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Appels à contributions
Femmes d'à côté

Femmes d'à côté

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Sylvie Camet)

Appel à communications

Colloque Université de Lorraine

6 et 7 novembre 2014

Les femmes d’à côté

 

En commençant par reprendre la très célèbre fable de Virginia Woolf imaginant Judith, la « petite sœur de Shakespeare », une jeune fille « qui avait, autant que son frère, le goût de l'aventure, était, comme lui, pleine d'imagination et brûlait du désir de voir le monde tel qu'il était », notre propos consistera à dénoncer les interdits selon le genre : « on ne l'envoya pas étudier en classe. (…) De temps à autre elle attrapait un livre, un des livres de son frère, peut-être, lisait quelques pages. Mais arrivaient alors ses parents qui lui disaient de raccommoder les chaussettes ou de surveiller le ragoût et de ne pas perdre son temps avec des livres et des papiers ». Une chambre à soi pose clairement les conditions, affirmant l’acuité de l’intelligence et du talent de la jeune sœur : « [Judith] avait l'imagination la plus vive, le même don que [William] pour la musique des mots. Comme lui, elle avait du goût pour le théâtre ». Cependant, en butte aux échecs successifs, aux rebuffades, à la répréhension générale,  « elle se tua par une nuit d'hiver et repose à quelque croisement où les omnibus s'arrêtent à présent, devant l'Elephant and Castle ».

Virginia Woolf n’attire pas simplement l’attention sur le suicide particulier d’une fille douée mais sur l’effort collectif entrepris pour détruire la créativité des femmes. Notre idée consistera donc à étudier les sœurs, les filles, les épouses de l’ombre, comment elles ont vécu leur éclipse par un frère, un père, un mari à la célébrité écrasante, une célébrité qu’elles ont parfois contribué à construire, cela au détriment de leur propre avènement.

Ces conditions sont faciles à illustrer jusqu’à la première moitié du XXe siècle, où quantité de sœurs ont sacrifié leur désir de produire à la réalisation fraternelle (Eugénie de Guérin, Alice James…), quantité de filles s’en sont tenues à une secondarité de bon aloi (Judith Gautier, Martha Fontane… ), quantité de femmes ont laissé la préséance à l’époux (Clara Malraux, Zelda Fitzgerald…). Cependant, la seconde moitié du vingtième siècle et le vingt et unième siècle même obligent à penser ces critères autrement. D’une part, le patronyme est devenu une marque qui s’exploite commercialement : les filles peuvent accéder à une forme de reconnaissance publique qui ne signifie pas que l’on encourage leur capacité artistique mais que l’on exploite notamment leur paraître comme image satisfaisante du groupe (Hemingway…), d’autre part, la ségrégation ne s’opère plus selon la dichotomie produire / ne pas produire, mais plutôt selon celle qui oppose sérieux / léger, réflexif / divertissant.

Appelant à des contributions portant sur les femmes au sein du groupe familial, l’approche passe par les études féministes, les études culturelles, la sociologie, l’histoire, la psychanalyse, la littérature et les arts évidemment.

Les communications s’appuieront sur les axes suivants :

·      Fille, sœur, épouse : les impensés de l’éducation ou comment la cession de soi se pare du beau nom d’altruisme (ex : Lucile de Chateaubriand)

·      Fille, sœur, épouse : les barrières matérielles à la création, de la loi à la préférence rationnelle (ex : Camille Claudel)

·      Fille, sœur, épouse : une œuvre dévaluée (ex : Anna Freud)

·      Fille, sœur, épouse : l’encouragement médiatique à une valeur ornementale (ex : Sophie Auster)

·      Fille, sœur, épouse : l’instrumentalisation du nom (ex : Paloma Picasso)

·      Fille, sœur, épouse : une prise de pouvoir par des femmes dans le dédain des femmes (ex : Yingluck Shinawatra en Thaïlande, Thaksin, son frère, dit d’elle : « Yingluck, c’est mon clone »)

 

Comité scientifique :

Sylvie Camet, Professeure à l’Université de Lorraine

Christian Chelebourg, Professeur à l’Université de Lorraine

Christine Planté, Professeure à l’Université de Lyon 2

Matthieu Rémy, Maître de conférences à l’Université de Lorraine

Maïr Verthuy, Professeure à Concordia University, Montréal, Québec

 

Comité d’organisation :

Sylvie Camet

Christian Chelebourg

Isabelle Villermain-Lécolier

 

Modalités de participation

Les propositions, titre, résumé en dix lignes, présentation biographique succincte, doivent être transmises à l’adresse suivante :

femmesdacote@gmail.com avant le 30 avril 2014.