Questions de société
E. Perrin, Au coeur d'une jeunesse révoltée. Du mouvement CPE à la lutte contre la LRU

E. Perrin, Au coeur d'une jeunesse révoltée. Du mouvement CPE à la lutte contre la LRU

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Poolp - inter-seminaire.org)

Inter-seminaire.org - 08 juin 2010

Evelyne Perrin à l'occasion de l'inter-séminaire des 4-5-6 juin 2010 donne à lire et à commenter le manuscrit de son livre sur les mouvements étudiants de ces dernières années : AU COeUR D'UNE JEUNESSE RÉVOLTÉE - Du mouvement CPE à la lutte contre la LRU, Une jeunesse en quête d'avenir (à paraître).


 Sur le site Inter-seminaire.org: le sommaire, l'introduction et la conclusion du livre. A noter un chapitre sur les nouvelles formes d'organisation, ainsi qu'une rencontre avec les séminaires autogérés issus de ces mouvements récents. Sur ce même site, un chantier ouvert de lecture et commentaire de l'ouvrage.

Prendre contact pour recevoir le manuscrit dans son intégralité.

evelyne.perrin6 (AT) wanadoo.fr
jo (AT) inter-seminaire.org

Biographie de l'auteure : Soiologue de métier, diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris et de sciences économiques, et aujourd'hui retraitée, Evelyne Perrin milite depuis de nombreuses années dans les mouvements de chômeurs et de précaires et mène des enquêtes sociologiques sur divers mouvements sociaux.


Sommaire:

INTRODUCTION
Méthodologie

LA CONDITION ÉTUDIANTE ET SES DIFFICULTÉS

1. Massification et ségrégation sociale
2. Revenus insuffisants et salariat étudiant
3. A quel prix se loger ?
4. Le coût des études
5. Le syndicalisme étudiant et ses revendications
6. Les mobilisations antérieures au CPE

CHAPITRE II . LA MOBILISATION DE 2006 CONTRE LE CPE

1. Le contrat « Nouvelles Embauches » ou l'institutionnalisation de la précarité
2. Un démarrage extrêmement laborieux
3. Quand la mayonnaise prend : l'extension de la lutte aux lycéens et aux salariés, avec un large soutien populaire et politique
4. De nouvelles formes d'organisation
5. Le paroxysme de l'affrontement au pouvoir
6. Derrière le rejet du CPE, quelles revendications ?
7. La défaite du gouvernement et le reflux du mouvement
8. Avec le mouvement des banlieues, l'impossible connexion
9. Les acquis de cette lutte : Une génération militante, prête à rebondir

CHAPITRE III. LA LUTTE CONTRE LA LRU À L'AUTOMNE

1. Avant la LRU, le LMD
2. La LRU, une loi très complexe
3. Un démarrage très rapide de la mobilisation
4. Le peu de soutien syndical et populaire
5. L'échec du mouvement
6. Les leçons de l'échec et les lendemains du mouvement
7. Les effets de la mise en place de la LRU

CHAPITRE IV. LE MOUVEMENT LYCÉEN DU PRINTEMPS

1. Une nouvelle politique de l'école
2. La montée du mouvement et le faible soutien des adultes
3. Le bilan de la mobilisation lycéenne de 2008
4. L'apprentissage militant

CHAPITRE V. 2009, LA MOBILISATION DES UNIVERSITAIRES

1. Un mouvement unitaire, radical et obstiné
2. Le rôle clé de Sauvons l'Université
3. Luttes croisées
4. Une forme originale : la « Ronde des Obstinés »
5. Le chantage des examens et l'essoufflement du mouvement
6. Impasse et coût social de la position du gouvernement

CHAPITRE VI. CE QUI COURT D'UN MOUVEMENT Á L'AUTRE

1. Le refus de la précarisation de la jeunesse
2. Le rejet de la marchandisation du monde. Pour une école et une université gratuites, indépendantes et égalitaires
3. Un sentiment : l'absence d'avenir
4. Des forces vives qui interpellent vainement la gauche

CONCLUSION

INTRODUCTION

La France a connu, sous des gouvernements de droite, plusieurs mobilisations successives d'étudiants et de lycéens entre le printemps 2006 et le printemps 2008, peu après la spectaculaire révolte des banlieues en novembre 2005. Ces mouvements se sont poursuivis et élargis aux enseignants-chercheurs au printemps 2009.
Il s'est d'abord agi de la lutte contre le CPE (« Contrat Première Embauche ») introduit au début de l'année 2006 par le gouvernement de Dominique de Villepin, et créant une période d'essai de deux ans pour les jeunes de moins de 26 ans. Ce mouvement fut l'un des plus massifs qu'ait connu la France au regard des différentes mobilisations étudiantes et lycéennes précédentes; il s'est soldé par le recul du gouvernement et le retrait du CPE.
A l'automne 2007, la Loi de Réforme des Universités (LRU), qui introduisait le secteur privé dans les conseils d'administration des universités et en favorisait une privatisation rampante sous couvert d'autonomie, a suscité un mouvement très large de rejet de la part des étudiants ; mais cette mobilisation, pourtant longue et importante, n'a pas suffi à faire retirer la loi incriminée. Ce n'est que lorsque sont parus les décrets d'application de la loi LRU qu'au début de l'année 2009 les enseignants-chercheurs et universitaires sont entrés dans un mouvement massif et prolongé d'opposition et de grève.
Enfin, au printemps 2008, l'annonce de sévères suppressions de postes dans les lycées et la menace d'une remise en cause du baccalauréat comme diplôme national ont déclenché un mouvement de révolte lycéenne très important, là aussi sans succès.
La commune intensité et détermination de ces mouvements, confrontée à la divergence de leurs résultats, suscite des questions : pourquoi, lors du CPE, les étudiants, partis d'une poignée de militants, ont-ils réussi à entraîner avec eux de nombreux camarades d'études et les lycéens, puis de larges couches de la population, des enseignants et parents d'élèves aux salariés, jusqu'à amener dans la rue des millions de citoyens ? Pourquoi ce succès n'a-t-il pu se reproduire contre la loi LRU, qui pourtant remettait en question la mission éducative fondamentale de l'université en la laissant aux prises avec les intérêts des entreprises ? Et pourquoi les lycéens ont-ils été laissés aussi seuls dans leur lutte contre les suppressions de postes – un combat en quelque sorte pour compte d'autrui ?

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CONCLUSION

Le mouvement étudiant du CPE à la LRU

Dans ces dernières années, la jeunesse, notamment étudiante, a été à l'origine de deux mouvements puissants de résistance à l'ordre néo-libéral, au printemps 2006 contre le CPE, et en 2007-2008 et 2008-2009 contre la LRU. Les deux mouvements ont ceci en commun qu'ils ont lutté contre deux facettes des réformes néo-libérales : l'instauration d'un nouveau contrat précaire pour les jeunes, avec le CPE, et la privatisation de l'université et sa soumission aux logiques marchandes, avec la LRU. Ce qui distingue fortement les deux mouvements est que la lutte contre le CPE, partie de la jeunesse scolarisée ou étudiante, a rapidement gagné de larges couches de la société, parents d'élèves, enseignants, salariés ; tandis que la lutte contre la LRU n'a pas réussi à franchir le monde étudiant et universitaire et n'a pas sensibilisé notablement le reste de la population. Malgré la victoire du premier mouvement, et la perspective d'un échec au moins momentané pour le second, les deux mouvements ont en commun d'avoir constitué des apprentissages militants forts et durables, et d'avoir suscité une large prise de conscience dans la jeunesse.

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