De toutes les sciences sociales, l’ethnologie est sans doute celle qui a le plus « à voir » avec la littérature, pour des raisons historiques – en s’assignant pour objet l’homme et ce qu’on appelait autrefois les « moeurs », elle hérite de traditions littéraires constituées – et pour des raisons pratiques – dire une réalité qui se donne d’abord comme étrangère suppose des techniques d’écriture particulières, un recours à la description et à la narration. La revue d’anthropologie L’Homme vient de consacrer un volumineux numéro à la question des rapports entre ethnologie et fiction, proposant un ensemble très varié de contributions qui s’attachent à situer la singularité de l’écriture ethnographique face à ses « autres » que sont la littérature et la fiction. Le dernier volume publié par la Société des études euro-asiatiques dans la collection Eurasie réunit, quant à lui, sous la direction d’Yves Vadé et Christian Pelras, les actes d’un colloque qui s’était tenu en 2003 au Musée de l’homme, et intitulé Ethnologie et littérature. Par ailleurs, le site Michel Leiris lance les Carnets Leiris, bulletin annuel consacré à cet auteur exemplaire des échanges entre ethnologie et littérature au XXe siècle.