Agenda
Événements & colloques
Femmes, éducations et société, à l’aune de l’universalité

Femmes, éducations et société, à l’aune de l’universalité

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Christophe Regina)

 

Si la philosophie des Lumières constitue un réel renouveau de la pensée européenne, il est légitime de se demander si les feux de la connaissance se sont diffusés partout, du sommet vers la base, des hommes vers les femmes et inversement, et au même moment. Penser les Lumières, c’est surtout penser la manière dont elles ont contribué au renouveau de la société moderne, et plus particulièrement, penser de quelle manière le renouveau des savoirs a contribué, ou non, à considérer les sexes. Dans ce vaste mouvement de pensées, quelle place a été accordée aux femmes ? De quelles manières ont-elles été intégrées, pensées, voire même théorisées par les penseurs des Lumières en France ?

Et inversement, en quoi l'éducation des femmes permet-elle d'éclairer des philosophies de l'éducation et une évolution des pratiques éducatives ? Le cours ordinaire des choses a-t-il été bouleversé par les idées neuves en matière de maternité, de sexualité ou bien de place des femmes au sein des familles ? Le colloque propose de questionner en guise de point de départ la réception des Lumières du point de vue des femmes, non seulement en étudiant les auteurs (Poulain de la Barre, Condorcet, Rousseau, Laclos, Marivaux, etc...) qui se sont intéressés à elles, mais surtout, et c’est peut-être la plus important, à la façon dont ils se sont intéressés à ces dernières, révélant par la même les enjeux intellectuels concernant les rapports de genre.  Il faudra également s’intéresser au point de vue des femmes elles-mêmes, non seulement  à celui des intellectuelles comme Madame d’Epinay, Émilie de Châtelet, mais encore à celui des salonnières, telle Mme de Graffigny, Sophie de Condorcet, Germaine de Staël etc. Les femmes des catégories populaires elles-mêmes objets de pensées seront elles aussi réinscrites dans cet élan de la pensée. Entre l’idée et les mots, leur diffusion et leur réception, entre la philosophie et le politique, il s'agira de se demander comment les Lumières ont concouru à réformer ou transformer la place des femmes au sein de la société moderne, tout en croisant des questionnements en lien avec des universels laïques.

Si les Lumières ont indubitablement bouleversé la vie intellectuelle européenne, combattu les préjugés et la superstition, lutté contre l’injustice et le despotisme, et promu les libertés individuelles, force est de constater qu’elles ont été peu avant-gardistes sur la question et le statut des femmes au sein de la société. La question de l’éducation féminine montre avec éclat les limites des Lumières qui, sur ce sujet, ont conforté dans une large mesure une vision naturelle, voire naturalisée, du rôle des femmes, réduisant ces dernières à leurs fonctions maternelles. 

Entre le siècle des Lumières et aujourd'hui, l'accès à l'éducation des femmes a connu un réel progrès, mais l'école est-elle la matrice de l'égalité des chances ? En effet en considérant de près les chiffres du ministère de l'Éducation nationale relatifs aux orientations des filles et des garçons dans le supérieur, des inégalités semblent toujours présentes.

La question de l’égalité hommes/femmes tient aujourd’hui au sein du débat public une place importante même si, dans les faits, il reste encore du chemin à accomplir sur le sujet. L’égalité entre les Hommes est une chose très récente rapportée à l’histoire française et européenne tant il est vrai que jusqu’à la Révolution l’inégalité entre les hommes était consacrée par la société d’ordre dans laquelle chacun devait rester à sa place.

Le processus historique ayant conduit à admettre l’égalité entres les hommes fut donc long et complexe, processus au cours duquel l’idée de mettre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité fut à peine envisagé. Il faut bien avoir à l’esprit que la lutte pour l’égalité des sexes n’est absolument pas une production de nos sociétés contemporaines et que tout au long de l’histoire des défenseurs des talents et mérites des femmes ont dénoncé les inégalités prétendument motivées par la nature même des sexes,  certaines facultés étant associées aux hommes, telle la bravoure, la force, l’ouverture sur l’extérieur et les femmes pour résumer à outrance étaient reléguées à des fonctions reproductives. La fameuse « querelle des femmes », débat intellectuel célèbre qui agita l’Europe du Moyen-âge à l’époque moderne, voire au XXe siècle, vit s’opposer les partisans de l’excellence des femmes à ceux qui leur niaient tout génie. Ce débat alimenté par des stéréotypes et des clichés, trouve encore de nos jours des échos puissants puisque force est d’admettre qu’il y a toujours de façon consciente ou inconsciente des sphères dévolues aux hommes et des sphères dévolues aux femmes, sphères renvoyant aussi bien à celle du travail qu’à la sphère privée, dans lesquelles chaque sexe devrait tenir son rôle.

Le combat pour l’égalité des sexes s’il progresse plus rapidement de nos jours grâce à l’école qui doit en assurer la promotion, grâce à la législation qui tend à lutter contre les discriminations fondées sur le sexe, est loin d’être achevé tant il est vrai que l’intériorisation de cette égalité, qui devrait être évidente, est pourtant loin d’être acquise.

Cela peut s’expliquer par différents facteurs, qu’ils soient culturels, économiques ou sociaux. Une réflexion sur les liens entretenus par l'école et les femmes est essentielle. 

 

Cette réflexion genrée, se fondera sur une double approche, historico-philosophique, pour dégager par le biais de l’histoire et des grands courants de pensées le substrat sur lequel l’éducation féminine a évolué. Les stéréotypes de genre étant toujours particulièrement marqués, une approche soucieuse d’en restituer la genèse semble fondamentale pour envisager des solutions concrètes pour les dépasser. 

L’effet Pygmalion est une réalité à laquelle les formations actuelles semblent porter un intérêt limité. Des réflexions portant également sur les enseignements au primaire et sur  l’apprentissage d’une distribution sexuée consciente ou non des rôles, fera également l’objet d’une réflexion. 

 

Modalités de soumission :

Les propositions doivent être adressées au comité scientifique à l’adresse mail suivante avant le 1 avril : 

christophe.regina@univ-tlse2.fr et patricia.verdeau@free.fr 

 

Les propositions de communication ne doivent pas excéder une page et doivent être accompagnées d’un titre (caractères Garamond, points 12) ;

Nous demandons également aux contributeurs de joindre à leur proposition un bref curriculum vitae précisant leurs champs de recherches et leur affiliation ;

La proposition de communication, ainsi que la notice personnelle, seront envoyées dans un seul et même fichier ;

Le fichier qui sera expédié aux sadresses e-mail indiquées (en format word) sera intitulé de la façon suivante : NOM_Prénom_titre_date de l'envoi.