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Fictions médiatiques (Paris Ouest)

Fictions médiatiques (Paris Ouest)

Publié le par Marc Escola (Source : Matthieu Letourneux)

« Fictions médiatiques »

Séminaire coorganisé par le PHISTEM (Poétique historique des textes modernes, CSLF, EA 1586) et la LPCM (Association internationale des chercheurs en Littératures populaires et Culture Médiatique)

coordonné par Anne Besson (Université d’Artois) et Matthieu Letourneux (Université Paris Ouest-Nanterre La Défense).

 

Université Paris Ouest-Nanterre La Défense,

vendredi 11 décembre 2015, vendredi 11 mars 2016, vendredi 13 mai 2016

15h-18h, salle L 205

 

Depuis le XIXe siècle, on a vu se multiplier les dispositifs médiatiques. Ceux-ci ont pris une place de plus en plus importante dans l’espace culturel et social, au point d’apparaître au début du XXIe siècle comme le principal mode d’appréhension de la réalité et le vecteur essentiel de consommation des œuvres de fiction. Dans le domaine de la culture populaire, le basculement d’une culture de transmission communautaire (folklore, légendes) à une culture médiatique portant déjà en elle la logique de la culture de masse, ou tout au moins celle des communautés médiatisées, a changé en profondeur la relation aux récits, au point que celle-ci apparaît comme l’une des sources de structuration majeures de l’imaginaire collectif et du discours social. C’est en ce sens que l’articulation entre le médiatique et le fictionnel s’impose tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’étudier les productions sérielles, d’autant que celles-ci tendent à reformuler dans leurs structures narratives ou leurs thèmes les contraintes que fait peser sur elles la reproductibilité technique associée aux médias de masse. C’est cette relation entre fiction et culture médiatique que le séminaire monté en association par la LPCM et le CSLF (équipe PHISTEM) se propose d’examiner en mettant l’accent sur différents niveaux :

D’abord, il apparaît que les contraintes du support de production s’imposent sur les formes des récits, non seulement à travers les modes d’expression qui leur sont associés mais aussi à travers les dynamiques de communication et la matérialité du support elle-même. Chaque nouveau média a altéré la façon de concevoir les fictions, affectant à la fois les structures narratives et les imaginaires des auteurs qui ont choisi d’en exploiter les possibilités.

La multiplication des médias a en outre entraîné la circulation transmédiatique des œuvres et des imaginaires et leur déclinaison dans des modes d’expression différents. Une telle circulation a favorisé la cohésion des imaginaires. Elle a permis le développement de nouvelles logiques transfictionnelles, a imposé des univers de fiction encyclopédiques excédant largement leur actualisation dans la somme des œuvres qui les explorent, et de véritables synergies transmédiatiques. Mais elle a entraîné en parallèle une fragmentation de ces œuvres-architextes, invitant aux appropriations et aux recompositions, et favorisant les logiques de participation communautaires.

Le rythme et la logique des médias ont par ailleurs structuré notre manière d’appréhender la réalité, imposant une relation de la littérature sérielle au monde oscillant en permanence entre des logiques réalistes de représentation (celles d’une relation médiatisée et périodique au monde) et une vraisemblance intertextuelle insistant sur le spectaculaire et l’émerveillement (celle qui accompagne la standardisation des imaginaires sérialisés et l’autonomisation des logiques référentielles).

Enfin les conditions de production des œuvres, marquées par une industrie culturelle et médiatique toujours plus puissante, ont imposé leurs logiques industrielles et commerciales aux œuvres, à leurs formes et à leurs imaginaires, mettant en évidence une articulation profonde entre le développement des fictions sérielles, de la culture médiatique et de la culture de consommation. Favorisant une logique de circulation de plus en plus grande de la fiction entre les formes narratives et les formes mimétiques et ludiques (celles en particulier des produits dérivés, jeux, jouets et biens de consommation courante), ces « fictions médiatiques » sont donc au cœur des phénomènes de « consommation culturelle » sur lesquels on peut aujourd’hui s’interroger en en rappelant les contextes successifs de développement.

Programme:

11 décembre : Ruth Mayer (Université de Hanovre) : “In the Nick of Time? Detective Film Serials, Temporality, and Contingency Management, 1919-1926″

11 mars : Irène Langlet (Université de Limoges) : “Pour une poétique des fictions industrielles”

13 mai : Marie-Eve Thérenty (Université Paul-Valery, Montpellier) : “Chalumeaux, espadrilles de crêpe et escarpins. Dispositifs fictionnels, médiatiques et sériels dans Détective (1928-1940)”