Etienne Balibar, "Le théâtre, un lieu commun ?"
Samedi 2 avril 2011 à 17h30
Il appartient par nature au théâtre de faire entendre la voix en un point déterminé de l'espace, dont la fiction, marquée comme telle, oblige par contrecoup le spectateur à réfléchir sa propre situation. C'est du moins ce qu'en 1962 Louis Althusser avait proposé dans une exégèse demeurée fameuse du spectacle de Giorgio Strehler, El Nost Milan de Bertolazzi, confronté à la « distanciation » brechtienne. Partant de cette référence et de quelques autres, il s'agira de remettre en discussion ce qui, grâce à la scène, aux voix, au jeu des acteurs, fait du théâtre un dispositif nécessaire pour la pensée critique.
Étienne Balibar est professeur émérite de l'Université Paris X – Nanterre où il enseignait la philosophie politique et morale jusqu'en 2002. Il est également Distinguished Professor of Humanities et professeur affilié au département d'anthropologie à l'Université de Californie à Irvine, aux États-Unis. Inspirée de Marx, de Spinoza et de son maître Louis Althusser, sa pensée n'a eu cesse d'enjamber les arènes, entre l'université et l'univers de la cité, pour lutter contre toute forme de clôture, intellectuelle et politique. Père de l'actrice Jeanne Balibar, il développe dans ses derniers écrits l'idée d'une scène démocratique sans exclusion, basée sur la « co-citoyenneté ». Parmi ses publications : Lire le Capital (en collaboration avec L. Althusser, P. Macherey, J. Rancière, R. Establet), PUF 1965 ; La crainte des masses. Politique et philosophie avant et après Marx, Galilée 1997 ; Nous, citoyens d'Europe ? Les frontières, l'Etat, le peuple, La Découverte 2001 ; Très loin et tout près. Petite conférence sur la frontière (Centre Dramatique National de Montreuil), Bayard 2007 ; La proposition de l'égaliberté. Essais politiques 1989-2009, PUF, 2010.
Rencontres philosophiques de Gennevilliers [2010 – 2011] Penser la scène / les scènes de la pensée
Emmanuel Alloa invite quatre philosophes pour un dialogue sur leur rapport à la scène. Avec la complicité du public et dans l'esprit d'un échange véritable, il s'agit de réfléchir aujourd'hui sur les lieux où se façonne du commun, sur les scènes de l'évidence où émerge ce qui ne va pourtant pas de soi. Interroger, en somme, comment le théâtre peut être un laboratoire de formes encore à venir et se faire l'arène, virtuelle, de ce qui ne requiert pas nécessairement un passage à l'acte