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Écritures et pauvreté: une voix et une place pour les exclus dans la chanson et la littérature actuelles

Écritures et pauvreté: une voix et une place pour les exclus dans la chanson et la littérature actuelles

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Noémi Doyon)

Écritures et pauvreté : une voix et une place pour les exclus dans la chanson et la littérature actuelles

Colloque

Carrefour de l'information
Université de Sherbrooke
Sherbrooke, Québec, Canada
11-12 novembre 2010



Colloque organisé par
Hugo Chavarie, Noémi Doyon et Marie-Claude Tremblay, de l'équipe de recherche-création sur les Poétiques de la compassion de Nathalie Watteyne, FQRSC (avec Étienne Beaulieu, François Hébert, Yvon Rivard et Sarah Rocheville)


Appel à communications


On connaît bien la marginalité, relevant d'un choix, revendiquée par les groupes identitaires de la contre-culture, du fait qu'elle est aujourd'hui largement représentée dans certains lieux de discours consensuels, de la série télévisée aux best-sellers de la littérature étasunienne, en passant par les blockbusters hollywoodiens. Or, il existe des variantes moins discutées de cette marginalité, qui ne renvoient plus à un choix éclairé, mais plutôt à une exclusion subie, vécue au sein d'un monde parallèle qui stimula jadis la créativité des jeunes écrivains de la beat generation : celui des mendiants et autres indigents, des prostituées, des fêlés, des intoxiqués, etc. Ces exclus évoluent, selon le mot de L.-F. Céline en avant-propos au Voyage au bout de la nuit, « de l'autre côté de la vie ». S'il est vrai que cette face cachée de la vie constitue un terrain d'exploration fertile pour les créateurs, quelles sont les manifestations actuelles de cette sensibilité? Comment les représentations ont-elles évolué depuis Kerouac, Ducharme, Prévert, La Bolduc et consorts? Quelles sont les nouvelles voix de la pauvreté et de la marginalité?

Le colloque sera l'occasion de discuter et de tracer le premier bilan de la place occupée par les laissés-pour-compte dans les contenus et les formes de la chanson et de la littérature actuelles, « actuelles » étant ici entendues au sens de contemporaines, embrassant ainsi des corpus pouvant remonter au début des années 1980.

Sur le plan des contenus, nombreux sont les écrivains et les paroliers qui prennent en compte la pauvreté, la marginalité, l'altérité, que questionnent leur démarche tantôt critique et contestataire, tantôt mue par un sentiment de compassion. Dans son essai Personne n'est une île (2006), Yvon Rivard constate une tendance dominante chez plusieurs écrivains québécois – d'Octave Crémazie à Gaston Miron, en passant par Saint-Denys Garneau et Gabrielle Roy –, soit une écriture déterminée par un héritage de la pauvreté, en lien avec le sentiment de dépossession et d'aliénation des Québécois coupés de leurs origines françaises et ne se reconnaissant pas dans une Amérique anglophone. Cet héritage fait cohabiter les multiples figurations du pauvre avec des personnages marginaux, auxquels la littérature québécoise accorde une grande place, soit en leur donnant la parole, à même l'énoncé, soit en plaçant parmi les premiers ressorts de la création, des discours (humour, ironie) et des motifs compassionnels. Que l'on pense à Plume Latraverse, à Richard Desjardins ou aux Colocs, on constate que la chanson québécoise porte aussi son lot d'auteurs-compositeurs-interprètes qui ont mis en forme des figures de la marginalité : pauvres, ouvriers, mineurs, amérindiens, drogués, dépressifs, et autres exclus sociaux. Jouissant aujourd'hui d'un auditoire beaucoup plus large que celui réservé au roman et à la poésie, la chanson paraît à même, lorsqu'elle ne se contente pas de relayer les intarissables canons du main stream, de faire évoluer les perceptions et les mentalités en rapport avec la problématique qui nous occupe. Une prédilection pour les groupes minoritaires et les sujets marginaux en arrive même à dessiner les grandes lignes d'un engagement spécifique, dans le cas de certains artistes de la chanson.

Sur le plan des formes, on voudra réfléchir aux divers procédés langagiers par lesquels ces discours prennent leur consistance, leur sens et leur portée. La thématique de la pauvreté peut avoir pour corollaire esthétique une apparente pauvreté de moyens. En quoi les discours rattachés aux laissés-pour-compte gagnent-ils à puiser leur expressivité à même les richesses de la langue connue et parlée par ces êtres mêmes qu'ils choisissent de mettre en scène, et ultimement, par les lecteurs/auditeurs qui les reçoivent? Comment une pauvreté apparente devient-elle une force lorsque des artistes se réclament d'une esthétique de type « Faites-le vous-même », comme c'est le cas des Moldy Peaches, du duo californien de multi-instrumentistes Pomplamoose, du duo québécois Tricot Machine ou des anticonformistes français de Tryo? Les implications d'une telle esthétique, qui parfois n'aborde les questions de pauvreté et de marginalité que de manière « souterraine », débouchent tout autant sur des formes particulières d'engagement.

En somme, les échanges pourront porter sur les oeuvres d'auteurs et d'auteurs-compositeurs-interprètes qui, par leur style, leur écriture, leur voix, leur esthétique spécifiques, articulent des récits et des discours novateurs (révélant des identités marginales, des trajectoires particulières, excentriques) sur la marginalité, la pauvreté et la compassion.

D'une longueur de 250 mots, les propositions de communication devront être acheminées, avant le 30 juin 2010, aux adresses courriel suivantes : Noemi.Doyon@USherbrooke.ca, Marie-Claude.Tremblay2@USherbrooke.ca, Hugo.Chavarie@USherbrooke.ca. Les communications, en anglais ou en français, seront d'une durée de 20 minutes et seront suivies d'une période de questions de 10 minutes.