Questions de société

"École : Comment organiser la précarité" (Témoignage Chrétien - 13/09/2011)

Publié le par Bérenger Boulay

École : Comment organiser la précarité -  Par Ariane Puccini

Témoignage Chrétien - 13/09/2011


Ce sont les pompiers de l'éducation nationale : les professeurs contractuels. Sans formation en IUFM, souvent assurant les remplacements de dernière minute, parfois en CDD, ils doivent enseigner à des collégiens et lycéens.


« Cherche professeur de collège/lycée en CDD pour la rentrée 2011. » Les annonces qui paraissent via Pôle Emploi à la demande de l'Éducation Nationale pourraient être rédigées ainsi. Car cela devient une habitude : les rectorats font de plus en plus appel à des professeurs non-titulaires.

Ceux-ci ne sont pas fonctionnaires, n'ont pas passé les concours de recrutement (Capes, agrégation), et doivent, sans formation adéquate mais à condition d'être titulaire d'un bac + 3, dispenser des cours à des collégiens et lycéens. À la rentrée 2010, les salles des profs comptaient en moyenne 6 % de non-titulaires, soit 32 000 professeurs dans l'enseignement privé et public.

Une tendance à la hausse sur les six dernières années scolaires : dans le public, le nombre de non-titulaires a bondi de plus de 60 %. Tandis que sur la même période, le nombre d'admis aux concours dans l'enseignement public a reculé de 40 % et que 16 000 suppressions de postes sont annoncées à la rentrée 2011, le recours aux professeurs non-titulaires ne surprend pas les syndicats.

INSÉCURITÉ PERMANENTE

« Variables d'ajustement » pour l'Éducation Nationale, selon eux, les professeurs non-titulaires assurent les remplacements ponctuels mais occupent aussi des postes qui n'ont pas été pourvus par les concours. « Pour certaines matières, les concours ne sont simp­lement pas ouverts alors que l'enseignement existe », explique Matthieu Brabant, responsable du collectif non-titulaire de la CGT Éduc'action.

Sur l'académie de Créteil, championne métro­politaine en matière de précarité des professeurs, le nombre de non-titulaires représente 10 % de l'ensemble des enseignants. « Cela a des conséquences sur la qualité de l'enseignement, explique Dominique Chauvin, co-secrétaire général du SNES Créteil. Parce que ce sont des gens qui n'ont pas de formation professionnelle (dans l'éducation, NDLR). Mais aussi parce que ce sont des personnels qui ne sont pas sûrs d'être en poste l'année suivante. »

« Ils sont dans l'insécurité morale permanente et subissent de fréquentes interruptions de paie, détaille Éric Degorce, secrétaire adjoint Force ouvrière pour l'académie de Créteil. Par exemple, un vacataire qui aurait commencé à travailler le 1er janvier peut espérer toucher un acompte fin mars. »

Car face à la précarité, les non-titulaires ne sont pas tous égaux. Les vacataires ne sont payés qu'à l'heure enseignée pour un maximum de 200 heures par an, et ne bénéficient pas d'indemnités chômage. Les contractuels signent un contrat pour un certain nombre d'heures sur un an maximum, et bénéficient d'indemnités-chômage.

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