Actualité
Appels à contributions
Écrits sur l'art

Écrits sur l'art

Publié le par Julien Desrochers (Source : http://cfp.english.upenn.edu/)

 

APPEL À COMMUNICATIONS

 

Le colloque d'hiver de la SAIT aura lieu les 16 et 17 mars 2007, et aura pour thème:

« Écrits sur l’art »

 

Voici le cadrage théorique du prochain colloque de la SAIT dont les orientations traditionnelles sont l’interaction et les connexions entre les arts. La possible contradiction entre l’écriture et la perception de l’art visuel ainsi que la mise en parallèle des plaisirs littéraires ou langagiers et visuels, sont des paradoxes au cœur de la problématique des “écrit sur l’art”. Car le terme même pose problème. Il s’agira en fait de différencier ici les écrits sur l’art de la critique d’art, l’histoire de l’art, l’esthétique, voire la fiction, afin de montrer ce qu’un auteur revendique à travers ses écrits sur l’art. Sans s’intéresser aux notions de transpositions ou d’intertextualité, il importera de montrer comment ces écrits sur l’art peuvent donner à un(e) auteur(e) la liberté de s’inscrire en marge des genres et de tenter de voir ce qui les distingue des écrits esthétiques ou critiques. Il conviendra de voir si les “écrits sur l’art” se placent délibérément sur le terrain non théorique et - peut-être - plus créatif de l’“écrit” personnel, ou encore s’ils permettent d’aborder l’oeuvre d’art hors des schémas et des formes culturelles courantes, pour fonder un autre genre d’expression. L’on pourra donc s’interroger sur la généricité du terme. Ecrit-on sur l’art pour fonder un autre genre d’expression, et vers quel type de prose tend un écrit sur l’art ? L’on pourra se demander alors si le mode d’écriture de l’“écrit sur l’art” ou de l’ekphrasis tend à remettre en cause les frontières génériques, voire les frontières entre les arts.
Est-il d’ailleurs possible d’écrire sur l’art en dehors des catégories établies, et peut-on alors retrouver un regard sur l’art qui soit purifié de toutes les théories ? Y a-t-il de même une tension, voire une contradiction, entre la notion d’ekphrasis, qui est d’emblée théorisée ou codifiée, et une écriture subjective. Un écrit sur l’art peut-il ne pas être théorique ? Malgré les dénégations de son auteur, ne s’inscrit-il pas nécessairement dans la tradition de l’histoire de l’art et ne s’imprègne-t-il pas du contexte dans lequel il est rédigé ? Par conséquent, est-il possible d’aborder l’art ou une œuvre d’art hors des schémas et des formes culturelles courantes ?
L’on pourra en outre se demander comment est abordé l’art dans une narration. Quelle est la place de l’écrit sur l’art dans le roman, texte, lettre, etc, quel est son lieu, sa disposition ? En quoi tout cela donne-t-il des indications sur le rôle que ces écrits sur l’art vont jouer dans la structure de l’œuvre, sur sa fonction, ainsi que sur l’effet suscité sur le lecteur. Une question concomitante peut donc être posée : quelle est la fonction, la finalité, d’un écrit sur l’art ?
Une autre interrogation est celle de la projection du regard de l’auteur, “seul” face à l’œuvre d’art, sur l’œuvre. Ces écrits cristallisent-ils des aspirations du moment ? S’agit-il du reflet « passionné et subjectif », comme le dit Baudelaire, de la réaction du spectateur/auteur ? L’importance de la modalité, ou encore du lien entre objet et sujet, et sujet et objet, s’impose donc. Le mode de représentation de l’art, notamment, peut en outre retenir l’attention : le mode narratif reflète-t-il la technique ou le style de l’œuvre d’art ? Y a-t-il création d’un équivalent littéraire à l’œuvre décrite ? Enfin, l’écrit sur l’art ou l’ekphrasis relèvent-ils de l’imaginaire ou de la fantaisie, voire du fantasme ? L’objet d’art décrit existe-t-il dans la réalité, ou est-ce une œuvre imaginaire/imaginée ? Car le paradoxe de ce type d’écrit, notamment de l’ekphrasis, est qu’ils prétendent faire voir une peinture par des mots, alors qu’ils tendent au fond à éliminer parfois tout élément visuel en le remplaçant par ceux-ci (voir Michel Riffaterre et la notion de « l’illusion d’ekphrasis » suscitée par un texte lorsqu’il cherche à décrire quelque chose qui n’est pas du texte et qui n’est pas fait de mots). L’écrit sur l’art tend-il d’abord vers le texte, ou vers la vision, vers la présence, ou vers l’absence ?
Ainsi dans son ouvrage Détruire la peinture, Louis Marin pose-t-il une question fondamentale : « […] pourquoi parler du tableau s’il suffit, pour accomplir la finalité de l’acte de peindre, d’y prendre plaisir ou jouissance ? ». Sa réponse se formule elle aussi en forme de question, suggérant qu’aucune réponse n’est définitive : « Et parler du tableau, n’est-ce pas […] faire […] du plaisir du tableau ou de sa jouissance, un plaisir ou une jouissance de langage [ ?] »

 

Nous invitons des propositions qui traiteraient de sujets tels que :

 

  • La relation entre l’écriture et l’art, et la possibilité de représenter l’art par l’écrit.
  • L’exploration des frontières entre l’écrit sur l’art et la critique d’art : dans quelle mesure l’écrit sur l’art se situe-t-il en marge des genres et des théories ? Mais dans quelle mesure est-il aussi indissociable de ces traditions ?
  • La question du genre puisque ces écrits sur l’art ne s’inscrivent pas dans les catégories traditionnelles.
  • La place de l’écrit sur l’art dans l’œuvre de l’auteur en question, et donc, la finalité, la fonction de ces écrits ?
  • La question de la modalité, selon le terme de Kant, et l’intrusion éventuelle de l’auteur, de sa subjectivité, qui impliquent de se demander si l’œuvre décrite existe vraiment.
  • La part de l’esthétique littéraire implicite au genre ou celle de l’esthétique propre à chaque type d’art dans le mode d’écriture adopté par l’auteur.
  • Ce que l’écrit sur l’art apporte à la perception ou à l’appréciation d’un tableau, d’une sculpture, d’un film, d'une oeuvre musicale, etc.

 

Par le terme d’« écrits », nous entendons les essais, les passages de fiction – romans, nouvelles, etc. –, les poèmes, les écrits non théoriques d’auteurs/artistes sur leur propre art, les lettres d’écrivains ou d’artistes, les introductions à des catalogues, etc.

 

Bien entendu, ces propositions ne sont pas exhaustives.

 

Des propositions de 300 mots en français ou en anglais sont à envoyer à Anne-Florence Gillard-Estrada ou à Shannon Wells-Lassagne avant le 15 décembre 2006.