Essai
Nouvelle parution
F.-E. Boucher, Les Révélations humaines. Mort, sexualité et salut au tournant des Lumières

F.-E. Boucher, Les Révélations humaines. Mort, sexualité et salut au tournant des Lumières

Publié le par Camille Esmein (Source : François-Emmanuël Boucher)

François-Emmanuël Boucher, Les Révélations humaines. Mort, sexualité et salut au tournant des Lumières.
Berne, Berlin, Bruxelles, Francfort, New York, Oxford et Vienne, Peter Lang, 2005, 281 p.

Des Lumières aux romantiques, plusieurs écrivains ont transformé le christianisme en une religion du salut temporel. Qu'il s'agisse, dans leurs écrits, d'une volonté de le détruire (Voltaire, Helvétius, d'Holbach, etc.) ou de le dépasser (Leroux, Lamennais, Hugo, etc.), tous se réfèrent à ses dogmes comme paradigme argumentatif à partir duquel ils suggèrent une nouvelle explication du monde et proposent une transformation de la société. Le but de cet essai est d'effectuer une nouvelle analyse de cette période qui s'étend sur environ un siècle (1750 à 1848). Je stipule, pour hypothèse de départ, qu'avant 1789, les philosophes des Lumières n'ont jamais entrepris de véritable déchristianisation et qu'au tournant du siècle, les écrivains ne sont pas, non plus, retournés au christianisme. Loin de croire que l'argumentation se transforme d'une manière radicale dans cette période qui précède et qui suit la Révolution française, mon but est de démontrer qu'une même volonté d'améliorer les conditions terrestres de l'être humain se manifeste de façon comparable dans les différents discours. La pensée de ces auteurs témoigne en effet d'une nouvelle sacralisation dont la finalité est désormais temporelle : le mal, retrouve-t-on dans leurs écrits, n'est pas nécessaire, mais surtout, il est possible de l'abolir par des transformations sociales. Ce désir d'un monde meilleur est ce que la religion chrétienne lègue de plus important aux penseurs de cette période. Il découle de cette manière d'appréhender l'existence que la modernité se définirait moins par la fin que par l'héritage du christianisme ou, pour tout dire, par son humanisation.