Essai
Nouvelle parution
E. Faye, L'homme sans empreintes

E. Faye, L'homme sans empreintes

Publié le par Marc Escola

Eric Faye, L'homme sans empreintes

Stock, 2008, 263 p.

EAN : 9782234061231
19,00 €  


Avez-vous jamais connu, dans votre vie, l'instant où la femme découvre que l'homme qu'elle aime est un inconnu ? Cet instant-là, je ne cesse de le revivre, des années après la mort de Stig.
Instant tour à tour effrayant, fascinant... Je croyais tout savoir de lui, or je ne savais presque rien de cette part de lui qui s'appelait B. Osborn, écrivain de renom international qui se cachait sous l'identité de Stig Warren, vitrine si parfaite que je l'ai toujours appelé ainsi, Stig, sans avoir jamais su quel avait été le nom véritable de mon compagnon de vie, de lit, à sa naissance, dans la cour d'école, au temps où l'enfant ne sait pas qu'il lui faudra bientôt se cacher jusqu'au bout."

De l'Amérique centrale à la Baltique, plusieurs personnes - dont un journaliste, une ancienne maîtresse mais aussi un Hitchcock hanté par Kim Novak - essaient d'arracher son masque à l'écrivain Osborn, qui se cache derrière plusieurs identités.
Leurs "enquêtes" recomposent peu à peu le puzzle d'un homme poursuivi par l'Histoire tout au long du XXe siècle, de l'échec des révolutions aux autodafés nazis, des archives de la Stasi à la chute du Mur de Berlin. Inspiré de B. Traven, l'auteur énigmatique du Trésor de la Sierra Madre, Osborn, qui a fait le choix de la clandestinité, pose la question de l'effacement de l'artiste derrière son oeuvre, de la biographie impossible, mais aussi de la seconde chance.

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On peut lire sur le site du Monde un article sur cet ouvrage : "Enquête sur une ombre", par J.-L. Douin.

"L'homme s'appelle Osborn. C'est un écrivain de renom qui se cache sous l'identité de Stig Warren, son prétendu agent. Deux femmes tentent de reconstituer sa biographie. Aurélia Valaredo, qui fut son épouse et découvrit un jour qu'il était double, et Rebecca Donegal, la narratrice, qui fut sa dernière amante après s'être fait passer pour une prof d'université rédigeant une thèse sur son oeuvre.

Elles ne sont pas les seules à enquêter sur cet Homme sans empreintes qui refuse d'être photographié, apparaît coiffé d'un chapeau reléguant dans l'ombre une bonne partie de son visage, et qui, avant de venir s'installer au Costaguana et de s'inventer des origines américaines, dirigea à Berlin une revue anarchiste et côtoya Rosa Luxemburg avant de fuir la répression du mouvement spartakiste. Aguila Mendes, journaliste devenu homme politique, tenta jadis de le démasquer.


Aujourd'hui, c'est un certain Thomas Ahorn, auteur allemand d'une thèse sur J. D. Salinger, passionné par la mystification d'Ossian et adepte de la prose de Pynchon, qui promet des révélations sur celui qui, tel un poulpe laissant échapper un nuage d'encre pour semer ses poursuivants, ne cessa d'écrire, en plusieurs langues, et de multiplier les patronymes pour brouiller les pistes."