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Écrire le deuil dans les littératures des XXe et XXIe siècles

Écrire le deuil dans les littératures des XXe et XXIe siècles

Publié le par Marielle Macé (Source : Catherine Milkovitch-Rioux)


Écrire le deuil dans les littératures des XX-XXIe siècles

Colloque du CRLMC
5-6 mars 2009

Appel à communication

Dans l'essai qu'il consacre à L'homme devant la mort, Philippe Ariès souligne que la mort, pas plus que la vie, n'est un acte seulement individuel : accompagnée de rituels, la cérémonie a pour but de marquer la solidarité de l'individu avec sa lignée ou sa communauté. On sait que chaque époque, chaque société et chaque culture a sa façon d'envisager la mort, ses représentations, ses rites. Ceux-ci témoignent à la fois d'un universel de la mort, et de manières particulières de vivre le deuil.

Le colloque « Écrire le deuil » soulève deux interrogations : quelles sont les formes de représentation du deuil dans les différentes traditions culturelles ? Comment se noue, selon la belle expression de Dominique Rabaté, « l'alliance de la lettre et de la perte » ? Il s'agira d'analyser et d'interpréter les expressions littéraires du deuil aux XXe et XXIe siècles, tant dans le roman, les récits autobiographiques, le théâtre que dans la poésie.
Le deuil implique l'homme aussi bien dans son intériorité que dans son extériorité. L'on s'interrogera non seulement sur les modalités d'écriture des manifestations physiques ou psychiques qu'engendre l'absence de l'autre, et des émotions que celle-ci suscite, mais aussi sur les modes de représentation et de symbolisation. Le deuil porte-t-il avec lui le ressassement, le souvenir obsessionnel, le délire, le déni, le refoulement, la volonté d'oublier, ou encore la recréation de l'autre, voire la fusion avec le disparu ? Quel sens la mort de l'autre peut-elle prendre : peut-elle s'inscrire dans l'ordre des choses ? Sous quelle forme l'assentiment, voire la sublimation de la mort peuvent-ils s'exprimer ? De quelle manière l'irrémédiable est-il notifié ?
Dans cette expérience du temps « qui ne doit et ne peut passer » (Dominique Rabaté), l'attention sera également portée sur les tensions entre rupture et désir de continuité : l'écriture affirme-t-elle une continuité entre le monde des vivants et celui des morts ? Quelles relations établit-elle entre l'ici-bas et l'au-delà ? Dans quelle limite, et selon quelles formes stylistiques, éprouve-t-on dans cette expérience un sentiment de déréliction, voire un vacillement des croyances ? L'accent pourra être mis sur toutes les modifications de la conception du temps, des perceptions d'un vécu très intense de l'instant, à l'avènement d'un temps douloureusement dilaté, et aux effets de la durée.
On s'intéressera en particulier aux relations entre deuil et identité : comment est traduite la mutilation de soi vécue dans la perte de l'autre ? Quelles représentations sont-elles données de la brisure de l'individu, ou de la collectivité qui subit le deuil ? À l'instar du travail psychanalytique, la littérature est-elle constitutive d'un « travail de deuil » que générerait, ou dont rendrait compte l'écriture ? La littérature peut-elle être définie dans son essence comme le lieu même de la perte ?
Pour répondre à ces questions, nous prendrons en considération des approches d'ordre littéraire, socio-poétique ou stylistique, sans écarter des éclairages empruntés à d'autres domaines des sciences humaines : sociologie, anthropologie, philosophie, psychanalyse, etc. Le champ d'études sera ouvert aux littératures occidentales, dans l'acception la plus large (littérature européenne, américaine, russe, etc.), ainsi qu'aux littératures de langue française, en particulier dans les sphères culturelles du Maghreb et de l'Afrique.
Les propositions de communication (titre et résumé d'une dizaine de lignes), ainsi qu'une brève notice bio-bibliographique, devront nous parvenir (de préférence par mail) avant le 30 juin 2008 :

Bernadette HIDALGO-BACHS
Université Blaise Pascal
Département d'Espagnol
34 avenue Carnot
63 000 CLERMONT-FERRAND
hidalgo.bachs@yahoo.fr

Catherine MILKOVITCH-RIOUX
Université Blaise Pascal
Département de Français
29, Bd Gergovia
63 000 CLERMONT-FERRAND
Catherine.Milkovitch-Rioux@univ-bpclermont.fr