et presque sans y penser; “comme si” c'était un don du ciel ou de la nature. Non pas sur le modèle de la dissimulation, empressée et opportuniste, du Prince de Machiavel, pour lequel la fin (de l'Etat) justifie les moyens les plus ignobles, mais sur celui de la “pansimulation”, nonchalante et intempestive, des artistes renaissants, qui considèrent que les moyens mis en oeuvre (dis)qualifient absolument la fin recherchée (la vie belle).

La juste désinvolture ne se moque des forces mortifères de son temps que pour mieux stimuler ses forces vives. C'est pourquoi elle s'adresse à “tous et à personne”. Le “simple”, le “demi-habile”, et le “mystique”, dont Pascal tire l'échelle d'Il Cortegiano, peuvent bien être éblouis par sa trouble clarté, ils n'y voient que du feu, car ils sont obnubilés par l'esprit de lourdeur. Seul celui qui s'est rendu suffisamment “habile”, et dont le sérieux se moque du sérieux, peut distinguer son “juste milieu” et en jouir. Un ton au-dessus ou au-dessous, et la juste désinvolture vire à l'affectation du cynisme : cynisme par excès de l'Idée qui méprise le monde des apparences au nom d'un “monde vrai”, ou cynisme par défaut de l'apparence qui soumet l'homme au seul règne du divertissement.

C'est à décliner les figures, plus ou moins justes ou divines, de cette désinvolture de l'art, que se consacrent les articles de Jean Arrouye, Christophe Bardin, Dominique Berthet, Marjorie Caveribère, Jean-Baptiste Chantoiseau, Alain Chareyre-Méjan, Dominique Chateau, Jean-Pierre Cometti, Bernard Lafargue, Gérard Lahouati, Claire Lahuerta, Suzanne Liandrat-Guigues, Sandra Métaux, Michel Philippon, Bertrand Prévost, Richard Shusterman, Ronald Shusterman, Hélène Sirven, Evelyne Toussaint, Josette Trépanier, Stéphan Vaquero, Marc Veyrat, Bernard Vouilloux dans ce numéro 14 de Figures de l'art.

Sommaire

- AVANT-PROPOS

Bernard Lafargue (Université de Bordeaux 3)
Désinvolture de l'art et art de la désinvolture  (en ligne)

- LE TEMPS DE LA DÉSINVOLTURE : QUESTIONS DE SPREZZATURA

Sandra Métaux (Universités de Palerme et Pau)
La désinvolture du portrait de Castiglione d'après ses résonances chez le dandy et Rrose Sélavy

Bertrand Prévost (Université d'Aix-Marseille)
L'inflexion: Grâce, Charites, sprezzatura

Jean Arrouye (Université d'Aix-Marseille)
L'Annonciation désinvolte de Carlo Crivelli

Stéphan Vaquero (Université de Paris 10)
"Sprezzatura", "despejo" et "je ne sais quoi" : l'indétermination de la normativité éthique à l'âge classique

Bernard Vouilloux (Université de Bordeaux 3)
L'âge de la désinvolture. Manière artistique et manières sociales

- GÉNIE ET DÉCADENCE DE LA DÉSINVOLTURE

Gérard Lahouati (Université de Pau)
Petite chorégraphie de la désinvolture dans la littérature du XVIIIe siècle

Bernard Lafargue (Université de Bordeaux 3)
Désinvolture de la beauté adhérente et sublime de la beauté vague dans la révolution esthétique kantienne

Richard Shusterman (Université de Floride / USA)
Le génie, un acharnement désinvolte à devenir soi-même

Alain Chareyre-Méjan (Université d'Aix-Marseille)
"Être là comme ça" (Ontologie du laisser-aller)

- FIGURES DE LA DÉSINVOLTURE DE L'ART AUJOURD'HUI


- ENTRE FRIVOLITÉ, LÉGÈRETÉ ET IRONIE


Jean-Baptiste Chantoiseau (Université de Paris 3 Sorbonne)
Le cinéma de Jean Cocteau ? Une esthétique et une éthique de la désinvolture


Michel Philippon (Université de Bordeaux 3)
La désinvolture de Costals: envoûtement et déprise chez Montherlant

Dominique Chateau (Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Autour de Marcel Duchamp filmé : le cinéma désinvolte

Suzanne Liandrat-Guigues (Université de Lille)
Elle marchait comme on rit


- ENTRE MARGE, IDIOTIE ET VIDE


Ronald Shusterman (Université de Montpellier 3)
Désinvolture et agrammaticalité : quelques "maisons témoins" en visite libre

Josette Trépanier (Université Trois Rivières / Québec)
Pas de marge, pas de cahier

Marc Veyrat (Université de Savoie)
coin locker babe i. Pour une forme de désinvolture


- ENTRE DÉTOURNEMENT DE FONDS, PROSTITUTION ET CYNISME


Christophe Bardin (Université de Haute Alsace)
César chez Daum. La désinvolture comme acte de création

Dominique Berthet (Université de Martinique)
Désinvolture et gestes iconoclastes

Claire Lahuerta (Université de Metz)
Alberto Sorbelli. De l'oeuvre dissipée à l'art du sabordage

Claire Lahuerta (Université de Metz)
Entretien avec Alberto Sorbelli

Evelyne Toussaint (Université de Pau)
Par-delà cynisme et servilité. La désinvolture joyeuse et désabusée de Maurizio Cattelan


- LA PHILOSOPHIE DU PITRE N'EST JAMAIS SÛRE


Hélène Sirven (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Du désordre sous les apparences : le loufoque exotique de Lucariello et de Mogarra

Jean-Pierre Cometti (Université d'Aix-Marseille)
"Deconstructing Lucariello"

Marjorie Caveribère (Université d'Aix-Marseille)
Le rouleau de Norvège