Questions de société
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Dossier "Le plagiat à l'université et dans la recherche" (màj 06/10/10)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

Le plagiat de thèse reste un tabou à l'université Par Louise Fessard, Médiapart, 4 octobre 2010

Les universités sont aujourd'hui armées contre le plagiat de la «génération internet», prompte au copier-coller. Mais que se passe-t-il quand c'est un enseignant, et non un étudiant, qui plagie ? Mediapart relate deux cas d'universitaires qui ont conservé leur poste, malgré un plagiat de thèse avéré.


Face à la banalisation du plagiat grâce à Internet, plusieurs universités françaises s'équipent actuellement de logiciels anti-copie pour détecter les tricheurs parmi leurs étudiants. « Avec le copier/coller, un étudiant peut aujourd'hui faire un mémoire en une demi-journée, si bien que les enseignants-chercheurs passent presque autant de temps à vérifier l'originalité des mémoires qu'à les lire », regrette Alain Milon, professeur de philosophie à l'université Paris-X Nanterre. Mais que se passe-t-il quand le plagiaire est lui-même un universitaire en poste ?

« Ces dernières années ont vu un nombre croissant de fraudes d'étudiants et de saisies des commissions disciplinaires, explique Hélène Maurel-Indart, qui, la première en France, a abordé ce sujet dans son livre Plagiat, les coulisses de l'écriture. En revanche, le plagiat commis par les universitaires eux-mêmes reste un tabou. » D'autant que « ce n'est pas le même niveau de gravité, car les enseignants sont censés véhiculer un certain rapport au savoir », remarque Simone Bonnafous, vice-présidente de la Conférence des présidents d'université (CPU) et présidente de l'Université Paris-Créteil, qui veut croire à des « cas exceptionnels ».

Pas étudié, le phénomène est difficile à quantifier. Hélène Maurel-Indart, professeur de littérature à l'université de Tours, suppute « une croissance, liée comme pour les étudiants aux nouvelles technologies, d'autant plus que l'évaluation des universitaires, qui se fait désormais en fonction du nombre de publications, crée une pression à la publication ». Selon une étude menée par Six Degrés (qui commercialise le principal logiciel anti-plagiat) et l'université de Lyon en 2007 auprès de 1219 personnes (pour la plupart en école d'ingénieur), quatre étudiants sur cinq déclarent avoir recours au copier-coller et neuf enseignants sur dix ont déjà été confrontés à cette pratique. Des chiffres qui plantent le décor mais ne disent rien sur l'ampleur de la pratique chez les universitaires eux-mêmes.

« En France, les tricheurs sont couverts par le silence parce que les juristes ont décidé qu'il ne fallait pas citer les noms des plagiaires, dit Michelle Bergadaà, professeur de marketing et communication à l'université de Genève, qui a créé en 2004 un site consacré au plagiat universitaire. De plus, les universités françaises ne font rien, souvent par peur de jeter un discrédit sur le département concerné, mais aussi parce qu'elles ne savent pas quoi faire face à un enseignant en poste. » Aucune des personnes interrogées n'a d'ailleurs souvenir d'un enseignant-chercheur sanctionné pour pillage. « Au scandale du plagiat s'ajoute celui de l'étouffement », estime un enseignant de l'université de Picardie, récemment confronté à cette situation dans son UFR Arts.

Lire la suite sur le site de SLU ou sur Médiapart.

Liens:

Archéologie du "copier-coller", blog de par Jean-Noël Darde.

Internet: Fraude et déontologie selon les acteurs universitaires, site de Michelle Bergada.

Sur ce lite de Michelle Bergadaà, ce test à remplir, qui est plein d'enseignement:

http://responsable.unige.ch/index.php?main=b-29-4

Quelques réflexions sur ce dernier site et sur ce test: rien n'est dit sur la mise à distance ou la dénonciation du contexte politique global d'aliénation à la course à l'échalote: à savoir que promouvoir les critères économiques pour la recherche (excellence, quantitatif, etc.), aliène et écrase ceux-là même qui pensaient en ressortir grandis ou vainqueurs et les conduit à s'autoplagier (ressortir un article sous différentes publications) et à plagier.... Quant à la supposée réserve du petit doctorant qui se morfond dans son coin après avoir été plagié, là aussi on laisse tomber: constituer un comité de soutien et organiser un mailing généralisé d'établissement des faits devrait être aujourd'hui à portée du premier communicant venu - à condition, là aussi, qu'il y ait des lieux sur internet et ailleurs qui fassent connaître cette démarche d'outing.