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Éloge de la bâtardise au cinéma

Éloge de la bâtardise au cinéma

Publié le par Marion Moreau (Source : Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

Éloge de la bâtardise au cinéma

Colloque internationalCiclaho / Crea

Université Paris OuestNanterre La Défense

29 et 30 avril 2011

Le cinéma, né de sources aussi diverses qu'hétérogènes(la science, le spectacle populaire, la photographie, le ludique), a toujoursentretenu ce goût pour le mélange. Et bien qu'il se soit finalement constituéen objet spécifique, il n'en a cependant pas oublié ce principe originel :de fait, parce qu'elle se reflète dans ses productions, la généalogie de sonidentité constitue un enjeu théorique important du septième art. Pour autant, si la filiation « biologique » entrecertaines de ses oeuvres, certains de ses genres, ou certaines de ses formes afait l'objet de nombreuses études, qui portent notamment sur la manière dont lecroisement peut être générateur de métissage ou d'hybridité, il semble parcontre que la question de la légitimité d'une filiation, intimement liée àcelle de la légitimité d'une union, ait le plus souvent été laissée de côté.

Or,un certain nombre d'oeuvres récentes, dont InglouriousBasterds, rendent quasiment indispensable l'étude de ce corrélat. Le filmde Quentin Tarantino propose en effet une définition du cinéma comme art de la bâtardise.Il expose, avec vigueur, une autre manière d'appréhender la circulation de lamémoire cinématographique, à une époque où la mise à disposition rapide etpermanente des oeuvres, qu'elles soient récentes ou anciennes, ainsi que lapratique de l'intertextualité à outrance rendent difficile, voire impossible,toute approche originale, ou nécessitent pour le moins que l'on redéfinisse ceque signifie l'originalité.

Ainsi,le fait que la citation soit devenue un lieu commun de la productioncontemporaine conduit non seulement à relativiser la possibilité d'une créationindividuelle, mais pose également la question de la connaissance et de la reconnaissance,notamment quand, à l'image de ce qui se produit chez Tarantino, les films fontréférence à des films antérieurs considérés comme mineurs, dont les auteurs nesont ni cités, ni donc reconnus par une très large majorité du public (ni de lacritique, d'ailleurs), si bien que le réalisateur se fait père d'un filmillégitime.

Carsi le cinéma est un art bâtard dans l'acception du terme qui signifiesimplement qu'il est hybride, il l'est aussi, et peut-être plus, en ce que soncaractère novateur, tant sur le plan formel que générique, a souvent résulté derelations adultérines qui, en revendiquant la lignée floue plutôt que lasuccession lisible, font de l'illégitimité un fondement. Chercher simplementquel film antérieur est repris dans une séquence revient donc à établir unesorte d'arbre généalogique précis qui ne saurait tenir compte des unionscachées, des enfants naturels et des ancêtres oubliés qui font pourtantintrinsèquement partie de l'histoire du cinéma. S'il faut sacrifier à cettequête, son seul objet ne saurait cependant être un modèle unique : le but de cecolloque serait de permettre que soient examinées, et peut-être réhabilitées,ces zones d'ombre de la création et de la mémoire cinématographiques.

Notre réflexion s'organisera autour de deuxaxes principaux.

Axe numéro 1 : la bâtardise, processusde création filmique

L'origine ducinéma : lieu clé d'une bâtardise ontologique ?

L'hybridation générique au cinéma : union légitime ou adultère ?

La citation et ses modes d'action au cinéma : emprunt, vol ouviol ?

Le mélange des supports (vidéo et argentique), desmodes d'expression (fiction avec acteurs et dessins animés), ou des registres(fiction et documentaire) au sein d'un même film : une quête d'impureté ?

Axe numéro 2 : lefilm et ses bâtards

Le makingof comme genre illégitime : oeuvre à part entière ou bâtardconçu en coulisses ?

Les frères bâtards des filmsexistants (Director's cut,version longue, version rabotée, version censurée, version restaurée, filmreconstitué, etc.) : fruits d'une infidélité faite à l'auteur ouproduits légitimes de son imagination ?

Effets rétroactifs : processus de légitimation d'une filiation ?

Les amours adultères du cinéma et desnouvelles technologies (Internet, caméra numérique) et/ou de nouveauxmediums (séries télévisées, jeux vidéo) : une quête delégitimité ?

Le film à l'heure de l'interactivité et du DVD : un bâtard dans tous les «ports » ?

Langues du colloque : anglais et français.

La publication d'un ouvrage reprenant certaines desinterventions est fortement envisagée.

Nous vous remercions d'envoyer vos propositions decommunications (titre et résumé d'une demi-page environ), accompagnées d'unecourte notice biographique, avant le 30 septembre 2010, aux deux organisateurs,Sébastien Lefait et Philippe Ortoli, en utilisant les adresses suivantes :seb.lefait@libertysurf.fr et philippe.ortoli70@wanadoo.fr.