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Espace et Enonciation

Espace et Enonciation

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Yosr Bellamine Ben Aïssa)

Colloque International pluridisciplinaire : « Espace et Enonciation »

3, 4 et 5 mars 2010

L'espace d'énonciation d'un discours en détermine bien souvent le sens.

Ce colloque se donne pour ambition d'envisager la dimension spatiale comme une donnée concrète, physique, de l'énonciation (au sens de prise de parole, de positionnement discursif) d'un discours, depuis sa création jusqu'à sa réception. Henri Focillon l'avait souligné en son temps : « la vie des formes s'exerce dans un espace qui n'est pas le cadre abstrait de la géométrie » (Vie des Formes).

  • Comment un énoncé rend-il compte de la dimension spatiale (étendue, volume, forme) ? Avec quels outils linguistiques ? quels procédés littéraires ?

Grâce à la notion même d'« espace », ce colloque mobilisera de nombreux champs disciplinaires à l'intérieur des sciences humaines et sociales, de la littérature à la linguistique, de l'histoire à la géographie, et génèrera ainsi des mises en rapport, des croisements et des confrontations interdisciplinaires.

Par exemple, le lieu puissamment concret où se déroule une histoire (le lieu de la scène au théâtre, le cadre ou l'objet de la description dans le roman réaliste, le lieu du crime dans le roman policier) est une dimension significative de l'oeuvre, trop souvent ramenée, de façon expéditive, à la simple désignation du cadre spatio-temporel. Sur un autre plan, le lieu d'écriture (isolement, déracinement, exil…) a pu influencer une oeuvre littéraire dans des proportions remarquables, tout comme l'espace de lecture peut orienter son interprétation.

En 2001, un colloque international sur la « Topique romanesque », à Paris, proposa de considérer les espaces récurrents dans le roman français comme autant « de programmes narratifs, codes annonçant, lorsque le personnage s'en approche, un type d'action auquel il a toutes chances d'être assujetti » (René Audet, SATOR). Ainsi, la question a été posée de savoir :  quels types de lieux pour quels types d'action ? Et si un espace induit un type de configuration du roman (déplacements du personnage, circulations ou mobilités à l'intérieur de l'oeuvre), ce colloque avait essentiellement envisagé l'espace dans sa dimension géographique (romans à carte, romans à labyrinthes et les aménagements intérieurs et extérieurs des décors imaginaires où se meuvent les personnages).

Confirmant l'intérêt actuel pour cette problématique, et après un colloque « Identité et Espace » à Reims en 2006, le laboratoire Créations d'outils pédagogiques en langues étrangères (Université d'Oran) a annoncé la tenue d'un colloque sur « L'Espace et le Sujet : inscription, construction et motivation » qui privilégie, pour sa part, les perspectives didactiques et sémiologiques (sémiologies littéraire et de la communication) sur les opérations de construction de sujets.

Des différents travaux sur la question, il ressort que l'espace d'énonciation, qui interdit ou induit telle forme, tel champ lexical ou registre, telle orientation du langage, appelle encore des investigations linguistiques et littéraires que voudrait encourager et recueillir ce colloque.

Ne pourrait-on s'interroger à présent sur l'espace comme cadre et support du discours dans toutes les configurations d'énonciation langagière : dialogues, répliques, réparties, espace typographique, dans des « scènes » de roman mais aussi, bien évidemment, au théâtre ; monologues, flux de pensée chez les narrateurs intradiégétiques, moments d'écriture dans les romans épistolaires ou les intrigues à lettres et messages dans la tragédie ou la comédie ? Toutes ces situations, parmi d'autres, supposent un espace particulier, convenablement agencé pour que s'énonce un discours. On se demandera alors :

    • Quels types d'espaces pour quels types d'énonciation ?
    • L'espace détermine-t-il l'orientation de l'intrigue, le registre d'énonciation, le style de l'auteur ?
    • Quelles influences exercent, sur le personnage,  le décor, le cadre de vie, le climat, l'atmosphère tangible ?

Sur un plan microstructural, au plus près de la langue et du style, la figure classique de la « Topographie », ou « description d'un lieu particulier » (Ch. Batteux), qui relève de l'hypotypose, envisage aussi, de la poésie descriptive au récit dramatique en passant par la pause descriptive du roman, la prégnance de l'espace et son influence déterminante sur l'activité discursive. Comme le rappelle Ph. Hamon, l'une des tendances de la description est bien souvent « d'hypertrophier son système démarcatif, de souligner au maximum, par divers procédés, l'encadrement de l'unité descriptive elle-même » (Ph. Hamon, Du Descriptif). En étendant ce constat, par l'analyse et le regard critique, à la pratique du discours en son ensemble, ce colloque pourrait poser comme hypothèse de réflexion :

    • quels sont les divers procédés littéraires et linguistiques qui soulignent l'encadrement spatial d'un discours ?
    • le cadrage spatial, tel qu'il apparaît dans un système démarcatif à définir, resserre-t-il et détermine-t-il le sens du discours ?

A titre d'exemple, on rappellera que l'espace est une donnée fondamentale du théâtre : on distingue traditionnellement l'espace dramatique, c'est-à-dire l'univers imaginaire où se déroule une intrigue, et le lieu scénique, c'est-à-dire le lieu concret du plateau où jouent les acteurs pendant les représentations. Comment les textes dramatiques gèrent-ils cette tension entre ces deux formes d'espace ? Quelles marques spatiales apparaissent dans les textes ? A partir de là, on peut étendre le propos à d'autres formes de discours et interroger les différents procédés d'insertion de l'espace dans le texte, et leurs interprétations idéologiques et historiques. Sur un plan linguistique, on trouve de nombreux marqueurs qui définissent le cadre spatio-temporel du discours : prépositions, adverbes de lieu, présentatifs, mais aussi tout le système des déictiques à l'intérieur du discours. Comment la langue marque-t-elle la présence de l'espace dans un discours ?

Comité d'organisation : Emir Abdellatif, Hassène AMDOUNI, Pr. Jacqueline BACHA, Yosr BELLAMINE-BEN AISSA, Amine BEN Abdelkrim, Mohamed Bouarada, Renaud BRET-VITOZ, Amel LABYED, Moez LAHMEDI, Narjess SAIDI-D'OUTRELIGNE.

Durée des communications : 20 mn. Les articles destinés à être publiés dans les actes feront l'objet d'une lecture par les membres du comité scientifique (en cours de constitution).

Les personnes désireuses de participer sont priées d'envoyer leurs propositions de communication comportant un titre et un résumé (10 lignes environ), ainsi qu'une brève bio-bibliographie, avant le 15 novembre 2009 à l'adresse suivante :

colloquejendouba2010@yahoo.fr