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Écritures régionalistes / New scales of Regionalist Writing (Romantisme, n° 2018-2)

Écritures régionalistes / New scales of Regionalist Writing (Romantisme, n° 2018-2)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Éléonore Reverzy)

Écritures régionalistes (1820-1914): nouvelles échelles, nouveaux enjeux critiques

Appel à contribution

Le régionalisme est un label singulier dont la définition ne saurait être aisément distinguée d’une histoire de ses formes et de sa fortune critique : depuis son émergence, sous l’étiquette de « couleur locale » à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à ses avatars à l’heure du modernisme, le régionalisme a été diversement lu, et ses implications esthétiques et politiques âprement débattues. Si cette appellation abrite à la fois écoles de peinture et courants musicaux, cuisines du terroir et circuits touristiques, ainsi que des textes aussi divers que les romans champêtres de George Sand et les esquisses de Nouvelle-Angleterre de Harriet Beecher Stowe, les nouvelles villageoises de Berthold Auerbach ou les romans « nationaux » des périphéries celtes de l’empire britannique – romans irlandais de Maria Edgeworth ou romances écossaises de Walter Scott, c’est en tant que sous-produit de l’avènement des Etats-nations que le régionalisme a été le plus souvent compris, qu’on lise dans son illustration des us et coutumes locales une réaction anti-moderne ou, au contraire, une tentative radicale de déconstruire genres et identités, d’écrire l’altérité joyeuse sur l’envers de la norme étatique et centralisée. Il est temps, toutefois, la critique récente (Howard, Philips) nous y invite, de changer l’échelle de notre enquête, et de prendre au sérieux la contemporanéité de diverses formes régionalistes non seulement à l’intérieur des frontières nationales – en France, par exemple, les écrits de George Sand sont contemporains du régionalisme de l’école de Courbet (Francis Wey (1812-1882), Jules Husson Champfleury (1820-1889), Max Buchon (1819-1869)) et de celui d’Emile Souvestre (1806-1854) en Bretagne – mais plus largement en Europe et dans le monde atlantique (Woertendyke).

On le sait – et l’ouvrage de Josephine Donovan, European Local-Color Literature : National Tales, Dorfgeschichten, Romans Champêtres (New York, Bloomsbury Press, 2010), nous le rappelle avec justesse – il existe un régionalisme « européen » pour autant qu’on prenne la peine de retracer les emprunts et les récritures, facilités à l’époque par les nombreuses traductions mais aussi les voyages et les rencontres venus nourrir ce qu’on appellerait sans doute aujourd’hui un réseau, disons simplement un commerce, entre écrivains. En France, la « couleur locale » – terme qui est peut-être la traduction d’une formule de Walter Scott, dont les romans furent très vite publiés en français – fait recette, où circulent avec succès les romans nationaux irlandais de Maria Edgeworth, Lady Morgan, ou les Chroniques écossaises de John Galt, mais aussi la poésie ou les romans régionaux en langue allemande. Prenons un exemple : Max Buchon, appartenant au cercle littéraire autour de Courbet, traduit Scènes villageoises de la Forêt Noire d’Auerbach, une traduction commentée par Sand, qui ira d’ailleurs rendre visite à Auerbach lors d’un voyage en Allemagne, tandis qu’Emile Souvestre, dont l’objet et le lieu sont les marches occidentales du royaume de France, ne cachera pas, dans la préface à son Foyer breton: Contes et récits populaires (1844), son admiration pour Le Calendrier du berger, traduction de l’Ecossais James Hogg, et sa fascination pour les contes populaires de Walter Scott etc. Ces exemples, parmi tant d’autres, nous mettent en garde contre la tendance à lire les récits régionalistes dans le cadre étroit d’une construction nationale – ici française. S’il ne s’agit pas de passer outre les spécificités politiques et culturelles – Donovan suggère que le roman champêtre français serait plus ouvertement politique, et exprimerait une indignation plus violente à l’encontre de l’oppression de classe, tandis que les régionalismes allemands, écossais ou irlandais dénonceraient davantage une tyrannie étrangère ou une subordination ethnique, hypothèse qu’il serait intéressant de mettre à l’épreuve des textes –, on aurait sans doute intérêt à envisager les régionalismes européens dans le cadre plus large de la constitution des empires au XIXe siècle.

Dans « The Literary Sketch and British Atlantic Regionalism » (2015), Juliet Shields nous incite de fait à reconsidérer l’esquisse régionaliste de langue anglaise à l’échelle de l’empire atlantique de la Grande-Bretagne, proposant pour cela le concept de « régionalisme britannique atlantique ». Shields lit dans l’éclosion simultanée de l’esquisse littéraire en Ecosse, en Irlande et aux Etats-Unis, non seulement un défi à la centralité de la métropole, mais aussi les débuts d’une solidarité littéraire et culturelle entre les régions non-anglaises du monde atlantique britannique. Reprenant l’analyse de Marjorie Pryse et Judith Fetterley dans Writing Out of Place (2003), elle suggère de lire concomitamment les esquisses anglaises de Mary Mitford et ses recueils de contes américains, publiés dans les années 1830, une lecture transatlantique qui permet de délinéer un vaste ensemble anglo-américain lui-même composé de régions. Mais Mitford, toutefois, auteur de Our Village : Sketches of Rural Character and Scenery (1824-32) et éditrice de Stories of American Life, by American Writers (1830) et Lights and Shadows of American Life (1832), n’est représentative que d’une forme particulière de construction atlantique des régions, car elle n’écrit pas depuis les marges de l’empire, mais des Bershires en Angleterre. Une autre façon de lire ce régionalisme atlantique serait donc, selon Shields, de tracer les liens, nombreux, entre la périphérie celte (les esquisses irlandaises et écossaises) et la jeune littérature nationale américaine tout juste émancipée de sa subordination à l’empire. Le régionalisme transatlantique apparaîtrait alors comme un discours anti-hégémonique, une critique de la sujétion de la particularité à la norme impériale.

Ces nouvelles directions de la critique sont à saluer, mais il faut reconnaître qu’elles ne cherchent pas à intégrer le régionalisme français. Si Donovan lui donne une place importante dans son étude sur la « couleur locale européenne », il disparaît peu ou prou dès qu’il s’agit du monde atlantique. Or, on le sait, si George Sand fut dénommée le « Walter Scott du Berry » (Zellweger 136), son portrait ornait aussi, en Nouvelle-Angleterre, la demeure de Sarah Orne Jewett qui avait choisi pour source d’inspiration cette figure de femme libre ayant trouvé dans la paysannerie française ce qu’elle-même recherchait dans la campagne du Maine – si différents fussent les enjeux de la résistance de l’une et de l’autre à la normativité d’un projet national, et impérialiste.

Deux volets de la question pourraient être envisagés : D’une part, il s’agirait de considérer le régionalisme littéraire à l’aune de la deuxième globalisation (1820-1914) qui complexifia autant qu’elle consolida le cadre national. Les études historiques récentes s’attachent moins à souligner les différences entre un impérialisme napoléonien qui réincarnerait Rome ou l’empire de Charlemagne et un empire Britannique d’essence maritime, qu’elles mettent en lumière deux visions de l’empire. Les régionalismes n’ont pas encore trouvé leur place dans cette nouvelle construction. Au lieu de concevoir le régionalisme comme un mouvement de réaction aux hégémonies nationales, est-il possible d’y voir une réponse à une forme politique et culturelle à géométrie variable (l’empire) qui brouille sans cesse les cadres et les échelles d’appartenance ? Autant que la nation, souvent convoquée comme cadre épistémique dans les études sur le régionalisme littéraire, la réflexion pourra se déployer d’abord au niveau des projets impériaux : l’empire britannique (incluant l’Irlande, l’Ecosse) ; l’empire français (né du projet napoléonien et poursuivi, autrement, avec l’Empire maritime du XIXe-XXe siècle), l’« empire » américain, cet « empire pour la liberté » (Thomas Jefferson) qui devait s’étendre aux terres de l’ouest. Un deuxième volet pourra s’intéresser au régionalisme dans ses liens à l’impérialisme, autre force de globalisation du long XIXe siècle : il s’agira alors de lire les esquisses régionalistes dans le contexte de la racialisation croissante de l’altérité et de l’élaboration des techniques de classification, liée à l’invention de l’ethnographie et l’élaboration des typologies historiques et bientôt sociologiques, qui furent autant d’outils de la « cause » impérialiste et de la subjugation de populations et de cultures sinon lointaines, du moins construites comme telles. Les esquisses irlandaises et écossaises, par exemple, pourraient dès lors être lues en rapport avec l’épistème impérialiste qui s’affûte avec la colonisation de l’Inde ou de l’Afrique ; et le régionalisme français en rapport avec la conquête de l’Algérie ou de l’Indochine. Il est rarement souligné que des écrivains tels que Ferdinand Fabre, de l’école occitane, mentionnent dans leurs textes la peur d’être envoyés conscrits en Afrique et, par là, arrachés au « pays » – c’est le cas, par exemple, d’Erembert, le personnage du Chevrier (1867) ; la peinture des « sauvages » des campagnes mériterait aussi d’être recontextualisée et repensée selon les codes et les genres d’un impérialisme qui, plus qu’un contexte lointain, devient un paradigme d’écriture.

En somme, ce numéro de la revue Romantisme suggère une recontextualisation du ou des régionalismes depuis leur émergence à la fin du XVIIIe siècle jusqu’à la fin du long XIXe siècle. Malgré les nombreuses incitations de la critique récente à repenser le régionalisme à l’aune de la globalisation, rares sont les tentatives de lire ensemble les régionalismes britanniques, américains, français, allemands, italiens ou espagnols sans retomber sur le seul paradigme de la constitution de l’Etat-nation. Ce numéro a donc pour ambition, à partir d’études de cas, comparatistes ou non, de lire de près des textes régionalistes de diverses provenances à partir d’une double focale – celle de la micro-lecture, attachée à l’écriture, ses enjeux formels et poétiques ; celle de l’inscription dans une histoire globale marquée par la constitution d’empires (dont une des manifestations, mais pas la seule, est la consolidation de l’Etat-nation démocratique), et la globalisation d’une épistémè impérialiste fondée notamment sur l’établissement de typologies raciales et racistes. Prendre en compte ces deux modalités de la globalisation au XIXe siècle permettront, nous l’espérons, une approche renouvelée du régionalisme littéraire en ses textes.

Pistes de réflexion possibles (liste non exhaustive) :

- lectures croisées de textes régionalistes européens, ou européens et américains.

- construction du régionalisme à travers les presses locales françaises, européennes, américaines, les presses des empires coloniaux.

- lire le régionalisme dans les périodiques ; lire les périodiques européens, internationaux, sous l’angle du régionalisme

- figures régionalistes (écrivains, musiciens, peintres, architectes…) en réseau

- construction de savoirs régionalistes (critiques, musicologues, lexicographes, ethnographes, géographes, botanistes…)

- le(s) lectorat(s) du régionalisme

- économies du régionalisme (tourisme, architecture, muséographie, réclame, gastronomies…) à l’échelle des empires

- les langues régionales au-delà des constructions nationales

- écritures régionalistes et ethnographie

- régionalisme et typologies raciales et/ou racistes

- régionalisme et construction des identités sexuelles ou genrées

- régionalisme et construction de classes sur un plan international (révolutions démocratiques et régionalismes, par exemple)

- régionalisme et cosmopolitisme

- régionalisme et terroirs ; régionalisme et culture vernaculaire dans un monde transatlantique ou globalisé

Merci d’envoyer vos propositions (300 mots max.) et un bref CV à Cécile Roudeau (cecile.roudeau@gmail.com) au plus tard le 15 avril 2017.

Les articles sélectionnés (30,000 signes, notes et espaces compris) seront à rendre au plus tard le 15 novembre 2017. Ils seront soumis à expertise avant la publication.

Publication prévue : printemps 2018

Indications bibliographiques (sources critiques) :

Ammons, Elizabeth, “Material Culture, Empire, and Jewett’s Country of the Pointed Firs,” New Essays on The Country of the Pointed Firs, June Howard (dir.), Cambridge, Cambridge University Press, 1994. 81-100.

Brodhead, Richard, Cultures of Letters: Scenes of Reading and Writing in Nineteenth-Century America, Chicago, University of Chicago Press, 1993, chapters 4 and 5.

Donovan, Josephine, European Local-Color Literature: National Tales, Dorfgeschichten, Romans Champêtres, New York, Bloomsbury, 2010.

---, New England Local Color Literature: A Women’s Tradition, New York, Frederick Ungar Publishing Co., 1983.

Fetterley, Judith and Marjory Pryse, Writing Out of Place : Regionalism, Women, and American Literary Culture, Urbana, University of Illinois Press, 2003.

Fetterley, Judith (éd.), Provisions: A Reader from Nineteenth-Century American Women, Bloomington, Indiana University Press, 1985.

---, “‘Not in the Least American’: Nineteenth-Century Literary Regionalism,” College English 56.8 (December 1994): 877-895.

Foote, Stephanie, Regional Fictions: Culture and Identity in Nineteenth-Century American Literature, Madison, University of Wisconsin Press, 2001.

Hovenkamp, Jan Willem, Mérimée et la couleur locale : Contribution à l’étude de la couleur locale, Paris, Les Belles Lettres, 1928.

Howard, June, “American Regionalism: Local Color, National Literature, Global Circuits,” dans Robert Paul Lamb et G R. Thompson, (éd.), A Companion to American Fiction 1865–1914, Malden, MA, Wiley-Blackwell, 2005.

Hsu, Hsuan L., “Literature and Regional Production,”American Literary History 17.1 (2005): 36-64.

Jordan, David M., New World Regionalism: Literature in the Americas, Toronto, University of Toronto Press, 1994.

Joseph, Philip, American Literary Regionalism in a Global Age, Baton Rouge, Louisiana State University, 2007.

Kaplan, Amy, “Nation, Region, and Empire,” The Columbia History of the American Novel, Emory Elliott (gén. dir.), New York, Columbia University Press, 1991.

Lutz, Tom, Cosmopolitan Vistas: American Regionalism and Literary Value, Ithaca, Cornell University Press, 2004.

Roudeau, Cécile, La Nouvelle-Angleterre: Politique d’une écriture. Récits, Genre, Lieu. Paris, Presses Universitaire de la Sorbonne, 2012.

---, “‘In Gallic Dress’: L’Amérique travestie, ou la traduction du biais régionaliste. Le cas Th. Bentzon,” Revue Française d’Etudes Américaines 138.1, 2014, 57-74.

Shields, Juliet, The Literary Sketch and British Atlantic Regionalism” in Nation and Migration : The Making of British Atlantic Literature, 1765-1835, New York, Oxford University Press, 2016.

Thiesse, Anne-Marie, Ecrire la France : le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Epoque et la Libération, Paris, PUF, 1991.

Watts, Edward, Keri Holt and John Funchion (éd.), Mapping Regionalism in Early American Writing, Athens, GA, Georgia University Press, 2015.

Woertendyke, Gretchen, Hemispheric Regionalism: Romance and the Geography of Genre OUP, 2016.

Zellwegger, Rudolf, Les Débuts du roman rustique: Suisse, Allemagne, France, 1836-1856, Paris, E. Droz, 1941.

 

New Scales of Regionalist Writing. Special Issue of Romantisme (Spring 2018)

http://www.persee.fr/collection/roman

Regionalism has long been a contested label. From its birth as “local color” at the end of the eighteenth-century to its resurgence in, and as, modernism at the turn into the twentieth-century, its defense and illustration of local customs, local dialects and of a particular sense of place has been read alternatively as a conservationist move, an “anti-modern” advocation of essentialist identities, as a capitalistic avatar of the commodification of particularities (Brodhead) and as deterritorialized critique or a radical attempt at deconstructing the norms of place, gender, and literary genres (Pryse and Fetterley). Notwithstanding the varieties of its cultural manifestations—from regionalist schools of painting or music, regionalist cuisines or touristic attractions to literary sketches and novels, in France, Scotland, Germany or the United-States—, the emergence of regionalism has been consistently articulated to the rise and consolidation of nation-states. Recent criticism, however, invites us to envisage regionalism both beneath and beyond the scale of the nation and to take into account not only the coevalness of regionalist productions within one single country (e.g., in France, considering George Sand’s works in the context of the Ecole de Courbet – Francis Wey (1812-1882), Jules Husson Champfleury (1820-1889), Max Buchon (1819-1869) but also, more broadly, within Europe or the Atlantic world.

In 2010, Josephine Donovan’s European Local-Color Literature: National Tales, Dorfgeschichten, Romans Champêtres opened the way to new readings of regionalism as a European genre; retracing the numerous transfers between what had so far been considered primarily national traditions, she threw light on the literary and artistic networks of writers, translators and publishers across Europe. In France, for instance, the genre of “la couleur locale” —possibly a translation of Walter Scott’s “local color” —throve in the first decades of the nineteenth-century at the same time that translations of Maria Edgeworth or Lady Morgan’s Irish novels, John Galt’s Scottish chronicles, as well as collections of poems originally written in German, circulated widely. Later on, in the middle of the century, Berthold Auerbach’s village sketches from the Black Forest were translated into French by Max Buchon, a member of the literary circle around Courbet, and commented upon by George Sand, who also visited Auerbach in Germany. Those examples offer sufficient warning against reading regionalist productions within the context of one national tradition, which does not mean that political and cultural specificities are simply to be dismissed: Donovan suggests for instance that the political vein of the French roman champêtre may be more class-oriented while German, Scottish or Irish regionalisms rebelled more against foreign tyrannical powers or ethnic subjugation—something that invites closer investigation. A European rescaling of our analysis is therefore required. But it is insufficient.

In “The Literary Sketch and British Atlantic Regionalism” (2015), Juliet Shields asks for a reconsideration of the regionalist sketch (written in English) in the context of the British Atlantic empire. “Atlantic British regionalism,” she argues, allows us to make sense of the simultaneous emergence of the Scottish, Irish and American regionalist sketch as a product of a new cultural and literary solidarity between non-English regions of the British Atlantic world. Reading the literature of the Celtic periphery of England together with that of the newly emancipated American colonies, she proposes, invites us to read regionalist production as a critique of imperial normativity. Shields, however, does not include continental European regionalisms in her study. French and German regionalisms tend to disappear in studies that take the Atlantic world as their scale of analysis, an invisibility that is belied by the evidence of a transatlantic circulation of regionalist forms and ideas: George Sand’s portrait, to take one example, adorned Sarah Orne Jewett’s New England house, and the American regionalist often acknowledged the French author of romans champêtres as an inspiration, however different the resistance of both writers to the normativity of their two countries’ national and imperialist projects.

In view of such renewed interest in the scales of analysis of regionalist studies, this special issue of Romantisme intends to reconsider American and European regionalisms in the context of the second globalization (1820-1914), the era of empires and the age of imperialism. Recent historiography has put a lesser emphasis on the differences between the British maritime empire and the continental empire born out of the Napoleonic conquests. Regionalism has yet to find its place in this new construction. Instead of understanding regionalism as a reaction to national hegemonies, our working hypothesis is to consider it as a tentative response to the advent of multi-faceted empires: the British empire (including Ireland, Scotland), the French Empire (born under Napoleon and redesigned as the overseas empire of the nineteenth century), the American Empire, the “Empire for liberty” (Jefferson) destined to move westward. What does it mean to remap regionalist studies at the level of empires understood as a political and cultural form that systematically challenges scales of belonging?

Concomitantly with the rise of empires, this issue would like to consider a central vector of globalization in the long nineteenth-century, imperialism. The increasing racialization of otherness, the constant drive to classify and typify that the new science of ethnography, and in its wake, historical, and later, sociological knowledge, required, was the toolbox of an imperialism that helped subjugate cultures and populations constructed as “foreign.” Reading the Irish and Scottish regionalist sketches in relation to the imperialist episteme was sharpened at the time by the colonization of India and Africa; reading French regionalism on the backdrop of the conquest of Algeria or Indochina may provide new insights, with the codes of imperialism working as a new paradigm for depicting the “savages” of the back countries.

In sum, this issue of Romantisme invites the submission of abstracts that examine forms of regionalisms (literature, music, painting, architecture, gastronomy, tourism, language…) beyond the framework of the construction of the nation-state. Close-reading of regionalist texts or artifacts in a comparative perspective is encouraged though not required. Preference will be given to proposals that attempt to revisit regionalism in relation to the history of the construction of empire and the rise of a global imperialist episteme.

Proposals may include, but are not limited to, the following topics:

  • comparative cross-readings of European, or European and American regionalist texts (or artifacts)

  • construction of regionalism in and through print culture; reading regionalism in periodicals; reading European, American, local periodicals from the angle of regionalism

  • networks of regionalist figures (writers, musicians, painters, architects… )

  • construction and circulation of regionalist knowledge (meta-regionalism; musicology; lexicography, ethnography, geography, botany…)

  • regionalist readerships across different scales

  • economies of regionalism (tourism, architecture, museography, publicity, gastronomy…)

  • local, regional dialects, “strange tongues”

  • regionalism and racial typologies

  • regionalism and class-construction on an international scale (e.g. democratic revolutions and regionalisms…)

  • regionalism and sexual or gender constructions

  • regionalism and cosmopolitanism

  • regionalism and terroirs

  • regionalism and vernacular cultures in a global perspective

Authors should submit 300-word abstracts and a short CV by April 15, 2017 to Cécile Roudeau (guest-editor of this issue): cecile.roudeau@gmail.com. The papers selected (30,000 signs, inclusive of footnotes and spaces) will be due November 15, 2017. They will be peer-reviewed before publication.

Publication is scheduled for Spring 2018.

Selective bibliography of secondary sources:

Ammons, Elizabeth. “Material Culture, Empire, and Jewett’s Country of the Pointed Firs.” New Essays on The Country of the Pointed Firs, edited by June Howard, Cambridge University Press, 1994, pp. 81-100.

Brodhead, Richard. Cultures of Letters: Scenes of Reading and Writing in Nineteenth-Century America, University of Chicago Press, 1993, chapters 4 and 5.

Donovan, Josephine. European Local-Color Literature: National Tales, Dorfgeschichten, Romans Champêtres, Bloomsbury, 2010.

---. New England Local Color Literature: A Women’s Tradition, Frederick Ungar Publishing Co., 1983.

Fetterley, Judith and Marjory Pryse. Writing Out of Place : Regionalism, Women, and American Literary Culture, University of Illinois Press, 2003.

Fetterley, Judith, editor. Provisions: A Reader from Nineteenth-Century American Women, Bloomington, Indiana University Press, 1985.

---. “‘Not in the Least American’: Nineteenth-Century Literary Regionalism,” College English, vol. 56, no. 8, 1994, pp. 877-895.

Foote, Stephanie. Regional Fictions: Culture and Identity in Nineteenth-Century American Literature, University of Wisconsin Press, 2001.

Hovenkamp, Jan Willem. Mérimée et la couleur locale : Contribution à l’étude de la couleur locale, Les Belles Lettres, 1928.

Howard, June. “American Regionalism: Local Color, National Literature, Global Circuits,” A Companion to American Fiction 1865–1914, edited by Robert Paul Lamb and G R. Thompson, Wiley-Blackwell, 2005.

Hsu, Hsuan L. “Literature and Regional Production,”American Literary History, vol. 17, no. 1, 2005, pp. 36-64.

Jordan, David M. New World Regionalism: Literature in the Americas, University of Toronto Press, 1994.

Joseph, Philip. American Literary Regionalism in a Global Age, Louisiana State University, 2007.

Kaplan, Amy. “Nation, Region, and Empire,” The Columbia History of the American Novel, edited by Emory Elliott, Columbia University Press, 1991.

Lutz, Tom. Cosmopolitan Vistas: American Regionalism and Literary Value, Cornell University Press, 2004.

Roudeau, Cécile. La Nouvelle-Angleterre: Politique d’une écriture. Récits, Genre, Lieu, Presses Universitaire de la Sorbonne, 2012.

---. “‘In Gallic Dress’: L’Amérique travestie, ou la traduction du biais régionaliste. Le cas Th. Bentzon,” Revue Française d’Etudes Américaines, vol. 138, no. 1, 2014, pp. 57-74.

Shields, Juliet. “The Literary Sketch and British Atlantic Regionalism,” Nation and Migration : The Making of British Atlantic Literature, 1765-1835, Oxford University Press, 2016.

Thiesse, Anne-Marie. Ecrire la France : le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Epoque et la Libération, Presses Universitaires de France, 1991.

Watts, Edward, Keri Holt and John Funchion, editors. Mapping Regionalism in Early American Writing, Georgia University Press, 2015.

Woertendyke, Gretchen. Hemispheric Regionalism: Romance and the Geography of Genre, Oxford University Press, 2016.

Zellwegger, Rudolf. Les Débuts du roman rustique: Suisse, Allemagne, France, 1836-1856, E. Droz, 1941.