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Appels à contributions
Eros traducteur

Eros traducteur


EROS TRADUCTEUR

Colloque organisé par le Centre Transdisciplinaire d'Épistémologie de la Littérature
Faculté des Lettres de Nice
Les 29, 30 et 31 mars 2006

Responsables : Philippe Marty et Patrick Quillier

appel à contribution


On traduit parce qu'on aime. Mais qu'aime-t-on dans l'original ? On peut supposer qu'on aime en lui ce qu'on y aperçoit de singulier et d'irremplaçable, c'est-à-dire d'intraduisible. La pulsion d'éros pousse à former une unité avec l'objet désiré, l'objet trouvé beau. Et ce peut être une parole, un texte, une langue entière. Mais éros ne survient qu'à l'instant où le traducteur trouve que ce qui est à traduire ne sera jamais remplacé par aucune des solutions qu'il peut apporter dans sa langue. C'est la raison pour laquelle il continue toujours à désirer traduire. Cela même qui suscite le désir (le phénomène singulier), c'est cela qui s'oppose à sa réalisation.
« Il, elle est unique » dit l'amant de l'objet aimé. « Il est intraduisible », dit le traducteur amoureux de l'original. « Je propose d'appeler intraduisible' », dit Barbara Cassin pour introduire son Parménide, « non pas ce qu'on ne traduit pas, mais ce qu'on n'en finit pas de traduire, donc aussi ce qu'on ne cesse pas de ne pas traduire ». Il n'y a, en poésie ou en philosophie, si traduire est un désir, que des intraduisibles. Mais, alors, il n'y a plus rien à traduire ? Il n'y a plus qu'à contempler (platoniquement ?) l'original insubstituable ?
Ou alors qu'est-ce que cet accouplement, ce duel, ce centaure, de l'original et de la traduction ? C'est de lui que nous voulons discuter, dans ce colloque. Quelle est l'aura de l'original, sa séduction ? Qu'y a-t-il de sexué ou de sexuel dans l'acte de traduire ? Les descriptions par la psychanalyse de la pulsion d'éros peuvent-elles aider à définir une pulsion traduisante ? Qu'est-ce qui entre d'émulation dans cette pulsion ? La pulsion d'éros, dit Freud, pousse à former des ensembles toujours plus vastes, et si elle atteignait universellement son but, tout se vivrait comme une seule chair, un seul corps. La pulsion traduisante, quelle sorte d'ensemble pousse-t-elle à former ? L'ensemble de toutes les langues ? Ou au contraire quelque chose d'exigu, une « pointe acérée » du sens, que se partagent, ou se déchirent, original et traduction ?
Bien d'autres questions se posent. Nous souhaitons qu'elles soient posées, dans les propositions qui pourront nous être faites, à partir de cet intitulé : Éros traducteur, que l'éros soit platonicien, soufi, païen, bataillien ou encore d'une autre nature ou conception.

Propositions à envoyer avant fin octobre 2005 à :
p.quillier@libertysurf.fr
philippe.marty23@wanadoo.fr