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Espaces urbains et périurbains dans le récit contemporain (1980-2010)

Espaces urbains et périurbains dans le récit contemporain (1980-2010)

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : Annalisa Bertoni)

Colloque international "Espaces urbains et périurbains dans le récit contemporain (1980-2010)"

Université de Limoges, 1er et 2 décembre 2011

 

Ce colloque, organisé par l'EA EHIC (Espaces Humains et Interactions Culturelles) de l'Université de Limoges en collaboration avec l’Université de Rome La Sapienza, vise à réunir des spécialistes de littérature française et italienne autour de la question de la représentation des espaces urbains et périurbains dans le récit contemporain.

En France comme en Italie, la littérature en prose des trente dernières années témoigne d’une attention croissante à la représentation du milieu urbain. Villes et métropoles contemporaines servent de cadre à l’action dans plusieurs récits de fiction relevant de genres différents, du polar à l’autofiction. Il suffit d’évoquer pour la France les oeuvres de Didier Daeninckx, Jean-Claude Izzo, Patrick Modiano, Daniel Pennac ou Jean Echenoz. En Italie, on pense à l’oeuvre d’auteurs comme Giancarlo De Cataldo, Carlo Lucarelli, Marcello Fois, Antonio Tabucchi, Sandro Veronesi, Elena Ferrante, Giuseppe Genna, Vitaliano Trevisan, Simona Vinci et, plus récemment, Valeria Parrella, Nicola Lagioia ou Giorgio Vasta. D’autres nombreux récits visent plus précisément à « écrire la ville » et interrogent l’espace urbain en tant que lieu de manifestation, de construction e parfois de déconstruction de la relation de l’homme au monde. Le réel urbain, mis en texte dans ses diverses manifestations au quotidien, constitue le véritable sujet de ces récits contemporains, dont la démarche d’investigation et d’inventaire apparaît proche des pratiques d’enquête et de relevé propres à l’anthropologie, à l’ethnographie ou à la sociologie. Dans les récits urbains de François Maspero, Annie Ernaux, François Bon, Jean Rolin, Bruce Bégout, Gianni Celati, Giulio Mozzi et Dario Voltolini, Antonio Pascale et Tommaso Pincio l’écriture parcourt le paysage urbain privilégiant la représentation des lieux publics et de transit (gares, hôtels, parkings, anneaux périphériques, routes et autoroutes, ports, grandes surfaces), des marges (banlieues et zones industrielles), des aires désaffectées, des ruines architecturales et des friches industrielles. Espaces de transition à décrypter, en perpétuel devenir, ces lieux et non-lieux urbains et périurbains portent la trace des transformations survenues dans la société contemporaine et constituent le point de départ d’une interrogation du présent indissociable du passé, faisant appel aux notions d’identité, d’héritage et de mémoire, souvent évoquées ex negativo en termes de perte ou de crise. Ecrire l’espace revient ainsi à écrire le temps ou plus précisément la relation entre l’espace et le temps hic et nunc. La relation entre l’individu et le collectif est également en cause, ainsi que le rapport entre réel et fiction : en quête d’une forme susceptible d’enregistrer les éclats du réel, ces récits multiplient les procédés d’objectivation, tendent à l’hypertrophie descriptive, pratiquent le croisement de genres, de matériaux et de formes et s’ouvrent au prolongement hypertextuel dans le web. Rappelons, à titre d’exemple, les investigations de Philippe Vasset (Un livre blanc) et de Jean-Christophe Bailly (Description d’Olonne) liées à l’observations de cartes ; le croisement de récit et photographie expérimenté par Martine Sonnet (Montparnasse monde) et Arno Bertina (La Borne SOS 77, avec Ludovic Michaud) ; le mélange d’essai et fiction pratiqué par Éric Chauvier (Contre Télérama) ou Régine Robin (Mégapolis) ; le brouillage des frontières entre prose et poésie dans les écrits de Jacques Réda, Éric Sadin ou Anne Savelli ; les ouvrages collectifs issus d’ateliers d’écriture (Des nouvelles de la banlieue. Clichy mot à mot ; Christiane Ben Barek et Anne Coudin, Cité Rouge. Écoutez l’écrit de la banlieue). Le panorama italien est également riche en expérimentations de genre hybride, comme le montrent le cas exemplaire de Gomorra de Roberto Saviano et les textes au croisement entre reportage et fiction de Roberto Ferrucci (Cosa cambia), Giuseppe Genna (Assalto a un tempo devastato e vile) et Antonio Pascale (La città distratta). Des collections nées dans les années 2000 comme « Contromano » chez Laterza ou « Verdenero » chez Edizioni Ambiente ont contribué à donner impulsion à ce courant novateur de la narrative italienne voué à explorer, décrire et interroger le réel urbain contemporain.

Quelles images et quel imaginaire de la ville se déploient-ils dans ces récits ? Quels procédés et quelles techniques de mise en écriture des espaces urbains expérimentent-ils ? Quels changements dans la posture de l’écrivain affichent-ils vis à vis de la tradition littéraire antérieure ? Quels modèles littéraires présupposent, revendiquent, actualisent ou bien contestent-ils ? Quels liens entretiennent-ils avec les savoirs de Sciences Humaines telle l’histoire, l’anthropologie, l’ethnographie ou la sociologie ?

Le colloque aura pour vocation de répondre à ces questions dans le but de rendre compte des formes et des enjeux de la représentation des espaces urbains et périurbains dans les récits parus en Italie et en France dans les trente dernières années.

Les propositions de communication avec titre et résumé (2500 caractères environ, en italien ou en français) assorties d’une brève notice bio-bibliographique sont à envoyer à Annalisa Bertoni  annalisa.bertoni@unilim.fr avant le 31 octobre 2011.

Après examen des propositions, une réponse sera donnée début novembre.

Responsables : Gianfranco Rubino et Annalisa Bertoni