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Appels à contributions
Du rock avant toute chose

Du rock avant toute chose

Publié le par Pascal Brissette (Source : David Vrydaghs)

Du rock avant toute chose
Littérature et musique rock

Collectif à paraître dans la revue @nalyses

Appel à contributions


L’étude des rapports entre littérature et musique au XXe siècle a
privilégié les genres musicaux les plus « nobles » (la musique classique,
l’opéra et, dans une moindre mesure, le jazz), délaissant à des degrés
divers d’autres formes d’expression, comme la chanson, le rap et, surtout,
le rock. La faute en revient à un corpus inexistant et/ou peu légitime,
pensera-t-on. Pourtant, depuis les années 1970, plusieurs romanciers
anglophones et francophones ont écrit sur cet enfant du blues,
s’appropriant les mythes et représentations qui y sont attachés ; dans le
même temps, de nombreux rockeurs ont fait référence à la culture lettrée
dans leurs chansons. Les échanges symboliques entre ces deux pratiques
apparaissent à quiconque veut bien les voir ; multiples et riches
d’interrogations, ils demandent à être étudiés de manière spécifique.
C’est de ce dialogue dont nous souhaitons rendre compte et, pour ce faire,
on partira des textes et chansons qui se sont chargés de représenter
l’autre art. Les écrits littéraires mettant le rock en texte ne manquent
pas. En français, on pensera au Jeune homme trop gros d’Eugène Savitzkaya
(Minuit, 1978), qui prend pour objet d’écriture la figure légendaire
d’Elvis Presley ; aux textes et romans de Jean-Jacques Schuhl, dont le
récent Ingrid Caven (Gallimard, 2000) ; à la biographie des Rolling Stones
par François Bon (Fayard, 2002) ; ou encore aux écrits des jeunes auteurs
invités par « Naïve Sessions », une collection des éditions Naïve
consacrée au rock (François Bégaudeau, Olivier Rohe, Claro, Maylis de
Kerangal, Arno Bertina, tous salués récemment par le magazine Les
Inrockuptibles ). Côté anglais, on signalera les romans Great Jones Street
de Don DeLillo (Houghton Mifflin, 1973), que la quatrième de couverture
présente comme « the story of Bucky Wunderlick, a rock star who goes
underground » ; American Psycho de Bret Easton Ellis (Vintage Books,
1991), dont le personnage principal, on l’oublie parfois, ne fait pas
seulement dans le meurtre, mais aussi dans la critique de rock ; ou encore
Dwarves of Death de Jonathan Coe (Fourth Estate, 1990), portrait de
musiciens ratés dans le Londres des années 1980.
Les rock songs se référant à la littérature sont encore plus nombreuses.
La présence massive de Lautréamont dans les premières chansons de Noir
Désir, sous les modes de l’allusion et de la citation ; les références et
emprunts que des groupes comme Joy Division ou Led Zeppelin ont faits à la
littérature de science-fiction (à l’œuvre de J.G. Ballard notamment) et à
l’Heroïc Fantasy (avec Lord of the Rings de J.R.R. Tolkien comme fonds de
représentations et de citations privilégié) ; les adaptations rock
d’œuvres littéraires, comme le classique Animals de Pink Floyd (qui
reprend La Ferme des animaux d’Orwell) ou le morceau non moins célèbre de
The Cure, « Killing an Arab », réécriture de L’Étranger d’Albert Camus,
fourniront autant d’objets aux chercheurs désireux d’interroger ce corpus.
On pourra également se pencher sur les collaborations entre musiciens et
écrivains : que se passe-t-il quand Michel Houellebecq traite ses sujets
privilégiés au sein d’un groupe rock et non plus en poésie ou dans le
roman ? quand William Burroughs écrit pour Nirvana ?
Sans imposer de protocole de lecture, nous privilégierons les articles
interrogeant les valeurs et visions du monde véhiculées et travaillées par
ces mises en scènes littéraires de la scène rock ou/et par les
réappropriations rock du patrimoine littéraire. Nous accueillerons
également les contributions étudiant les hybridations qui s’opèrent entre
les « postures  » d’écrivains et celles des rockeurs (on pourra se
demander dans quelle mesure la figure de l’écrivain maudit a servi de
modèle pour toute une série de rock stars ou, inversement, quelles ont été
les influences de la pose rock star sur la présentation de soi des
écrivains se réclamant d’une littérature « en marge »).
Les propositions d’article doivent être envoyées à l’adresse suivante :
d.vrydaghs@ulg.ac.be avant le 1er novembre 2007. Les articles seront remis
à la même adresse, en document Word joint, avant le 1er avril 2008. Ils
devront être rédigés en français et ne dépasseront pas 7000 mots.
Le collectif paraîtra dans @nalyses, revue de critique et de théorie
littéraire (www.revue-@nalyses.org).

Yan HAMEL, Télé-université (Université du Québec à Montréal)
Olivier PARENTEAU, Université McGill
David VRYDAGHS, F.N.R.S./Université de Liège