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Étude génétique de l’œuvre dramatique de Jean-Luc Lagarce (contrat doctoral)

Étude génétique de l’œuvre dramatique de Jean-Luc Lagarce (contrat doctoral)

Publié le par Julia Peslier

Contrat doctoral

 

Titre                            Étude génétique de l’œuvre dramatique de Jean-Luc Lagarce

Spécialité                      Langues et Littératures française et comparée

Ecole Doctorale             Langages, Espaces, Temps, Sociétés

Directeur de thèse           M. Pascal LECROART

Contact                                    pascal.lecroart@univ-fcomte.fr

Unité de recherche           MSHE Ledoux (Maison des Sciences de l'Homme et de l'Environnement) USR 3124

Résumé     Ce contrat doctoral propose un projet scientifique d’envergure que la numérisation et la valorisation des archives réalisées dans le cadre du projet FANUM (http://fanum.univ-fcomte.fr/) porté par la MSHE Claude-Nicolas Ledoux (USR 3124) permettront de mener sur l’œuvre de Jean-Luc Lagarce (1957-1994). Né à Héricourt, d’abord reconnu localement et nationalement comme acteur et metteur en scène, il est devenu, après sa mort, le dramaturge français de sa génération le plus joué en France et dans le monde. Inscrit en 9e section (lettres modernes), le contrat offre des ouvertures vers les arts du spectacle (18e section), les sciences du langage (7e section) et les nouvelles technologies développées au sein des Sciences de l’information et de la communication (71e section).

Si la critique génétique est aujourd’hui devenue « une approche majeure de la littérature », pour reprendre les termes d’Almuth Grésillon, un des fondateurs de la discipline, la question des « genèses théâtrales » n’a été abordée que beaucoup plus récemment : il a fallu attendre 2005 pour que la revue Genesis, dans son 26e numéro, aborde le théâtre, posant les principes épistémologiques d’une étude génétique du théâtre entendue d’emblée dans le rapport dialectique et dynamique d’une genèse du texte dramatique d’un côté – relevant plutôt des études littéraires –, et d’une genèse scénique de l’autre – relevant des arts du spectacle –, l’une et l’autre agissant réciproquement pour parvenir à la constitution de l’œuvre théâtrale, toujours mouvante tant que vivante. En 2010, sous la direction d’A. Grésillon, M.-M. Mervant-Roux et D. Budor a paru le volume Genèses théâtrales, aux éditions du CNRS, dont l’introduction propose une approche épistémologique interdisciplinaire, avant de laisser la parole aux créateurs et aux chercheurs à travers un éventail d’études permettant d’appréhender les œuvres d’auteurs encore proches de nous comme Marguerite Duras, Samuel Beckett, Heiner Müller ou Michel Vinaver, le plus souvent autour d’une réalisation précise. Les recherches systématiques sont encore pratiquement inexistantes.

Or, l’œuvre dramatique de Jean-Luc Lagarce offre un support d’étude remarquable. On dispose en effet d’esquisses et de brouillons préparatoires avant différents états de rédaction. De plus, Lagarce, homme de théâtre, a conçu, pour plusieurs de ses pièces, des projets de réalisations scéniques ou des mises en scène complètes qui l’ont amené à revoir ses textes, à moins qu’il n’ait participé, comme acteur, à des représentations de ses propres œuvres confiées à d’autres metteurs en scène. En dehors de ces réalisations, Lagarce a également travaillé à des adaptations en vue de lectures radiophoniques. Par ailleurs, plusieurs de ses œuvres, inédites et/ou non réalisées sur scène, ont connu des réécritures à plusieurs années d’intervalle ou constitué des réseaux de réécritures : ainsi L’Exercice de la raison, qui connaît déjà plusieurs versions entre 1983 et 1986, est-il devenu Les Prétendants en 1989, tandis que sa dernière pièce, Le Pays lointain, de 1995, se nourrit de Juste la fin du monde écrit en 1990 et resté alors inédit.

Les archives laissées à sa mort par Lagarce, et occasionnellement complétées par des projets d’adaptations ou de mises en scène posthumes, constituent donc un ensemble de premier plan aussi bien en ce qui concerne les textes dramatiques que les réalisations scéniques projetées ou réalisées. Déposées à l’IMEC, à l’Abbaye d’Ardenne, en Normandie, elles ont fait l’objet d’un classement sous forme de dossiers consultables sur place. La numérisation de ces archives à l’Université de Franche-Comté, réalisable grâce à la plate-forme technologique de la MSHE, dans le cadre du projet FANUM, va permettre une exploitation scientifique beaucoup plus facile et un classement plus rigoureux, complétés par l’apport de fichiers informatiques jusque-là ignorés et par l’usage de nouveaux outils d’interrogation des textes développés localement.

L’enjeu principal de la thèse sera donc de conduire une étude génétique du théâtre de Jean-Luc Lagarce en tirant parti de tous les documents réunis. Il reviendra au doctorant, pour une partie de son travail préparatoire, de suivre le travail de numérisation et d’affiner le classement précédemment opéré sur les archives papiers afin de donner toute sa pertinence au nouveau support de consultation numérique expérimenté. Sans négliger les évolutions ou les singularités, la thèse devra analyser toutes les étapes de conception des œuvres, affiner l’approche des réengendrements et des réécritures, et dégager certaines constantes de l’activité du dramaturge en lien avec les réalisations scéniques projetées ou réalisées. L’outil informatique, à partir des fichiers numériques disponibles, complétés par une océrisation programmée des autres textes, permettra une modélisation des pratiques d’écriture de Lagarce, rendant ainsi visible son activité de créateur. Ce travail offrira ainsi, sur une œuvre contemporaine, des modalités d’études réservées aujourd’hui le plus souvent à des œuvres du passé. La thèse est donc appelée à constituer, sur le domaine théâtral, un travail fondateur dans l’approche dialectique du rapport entre l’écriture dramatique et la scène, projetée ou réelle, radiophonique ou théâtrale. En ce sens, elle devra offrir des avancées méthodologiques et théoriques au sein d’une approche scientifique encore toute récente.

À terme le travail permettra le développement de FANUM en donnant accès à des modules d’approche inédits des documents, au-delà de leur seule consultation, et accroîtra le rayonnement d’un projet porté par l’UFC et déjà reconnu comme partenaire dans le cadre des Consortiums ArcMC et Cahier.

 

Début de la thèse : 1 octobre 2015

Date limite de candidature : 15 juin 2015 (voir http://ecole-doctorale-lets.univ-fcomte.fr/)

Date de mise à jour du sujet : 9 février 2015