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Écritures sous influences: présence des drogues en littérature contemporaine

Écritures sous influences: présence des drogues en littérature contemporaine

Publié le par Sarah Lacoste (Source : Simon Brousseau)

De Charles Baudelaire à Thomas de Quincey, de Hunter S. Thompson aux beatnicks, les drogues ont été liées aux préoccupations de certains des auteurs les plus marquants de la modernité. Si elles représentent l'interdit et la perdition, il existe également une certaine tradition qui voit dans leur usage un outil de connaissance, aussi dangereux soit-il. Ernst Jünger, dans un ouvrage qui retrace sur un mode personnel l'histoire des drogues au XXe siècle, propose de penser leur usage de façon dialectique. Il y a bien sûr la menace de la perte, mais également, propose-t-il, la possibilité d'un gain: «Avec la distance croît aussi l'effort. Oublier quelque chose, fuir quelque chose et d'autre part vouloir atteindre, gagner quelque chose — c'est entre ces pôles que se meut tout le problème de l'ivresse.» (Ernst Jünger, Approches, drogues et ivresses, Paris, Gallimard, 1973, p. 145.)

Peut-on considérer que cette ambivalence liée à la drogue se retrouve aussi en littérature? S'il peut y avoir quelque chose de cool et de trash à la thématisation de la drogue, ne s'agit-il pas également d'un sujet fondamental qui concerne notre rapport à la réalité? La drogue peut être appréhendée en tant que question littéraire, et lorsqu'on s'y arrête, on constate que sa présence se fait sentir dans plusieurs des problématiques chères à la théorie littéraire de notre époque. Par exemple, en exacerbant le rapport éminemment subjectif que nous entretenons avec la réalité, la drogue peut s'avérer une avenue fertile pour questionner les fondements du réalisme littéraire. Il y aurait donc, peut-être, un aspect métadiscursif à la drogue en tant qu'objet littéraire. Celle-ci peut donner lieu à différentes formes d'expérimentations et d'éclatements textuels, comme c'est le cas chez William Burroughs. Elle peut aussi représenter, de façon métonymique, un mode de vie marginal, cette contre-culture dont l'oeuvre des beatnicks a constitué l'un des moments forts.

Qu'en est-il de la présence de la drogue en littérature contemporaine?  A-t-elle quelque chose à voir avec la popularité que connait l'autofiction? Peut-elle devenir un prétexte pour la mise en place d'expériences littéraires retorses assurées par une «narration non-fiable»? Par extension, est-ce que la représentation de la drogue a quelque chose à nous apprendre sur la société consumériste? Serait-elle un moyen d'illustrer le doute qui pèse sur la réalité dans un contexte médiatique où les images peuvent sembler cacher la réalité profonde qu'elles prétendent représenter? Ultimement, c'est peut-être les fondements mêmes de la pensée rationnelle et des normes langagières qui sont mis à mal par la réflexion littéraire sur les drogues. Ce dossier est donc une invitation à penser la drogue en tant qu'objet de réflexion, mais également en tant que moyen de réflexion.

Les gens intéressés à proposer une lecture d'une ou de plusieurs oeuvres contemporaines sont invités à contacter le comité de rédaction de Salon double. Le protocole de rédaction de Salon double est disponible à l'adresse suivante : http://salondouble.contemporain.info/protocole-de-redaction-du-salon-double

Les propositions de lecture doivent être envoyées à salon-double@contemporain.info avant le 1 août 2012. 

Directeur du dossier: Simon Brousseau