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Écrivains-cinéastes ? Avenir d’une figure amphibie (Revue critique de fixxion française contemporaine)

Écrivains-cinéastes ? Avenir d’une figure amphibie (Revue critique de fixxion française contemporaine)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Fixxion)

Revue critique de fixxion française contemporaine

Appel à contributions: n° 7

Écrivains-cinéastes ? Avenir d’une figure amphibie

La presse a beaucoup commenté, souvent d’ailleurs pour s’en gausser, les premiers pas de nombreux écrivains contemporains derrière la caméra, de Yann Moix à Michel Houellebecq en passant par Alexandre Jardin, Emmanuel Carrère, Marc Dugain, ou Yasmina Reza. De même, quantité de jeunes auteurs contribuent à l’adaptation de leurs oeuvres. Au-delà du phénomène médiatique, cette convergence observée invite à revenir sur l’une des figures les plus fascinantes de l’histoire littéraire et à se demander si celle-ci ne connaît pas actuellement une nouvelle réincarnation.

Dans le dialogue entres arts, les figures de passeurs sont fort nombreuses, mais beaucoup plus rares celles de créateurs appartenant à égalité à deux sphères différentes. À ce titre, les écrivains-cinéastes excèdent le simple dialogue entre littérature et cinéma et donnent à imaginer qu’il existe une zone de recouvrement grâce à laquelle ces deux arts partagent, en partie du moins, une histoire commune. Au cours de cette histoire, vieille à présent de plus d’un siècle, on distingue en effet deux grands moments, aisément repérables à l’apparition de ces figures amphibies : tout d’abord les années 1930, où avec l’arrivée du parlant des dramaturges (Pagnol ou Guitry) et des romanciers (Giono ou Malraux) développent une double compétence, puis dans les années 1960 où Marguerite Duras et Alain Robbe-Grillet (unis tous deux par la figure tutélaire d’Alain Resnais) amorcent un processus de lente fusion entre les genres ou les pratiques, qu’ils poursuivent jusqu’à la fin. Les années 2000 sont-elles le troisième temps de cette histoire épisodique ? Et dans quelle mesure ce temps s’inscrit-il dans le paysage européen ? Car le phénomène déborde les limites de l’Hexagone : que ce soit en Allemagne, en Angleterre ou en Belgique, partout des écrivains s’approprient la caméra pour y trouver un nouvel outil d’expression.

Les principaux représentants de ce renouveau n’ont jusqu’ici pas été reconnus comme tels, et les contributeurs de ce numéro sont invités à faire apparaître la complexité de leur oeuvre. On s’attachera au cas de Catherine Breillat, sorte de figure tutélaire, et à travers elle à ces cinéastes qui se sont tournés vers l’écriture dans les années 2000, tel Paul Vecchiali et Christophe Honoré, mais aussi d’écrivains passant à la réalisation, tels Jean-Philippe Toussaint, Virginie Despentes, Philippe Claudel, et Camille de Toledo, ou encore à l’exemple presque inclassable d’Eugène Green, poussant loin pratique cinéphilique et création littéraire. On se demandera par quel malentendu un cinéaste comme Dai Sijie n’a trouvé de véritable reconnaissance qu’en publiant Balzac et la petite tailleuse chinoise. On s’intéressera également aux cas plus complexes de cinéastes comme Éric Rohmer, republiant en 2007 La Maison d’Élizabeth (paru en 1946 sous le titre Élisabeth) ou de Jean-Luc Godard, doublant à partir de For ever Mozart : phrases en 1996 (chez POL) la plupart de ses films par leur équivalent papier (mais ces textes ne sont-ils précisément que des équivalents ?). On s’aventurera du côté des arts plastiques et de la vidéo où Sophie Calle et Valérie Mréjen excèdent les croisements entre les deux arts, ou du côté des auteurs de bande dessinée se tournant vers le 7e art, tels Schuiten et Peeters ou Enki Bilal. On n’hésitera pas enfin à s’intéresser aux cinéastes ou aux acteurs qui publient leurs scénarios ou leurs essais critiques, ou encore aux auteurs mêlant littérature, documentaires et écriture de scénarios, comme Jérôme Prieur ou Jérôme Beaujour.

Les oeuvres ici envisagées constituent-elles alors un nouvel âge d’or des rapports entre littérature et cinéma ? On tentera ici de montrer que si les années 2000 voient le renouveau d’un dialogue à présent très ancien, peut-être est-ce en bouleversant en profondeur cette figure de l’écrivain-cinéaste que nous pensions jusqu’alors si bien connaître lorsque nous la limitions de Cocteau à Robbe-Grillet, et qui émerge aux quatre coins de l’Europe.

 

Les propositions de contribution, environ 300 mots, en français ou en anglais, sont à envoyer d’ici le 1er juin 2013 aux adresses de Jean-Louis Jeannelle et de Margaret C. Flinn. La réponse sera donnée au 1er septembre 2013.
Les articles définitifs seront à soumettre sur la page Soumissions pour évaluation par le comité de la Revue critique de fixxion française contemporaine avant le 15 octobre 2013.

La revue accepte également des articles hors problématique du numéro.