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Études littéraires, vol. 40, no 1 (hiver 2009) - La nouvelle revue française : La banque centrale de la République des Lettres a cent ans

Études littéraires, vol. 40, no 1 (hiver 2009) - La nouvelle revue française : La banque centrale de la République des Lettres a cent ans

Publié le par Gabriel Marcoux-Chabot (Source : Érudit)

Fondée en 1968, Études littéraires est larevue du Département des littératures de l'Université Laval. Ellepublie, en français, des « dossiers » et des « analyses » portantprincipalement sur les littératures d'expression française mais aussisur les autres littératures, surtout dans une perspective comparatiste.D'orientation théorique et critique, Études littérairesvise à faire état de la recherche actuelle dans la discipline desétudes littéraires en s'intéressant à des questions et des corpusvariés, tant génériques, qu'historiques et thématiques. La revuepublie également une section « débats » autour d'ouvrages de critiqueet de théorie récemment publiés.

Directrice : Anne-Marie Fortier

Éditeur : Département des littératures de l'Université Laval

Diffusion électronique: Erudit.

ISSN : 0014-214X (imprimé) 1708-9069 (numérique)

http://www.etudes-litteraires.ulaval.ca/

Vol. 40, no 1 (hiver 2009) - La nouvelle revue française : La banque centrale de la République des Lettres a cent ans
sous la direction de Anna Boschetti

http://www.erudit.org/revue/etudlitt/2009/v40/n1/index.html

Anna Boschetti
Présentation

Maaike Koffeman
La naissance d'un mythe. La nouvelle revue française dans le champ littéraire de la Belle Époque
À l'heure du centenaire de La NRF,Maaike Koffeman retourne aux origines de cette revue légendaire pourmontrer comment elle a, dès le départ, posé les fondements de sonhégémonie ultérieure. La qualité des textes publiés ne suffit pas àexpliquer cette réussite : il faut également prendre en comptel'organisation matérielle de la revue et de sa maison d'édition. Lescorrespondances des rédacteurs montrent qu'ils ont employé toutessortes de stratégies pour acquérir du capital symbolique et obtenir uneposition dominante dans le champ littéraire. Une étude systématique destextes publiés dans la revue, combinée avec une analyse sociologique deson fonctionnement, permet de mieux comprendre comment La NRF a pu devenir « la rose des vents de la littérature française » (François Mauriac).

Michael Einfalt
« … penser et créer avec désintéressement » – La nouvelle revue française sous la direction de Jacques Rivière
La Première Guerre mondiale a gravement mis en cause la notion d'une littérature désintéressée, et même au sein de La NRF ce programme est désormais contesté. La reprise de La NRFaprès la guerre s'effectue donc sous le signe d'un double défi :réaffirmer les principes fondateurs de la revue et défendre l'autonomielittéraire contre les tendances hétéronomes à l'intérieur du champlittéraire. Le conflit interne peut être résolu par une séparation dedeux champs d'activité, la création littéraire d'une part etl'intervention intellectuelle de l'autre, toutes les deux soumises auprincipe du désintéressement. Les débats externes pour la reconquête del'autonomie littéraire, en revanche, sont multiples et confrontent La NRFaussi bien avec l'avant-garde littéraire de dada et du surréalismequ'avec des tendances nationalistes. La plus grande menace pour La NRF sera finalement une contestation catholique à l'occasion de la mort deJacques Rivière et en réaction aux écrits autobiographiques d'AndréGide.

Sophie Levie
Jean Paulhan, rédacteur en chef de La nouvelle revue française de 1925 à 1930
Cet article décrit comment Paulhan, en cultivant soigneusement lecercle de ses correspondants, crée un grand réseau d'écrivains etd'intellectuels qui lui permet, dans un laps de temps qui va de 1925 àla Seconde Guerre mondiale, de faire de La NRF la revue littéraire la plus autorisée de France.

Martyn Cornick
Une institution française : La nouvelle revue française de Jean Paulhan
Aujourd'hui La NRFest reconnue pour avoir constitué l'un des plus grands phénomènesculturels de la France moderne. Au sortir de la guerre de 1914-1918, larevue fondée en 1908-1909 par André Gide et ses amis est déjà en voied'institutionnalisation. Dans cette contribution, on va tenter uneanalyse du rôle de Jean Paulhan dans le remarquable succès de cetterevue entre 1925 et 1940. D'abord, on voit par quels chemins Paulhanarrive à la revue pour y apporter l'influence d'une nouvelle générationd'écrivains d'avant-garde. Ensuite, on va explorer comment Paulhantravaille à la consolidation du succès de la revue, et dans un derniertemps, on va découvrir comment le directeur de La NRF affronte les défis idéologiques des années précédant à l'éclatement de la guerre en 1939.

Gisèle Sapiro
Un héritage symbolique détourné ? La nouvelle revue française des années noires
La reparution de La nouvelle revue française sous l'Occupation allemande en France pose la question à la fois théorique et pratique de la continuité des institutions. La NRF de Drieu La Rochelle est-elle La NRF ?Ou s'agit-il d'une usurpation, comme le donne à penser le départ de sonancien directeur, Jean Paulhan, et des membres fondateurs ? Ce problèmedivise d'emblée l'équipe des anciens collaborateurs. Leurs hésitations,leurs choix, révèlent le processus de réajustement des stratégies dansles nouvelles conditions de production, caractérisées par la perted'autonomie du champ littéraire. La ligne adoptée par la revue poseaussi la question de savoir si l'art pur est possible sousl'oppression. Le déclin de La NRF etson discrédit vont durablement contribuer à la délégitimation del'option de l'art pour l'art dans le champ littéraire français.

ANALYSES

Christophe Wall-Romana
Une source du verset moderne : le cinéma muet
Si le verset s'est renouvelé dans le sillage du symbolisme, c'estpeut-être en partie à cause du cinéma. En effet, à l'époque du muet,une nouvelle forme textuelle fait son apparition, l'intertitre, quiressemble le plus souvent à un verset. Or, il n'y a aucun doute que lespoètes ont prêté une grande attention au cinéma et, qui plus est, aunouveau dispositif à la fois textuel et visuel de l'intertitre. Sanschercher à établir un lien direct, nous tentons de resserrer leséchanges « transmédiaux » allant du cinéma à une écriture très prochedu verset chez bon nombre de poètes, cinépoètes, et théoriciens desannées 1910 aux années 1930 (Apollinaire, Desnos, Artaud, Dermée,Berge, Epstein) ou même chez des poètes récents (Pittolo).

Noémi Doyon
Sujet précaire et quête de liberté : analyse de sept chansons de Quatre saisons dans le désordre de Daniel Bélanger
Cette étude du lyrisme et de ses procédés énonciatifs dans les chansons de Quatre saisons dans le désordre(1996) vise à montrer en quoi les sujets marginaux dans les récits quefait Daniel Bélanger sont confrontés à un désir d'émancipation entravépar un désir contradictoire de repli sur soi. Suivant la définition de« l'énoncé lyrique » formulée par Karlheinz Stierle (1977), l'articlese penche sur les trajectoires du sujet isolé, notamment à traversl'analyse du rapport conflictuel au corps et de la thématiqueamoureuse, ainsi que l'étude du caractère transgressif du discours del'auteur-compositeur-interprète.