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Nouvelle parution
Écrivains, lecteurs (La Lecture littéraire, février 2002)

Écrivains, lecteurs (La Lecture littéraire, février 2002)

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu)

Compte rendu dans Acta fabula: "C'est ça, c'est exactement ça", par Marielle Macé.

 

 

Écrivains, lecteurs

Textes réunis et présentés par Bruno Clément,

Revue La Lecture littéraire, P.U. Reims, février 2002. 176 p. 15 Euros.

Prière d'insérer:

La lecture dont il est question ici est celle de philosophes, d'écrivains (poètes, romanciers, essayistes) qui, à un moment donné de leur carrière, ont tenté de jeter un peu de jour sur leur rapport aux textes qui les faisaient écrire. Geste réflexif inextricable, où se distinguent à grand-peine discours "fictif" et discours théorique.

Si la philosophie, si la théorie littéraire, si la critique peuvent raisonnablement craindre de ne pouvoir appréhender en vérité l'expérience littéraire, c'est que le langage est leur mode commun et que lorsqu'un discours prend pour objet un autre discours  soit le discours d'un autre, il y va de la vérité, précisément. Qu'un discours fictif cherche à dire quelque chose du monde, ou qu'un discours théorique s'essaye à appréhender l'oeuvre ainsi créée ne fait peut-être pas si grande différence : critique et philosophie exercent en réalité, " comme à la seconde puissance et dans une sorte de réitération, le même pouvoir d'expression elliptique qui fait l'oeuvre d'art " (Merleau-Ponty). C'est cette ambiguïté qui est ici interrogée.

L'objet des études rassemblées dans ce volume, c'est donc la lecture des écrivains lorsqu'ils pratiquent, sur des modes qui peuvent être très divers, une activité plus ou moins critique, plus ou moins théorique. Foucault en ce sens est écrivain, et sa posture, lorsqu'il lit Roussel ou Rousseau n'est pas fondamentalement différente de celle d'Aragon lorsqu'il lit Hugo, de Sartre lorsqu'il lit Flaubert ou de Maurice Merleau-Ponty lorsqu'il lit Montaigne, puisque comme eux il trouve à l'occasion (sous le prétexte) de la vérité de son modèle sa vérité, qui oeuvre pour nous à la vérité. Et que telle (Virginia Woolf) soit " sans modèle ", ou que tel (Rousseau) ne déforme guère le sien (Pascal) ne change pas grand chose à ceci : leurs lectures disent leur être au monde, font leur être au monde, sont leur être au monde.

Il n'est sans doute pas d'autre vérité.

Sommaire:

Bruno Clément, " Lecture et vérité "

Michel Deguy, " Fin de partie "

Natacha Michel, " Le livre qui bat comme un tambour "

Olivia Rosenthal, " Montaigne ou les pouvoirs de la répétition (une lecture de lessai III, 12 " De la physionomie ") "

Michèle Crogiez, " Rousseau lecteur de Pascal ? "

Pierre Bayard, " Le plagiat par anticipation " (extrait en ligne)

Chantal Delourme, " Virginia Woolf : la lectrice sans modèle "

Christophe Hanna, " Pour un Malherbe de Francis Ponge : une archéologie de la raison classique "

Olivier Barbarant, " Avez-vous lu Hugaragon ? "

Gilles Philippe, " Sartre, la grammaire et le style de Flaubert (sur quelques pages du troisième carnet de guerre) "

Judith Revel, " La petite bibliothèque privée de Michel Foucault "