Questions de société
Évaluation: ce qui attend les universités (site Educpros.fr)

Évaluation: ce qui attend les universités (site Educpros.fr)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur le site Educpros.fr:

Evaluation : ce qui attend les universités

Unan après son installation, l'AERES (agence d'évaluation de la rechercheet de l'enseignement supérieur) vient de dresser son premier bilan. Lesrésultats de l'évaluation de 30 universités et 72 écoles doctorales dela vague B ont été rendus publics. Ceux des 670 unités de recherche dela vague C et des 500 licences et masters de la vague B seront en ligneen juillet. Au-delà des évaluations « intégrées » des formations, de larecherche et de la gouvernance des établissements, l'AERES travaillesur de nouveaux outils de pilotage et entend rénover les procéduresd'évaluation.

Plutôt satisfait sur la quantité derapports produits en peu de mois, le président de l'AERES pense pouvoiraméliorer la qualité des évaluations à venir. Certains rapports del'AERES ressemblent encore beaucoup à ceux du défunt CNE par leurtiédeur. Une critique que Jean-François Dhainaut ne réfute pas,reconnaissant que les rapports restent « président-dépendant »...selonque les présidents d'université jouent la transparence lors desévaluations ou qu'ils manient plus volontiers la langue de bois. Autrelacune, de jeunesse, cette fois : pour l'évaluation des établissementsde la vague B, l'agence se retranche derrière un manque d'indicateurssur lesquels elle avait peu de prise, les documents d'évaluation ayantdéjà été demandés par le ministère.

Former les évaluateurs, harmoniser la méthodologie des visites

« Avec la vague B, on a appris en marchant. Nous devons avancer versdes rapports qui disent clairement les choses et de façon documentée.On peut être parfaitement clair si on est parfaitement objectif. Nosévaluateurs doivent évoluer aussi. Il est indispensable d'harmoniserles méthodologies de nos comités de visite», a reconnu Jean-FrançoisDhainaut. Résultat, les 500 licences et masters évalués ne ferontl'objet que d'un rapport de synthèse par université et non d'unenotation par diplôme pour leur mise en ligne en juillet. Seuls lesprésidents d'université et la DGES l'ont reçue. En revanche les notesseront détaillées par unité de recherche. Les laboratoires serontprésentés par académie. Pour une présentation par discipline, il faudraattendre que les quatre vagues d'établissements soient passées entreles mains des évaluateurs.

Dans l'attente des critères sur l'allocation des moyens

Les outils sur lesquels l'agence travaille changeront sans doute levisage de l'évaluation jusque là pratiquée en France, alors que lesaides à la décision dans les universités sont quasiment inexistantes.Le président de l'AERES se pose en accompagnateur des universités dansleur apprentissage de l'autonomie et compte leur fournir notamment dessortes de tableaux de bord. Reste à savoir quels seront les indicateursretenus. Pour les définir il manque une inconnue de taille : la partdu financement des universités sur la performance. La DGES a déjà lescritères sur l'allocation des moyens rendus par les sénateurs. Ceux desdéputés de la MEC (mission d'évaluation et de contrôle) devraient êtreconnus autour du 19-20 juin 2008. « La DGES nous a envoyé un listingdes items qu'il lui paraissait important mais ce ne sont pas encore desindicateurs. Pour l'instant cette liste exhaustive doit être limitéepour aboutir à un tableau de bord », estime Jean-François Dhainaut.« De ces indicateurs dépendront les financements aux universités».

Pour le président de l'agence, le critère de la performance le plusfiable serait non pas l'insertion professionnelle brute ni le salaire(pour les universités) mais le niveau de l'insertion professionnelledes diplômés. « Devenir chef de rayon à Décathlon après huit ansd'études ne peut pas être considéré comme une insertion professionnelleperformante », illustre-t-il.

Un mapping plutôt qu'un ranking des universités françaises

Autre chantier en cours à l'Agence avec la DEPP (direction del'évaluation , de la prospective et de la performance) du ministère del'Education et l'OST (observatoire des sciences et des techniques), lamise en place pour l'année prochaine de baromètres sur le patrimoine,la gestion, la gouvernance, la vie étudiante, les relationsinternationales…dans des catégories d'établissements comparables. « Ilest important que les universités et les grandes écoles puissent secomparer, mais il ne sert à rien de comparer Dauphine et Brest. On faitdes typologies d'établissements en tenant compte de leur masse (nombred'étudiants, d'enseignants, d'unités de recherche…). Chaque universitépourra voir parmi les dix universités qui lui ressemblent où se situesa recherche, son insertion professionnelle, ses relationsinternationales…On croisera aussi ces données en fonction de laspécialité disciplinaire ».

De quoi amorcer - selon l'idée lancée par Valérie Pécresse – laconstruction d'un palmarès européen des universités prenant en compteles spécificités des établissements. Un contre-modèle du classement deShangaï fondé sur une liste d'établissements où priment les critères derecherche. Plutôt qu'un ranking, le choix des indicateurs retenuspermettrait de dresser une cartographie - ou mapping - desétablissements de même type. Une méthodologie inspirée de celle ducentre de recherche allemand, le CHE (Centrum fürHochschulentwicklung). Il travaille à un classement européen sur lacommande de la Commission européenne.

L'évaluation des enseignements par les étudiants

Enfin, inspiré par les modèles des agences d'évaluation àl'étranger, Jean-François Dhainaut veut faire davantage participer lesétudiants sur l'évaluation des enseignements. « La participation desétudiants à l'évaluation est fondamentale. Les étudiants ne peuventjuger le fond des enseignements­ - qui relève de l'évaluation par lespairs voire d'une auto-évaluation - mais ils sont les mieux à même dejuger de leur forme». Le président de l'AERES veut développer un poold'une centaine d'étudiants d'ici à deux ans, comprenant une vingtained'étudiants étrangers francophones. En France, l'évaluation desenseignements n'en est qu'à ses débuts. Sur les 30 universitésexpertisées pour la vague B, 5 ont des points très faibles dans cedomaine et une seule sort du lot…

Une cellule vie étudiante à l'AERES

Actuellement,une trentaine d'étudiants –souvent vice-présidents étudiants -participent déjà aux comités de visite de l'AERES dans lesétablissements. Leur avis devrait davantage peser. Une cellule vieétudiante sera mise en place à la rentrée avec une cinquantaine voireune centaine d'étudiants d'ici deux ans. Le recrutement devrait sefaire dans les universités - plutôt en master -, mais aussi dans lesécoles de commerce et d'ingénieurs. L'objectif est de rédiger un guidepour l'évaluation des enseignements devant servir de base commune auxuniversités et aux grandes écoles. A l'instar de ses 75 déléguésscientifiques animant les sections « formations » et « recherche », unou deux étudiants « permanents» de l'AERES seraient en outre chargésd'animer ce pool. Des formations sur la vie étudiante, l'évaluation desenseignements, le suivi social des étudiants sont envisagées. Une étudesur les pratiques dans les agences à l'étranger doit aussi êtreréalisée. Ces animateurs travailleraient deux jours par semaine pourl'AERES. Une des animatrices, déjà recrutée, commencera à partir deseptembre 2008. « Les compétences acquises par ces étudiants à l'AERESpourraient être validées dans le cadre de leur cursus parl'université», estime Jean-François Dhainaut.

Fabienne Guimont

17.06.08