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Ecriture et psychose. Lire l'illisible (Perpignan)

Ecriture et psychose. Lire l'illisible (Perpignan)

Publié le par Marc Escola (Source : Laurence Aubry)

Université de Perpignan-Via Domitia (CRESEM),

Association pour la Fondation Henri Ey (APLFHEY - Perpignan), CHU de Thuir, ASM13 (Paris)

 

 Écriture et psychose, lire l’illisible.

  

Vendredi 16 octobre 2015

 Campus de l’UPVD, 52 av. Paul Alduy, Perpignan (Amphi 1)

Journée organisé par le Centre de recherche sur les sociétés et environnements en Méditerranées (Université de Perpignan-Via Domitia), en partenariat avec l’Association santé Mentale du XIII° (ASM 13,  Paris), l’Association pour la Fondation Henri Ey (Perpignan), le Centre Hospitalier Léon-Jean Grégory de Thuir.

 

Responsables: Laurence Aubry (CRESEM/ELADD), Dr Bernard Odier (ASM13).

Comité scientifique: Jonathan Pollock, Professeur et dir. du CRESEM (UPVD), Dr Vassillis Kapsembelis, dir. du Centre de psychanalyse et de de psychothérapie Evelyne et Jean Kestemberg (ASM13), Dr Bernard Bensidoun (SPP, Toulouse), M. Batailler (CHU de Thuir), Pr. Thierry Bonelli, psychanalyste (Luxembourg)

Comité d’organisation: Laurence Aubry, Dr Bernard Odier, Dr Robert Michel Palem (APLFHEY), Dr Philippe Raynaud (Centre Hospitalier de Thuir), Dr Charles Alezrah (APLFHEY)

 

Presentation :

La psychanalyse a mis l'accent sur l'écoute et la parole. Pourtant, des patients psychotiques semblent préférer l’écriture: « L’écriture n’est-elle pas l’expression de cette folie qui cherche à regagner du terrain sur un risque d’inexistence absolue? Impossibilité d’être et terreur de ne pas être, tel est le conflit… » (1)

Certains viennent en consultation avec, à la main, le canevas de ce qu'ils comptent dire. D'autres adressent à leur thérapeutes ou au Président de la république des courriers insolites; d'autres enfin écrivent des textes qu'ils livrent à leur médecin ou qu'ils gardent par devers eux, à moins ne qu'ils cherchent à les faire éditer, ce parfois avec succès. La lecture des écrits des patients délirants ou schizophrènes est un exercice qui ne laisse pas indemne. Se sont mobilisés autour de ces écrits des linguistes, des hommes de lettres, des philosophes, des cliniciens et des analystes. C'est en lisant le mémoire du président Schreber que Freud a pu proposer une interprétation globale de l'économie des psychoses(2). Le statut de l'écriture pour les psychotiques reste mystérieux. Pour certains, écrire est une hygiène, pour d'autres, un remède, d'autres enfin, cheminent sur le papier ou au clavier. 

Les soignants en psychiatrie explorent depuis longtemps la ressource thérapeutique que constitue l'écriture. Les recherches récentes autour des médiations, dans les lieux de soin les ateliers d'écriture aux modalités multiples, et d'autres initiatives encore, explorent les possibilités, les aléas et les impasses d'un tel mode d'expression et de communication. Ecrire soulage, décentre la réflexivité du regard sur soi et constitue un premier pas vers l'autre, cet autre si redouté dans la psychose. Ecrire arrime le sujet à la matérialité du langage. Ecrire, que ce soit sur le clavier ou au stylo, engage le corps. Ainsi les remarques de Jacques Lacan sur Joyce ont contribué  à dégager la notion de suppléance, aide au moi dans la psychose(3).

L'adoption généralisée de nouveaux supports constitue, après l'imprimerie, une seconde révolution par l'écriture. Aussi le moment nous semble bienvenu, de reprendre ces questions en réunissant psychanalystes, littéraires, linguistes, philosophes, soignants, etc. 

 

(1) B. Cadoux, Ecritures de la psychose. Folie d’écrire et atelier d’écriture, Vareilles, La rumeur libre éditions, 2013, nouv. éd. (1ère éd. Aubier, 1999), p. 28.

(2) S. Freud,  "Remarques psychanalytiques sur un cas de paranoïa (Dementia paranoides) décrit sous forme autobiographique", trad. coll. in Œuvres complètes, X, Paris, PUF, 1993.

(3) J. Lacan, «Joyce le symptôme», Le Séminaire, livre XXIII, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005.

 

Argument et appel à communication:

« Explication avec le blanc, nécessité de tout recréer. Voilà qui installe l’écriture dans la proximité  de la reconstruction délirante. Voilà qui rapproche étrangement le poète du psychotique. L’un et l’autre auraient comme lot commun une détresse ancienne. Tous deux ont perdu l’usage courant des mots et ne se sentent pas chez eux dans la langue », écrit encore Bernard Cadoux, fondant sur son expérience de clinicien et sur son savoir de lecteur pour interroger la dynamique des liens entre écriture et folie.

Peut-on prolonger l’enquête et comment? Qu’est-ce donc qui se révèle propice au changement dans l’activité d’écriture, pour des patients aux prises avec la désorganisation psychotique, pour des poètes ou écrivains que l’écriture n’a pas su protéger de la folie ni exempter d'un parcours psychiatrique. Est-ce une forme du transfert, réfléchi dans le contre texte de l'écrivain lecteur? Est-ce la rencontre de l'autre proche, rendue possible grâce à la médiation du texte ? Est-ce l’inscription dans la matérialité de la lettre, qui engage le corps et arrime l’identité?

Psychiatres, psychologues, psychanalystes et lecteurs écrivants, nous vous convions à un dialogue heuristique, créatif et libérateur, autour de textes réputés illisibles et de la pratique clinique mal connue des ateliers d'écriture.

 

Les axes des intervention pourront concerner:

- Les expériences de soin ou d’atelier faisant appel à l’écriture, 

- Le rapport à l'écriture de patients en milieu psychiatrique,

- Le rapport à l'écriture de poètes ou d'écrivains témoignant de leur expérience de la psychose, 

- Le psychiatre ou le psychothérapeute induit à l'écriture par le patient psychotique, 

  • Les études de textes de schizophrènes,
  • Les études de textes poétiques apparemment émancipé de la communication.

 

Les propositions de présentations cliniques (20 minutes) ou de conférences (40 minutes) sont à envoyer au plus tard le 30 mars 2015 aux deux adresses ci-dessous. Elles tiendront sur une page et comporteront un titre, un résumé de 20 lignes maximum ainsi qu'une brève notice biographique (appartenance institutionnelle, statut, expérience dans le domaine). La réponse du Comité scientifique vous sera communiquée au plus tard le 11 juin  2015.

 

Contacts:    aubry.l@free.fr

        odierbernard@wanadoo.fr