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Fiction et histoire

Fiction et histoire

Publié le par Florian Pennanech (Source : Gisèle Séginger)

Colloque « Fiction et histoire » - 4 et 5 mai 2009

Equipe d'accueil Littératures, Savoirs et Arts – LISAA – EA 41 20

Université Paris-Est

On sait déjà depuis longtemps que la frontière entre fiction et histoire n'est pas absolue. Elle l'est si peu qu'on a parfois cédé – dans une perspective totalement sceptique –  au panfictionalisme : l'histoire ne serait jamais qu'une fiction d'histoire, une reconfiguration des événements toujours subjective, idéologique, politique – et qui en définitive en dirait plus long sur l'historien, sur son époque, sur une idéologie dominante que sur le passé lui-même. En ce sens-là le mot fiction, très dévalorisé, devient synonyme d'illusion voire de mensonge. Le partage entre fiction et savoir n'aurait plus lieu d'être et l'histoire n'aurait aucun titre pour se définir comme science, fût-elle humaine.

Sans céder à cette tentation qui risque d'expulser commodément une science humaine du champ de la connaissance sous prétexte qu'elle ne répond pas aux impératifs de validation propres aux réalités purement matérielles, sous prétexte qu'elle est « humaine » et qu'elle implique le regard d'un sujet historien, sans ignorer non plus que l'opposition stricte entre fiction et histoire ne rend pas compte d'un partage des savoirs qui reconnaît désormais à la fiction dans l'histoire une fonction heuristique et à la fiction romanesque une vérité socio-historique, nous centrerons notre réflexion d'une part sur les procédés de mise en texte ou en image du savoir historique dans les fictions littéraires ou cinématographiques et d'autre part sur les procédés qui relèvent de la fiction romanesque dans les récits des historiens, afin de nous interroger sur la manière de concevoir le rôle de la fiction en elle-même chez les historiens et chez les artistes lorsqu'on renonce au sens banalisé du terme pour retrouver l'un des sens étymologiques du mot : la fictio comme action de façonner. Ce n'est plus alors l'exactitude factuelle des événements dont il est peut-être question mais d'une vérité, d'une pensée de l'historique et du social qui peut impliquer une politique et une éthique et cela aussi bien dans l'historiographie que dans la littérature ou l'art cinématographique. La fictio peut alors être au service d'une représentation de l'invisibilité de l'histoire, de son sens caché, méconnu, dénié, de ses ambiguïtés ou de son indicible. Contre l'histoire officielle, la fictio invente même parfois une contre-histoire en mêlant histoire écrite, mémoire orale, légendes.

Ces réflexions plaident-elles tout à fait en faveur de l'abandon définitif d'une séparation épistémique entre fiction et histoire ? Comment définir – même si l'on perçoit les points de contact – la distinction entre deux modalités du discours sur l'histoire, entre d'une part l'historiographie et d'autre part une écriture de l'histoire littéraire ou cinématographique qui implique différemment le réel et l'imaginaire ? Comment redéfinir le rapport au référent historique des deux modes de représentation afin de distinguer deux formes différentes du rapport au savoir ?

Telles seront les orientations du second volet du programme « Fiction et histoire » co-organisé les 4 et 5 mai 2009 par l'université Adam Mickiewicz de Poznan et le Centre de recherche « Littératures, Savoirs, et Arts » (LISAA) de l'université Paris-Est.

            Contact : gisele.seginger@univ-mlv.fr

            Site : http://www.univ-mlv.fr/lisaa/