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DoctoLIS (séminaire doctoral du LIS) :

DoctoLIS (séminaire doctoral du LIS) : "Méthodes philosophiques, méthodes littéraires"

Publié le par Vincent Ferré (Source : Guillaume Lacheray)

DOCTOLIS : SÉMINAIRE DOCTORAL ANNUEL DE L’EA L.I.S.

"Méthodes philosophiques, méthodes littéraires"

 

le samedi 22 mars 2014 de 10h à13h à l’UPEC

LLSH / Salle Erasme

( i3-218 Campus Centre )

 

Nous vous invitons à venir nous rencontrer, partager, analyser ensemble, réfléchir dans le cadre de  la première séance introductive de ce séminaire en faisant appel :

  • d'une réflexion transséculaire, interdisciplinaire, transdisciplinaire, historique, théorique ou épistémologique sur les questions de méthode et de méthodologie

  • d'un état des lieux de la thèse en cours, spécifiant l’utilisation de méthodes distinctes

  • de l’étude du corpus de thèse visant à mettre en lumière les exploitations méthodologiques qui ont précédées les interactions engendrant les explorations problématiques

  • d'une une visée pratique, critique ou applicative de certaines théories méthodologiques

  • une vision personnelle de la recherche analytique, herméneutique entre problématique et réflexion, afférence de la règle vis-à-vis du problème rencontré, circonspection du problème précédant la pensée problématique                          

 La séance se fera en visioconférence : vous pouvez participer même si vous êtes à l’étranger ou éloigné de la région Ile de France !

  Ce séminaire est le vôtre ! Il sera ce que vous en ferez !   

                    

 « Méthodes philosophiques, méthodes littéraires »

L’une des spécificités de la littérature réside dans son intérêt pour l’originalité des styles, d’où son existence se fondant sur une certaine quête de la singularité. La philosophie, à l’inverse semble se caractériser par une certaine visée de l’universalité ; quand bien même elle peut parfois revêtir l’habit de l’histoire de la philosophie à travers son étude de systèmes singuliers, son objet, le concept, a toujours une visée universelle. Quant à l’objet de la science littéraire, selon Jackobson , il « n’est pas la littérature mais la littérarité », c’est-à-dire la prédominance de la fonction poétique productrice d’effet esthétique sur les fonctions de représentation, d’expression et de communication.

Bien que le langage littéraire soit immergé dans l’ensemble du discours sociétal, il ne vit partiellement que par la différenciation, qu’en s’en différenciant. En revanche, l’usage que la philosophie fait du langage relève de la logique, en tant qu’organon. Productrice de sens, la forme essentielle lui importe davantage que la forme matérielle. Elle vise à produire des raisonnements et des concepts prenant pour objet l’être ou la vérité. L’abstraction et la quête de sens qui fait son essence qualifie ainsi une autre manière de se différencier du sens commun et du discours sociétal. Pour de telles différences d’objets, y a-t-il des méthodes différentes ?

Pour autant, les disciplines, littéraire et philosophique, se croisent parfois, ainsi, est-il possible d’étudier la littérarité de certains textes philosophiques. De même, est-il possible d’utiliser des outils élaborés par les philosophes pour aborder un problème littéraire. Quelle peut être la fécondité de telles démarches ? Sont-elles complémentaires ? S’agit-il de méthodes différentes ?

« Dites-moi comment vous cherchez, je vous dirai ce que vous cherchez » nous dit Wittgenstein… Méthode, méthode, mais que désigne exactement le terme de méthode ? L’étymologie nous révèle qu’il est une route, un chemin (hodos) vers (méta) qualifiant ainsi un ensemble de démarches raisonnées et rationnelles empruntées pour parvenir à un but déterminé. Nous partirons d’une sensible distinction sémantique qu’on peut établir entre deux acceptions proches de la notion de méthode.

La première, renvoie à l’un de sens ancien de « methodos » où le terme signifie seulement « recherche », mais où il peut aussi parfois être employé en place de theoria ou d’epistèmè, c’est-à-dire que methodos renvoie à l’idée de connaissance d’un certain sujet, voire de doctrine. La méthode désignerait ainsi la manière qu’on a eu d’ordonner, sur un même sujet, ses idées, ses jugements et divers raisonnement de façon à faire connaître son sujet, sans qu’il y ait eu au préalable un programme établi à suivre, mais plutôt un ensemble d’habitudes de raisonnement acquises. (cf. Logique de Port-Royal, Introduction, 6-7). La méthode, en ce sens, implique de ne pouvoir uniquement et strictement se formuler qu’au contact de son objet, de ne se découvrir que dans l’application d’opérations réflexives.

De là, la seconde acception, au sens où l’on conçoit que, de la manière suivie pour arriver à un certain résultat, et des éventuelles erreurs de raisonnement commises, on peut tirer des règles destinées à être suivies à l’avenir. La méthode tend alors à désigner un programme indépendant de « règles pour la direction de l’esprit » (Descartes), établissant les opérations à accomplir dans une opération de l’esprit. La méthode serait donc cette construction objectivable, décrivant une direction définissable, à suivre régulièrement. Méthode analytique, herméneutique, phénoménologique, structuraliste ou encore approche exégétique, immanente (autotélique), contextuelle, pragmatique, de déconstruction… La méthode en ce sens peut se partager et s’enseigner. Elle se trouve aussi à s’appliquer directement ou indirectement diversement.

Selon la première acception, « méthode » est le nom que l’on pose rétrospectivement sur le cheminement de pensée qu’on a accompli. Mais peut-on alors véritablement parler de sa méthode avant d’en avoir éprouvé la validité ? Est-il possible de porter un regard surplombant sur l’œuvre ouvragée ou analysée afin de décrire son parcours d’élaboration ?

Selon la seconde acception, la méthode est un ensemble ordonné de règles et d’opérations à effectuer par l’esprit. Mais ces règles sont-elles valables quel que soit l’objet ? Ou bien, au contraire, ne peuvent-elles s’appliquer que vis-à-vis de la matière disciplinaire qui a d’abord permis de l’établir ? Une telle méthode peut-elle être conçue relativement depuis le creuset de chaque socle disciplinaire, ce indépendamment de tout objet, ou bien établit-elle selon une directionnalité précise un objet déterminé ? L’emprunt de méthodes est-il possible ou n’y a-t-il qu’une seule manière de « bien penser » ? La méthode peut-elle contraignante ou est-ce l’objet ou le contexte qui imposent une certaine manière d’enquêter ?

 

  • La méthode est l’ordre des idées : L’objet construit la réflexion et la méthode ne se constitue qu’au fur et à mesure de l’étude de l’objet. Comment puis-je décrire ma manière de procéder ? Puis-je en inférer une méthode ? Un ensemble de règles ?

  • Une méthode est un ensemble préétabli de règles à suivre dans un certain but : La méthode suivie est celle d’un courant de pensée, d’une école philosophique, d’une école littéraire. Lequel ? S’agit-il d’une méthode applicable à des objets de nature variée ? Lesquels ? S’agit-il d’une méthode applicable au seul texte ? Au seul concept ? Comment clarifier ma pensée ? Quelle méthode ?

  • J’applique une méthode reconnue à un objet spécifique. Exemplier d’applications relatif à mon sujet. Mon objet d’étude est-il l’objet naturel de cette méthode ? La méthode peut-elle être contraignante ? Mon objet d’études est-il un objet nouveau, auquel cette méthode n’a jamais été appliquée ? Si j’applique diverses méthodes dans ma recherche, comment se restitue la cohérence de la réflexion ? Pourquoi ai-je besoin de m’en référer à diverses méthodes ? L’emploi d’outils spécifiques peut-elle modifier les résultats, leur préhension ma compréhension, son herméneutique ?  Dans quelle mesure une méthode produite dans un certain contexte peut-elle être valable pour un tout autre contexte (l’un des problèmes soulevé par les post-cultural studies par exemple...).

 

 

Rappel du déroulé de la séance  (transmise en visioconférence) :

Des interventions de 15/20min selon un thème prédéterminé à l’avance et différent à chaque rencontre, à l’image des interventions dans le cadre du séminaire de recherche du LIS. Brèves interventions de 5min connexes au thème prédéterminé, à propos de questionnements et problèmes rencontrés en cours de recherche, interventions ouvertes visant la discussion avec les auditeurs. Workshops de 20/25 min : atelier en petits groupes avec une courte préparation individuelle en amont sur le sujet du jour. Objectif principal : constitution d’un lexique, confrontations de moyens différenciés pour l’acquisition d’une boîte à outils conceptuels  et bibliographiques profitable à chacun. Bref débat entre deux duellistes à l’issue des workshops sur le modèle des concours d’éloquence en droit, entre 2 orateurs (5min/5min) avant une discussion d’environ 10 min avec les auditeurs.

 

Nous vous invitons également à venir participer en tant qu’auditeur actif à notre séminaire au sein des petits groupes d’atelier ou à intervenir lors des discussions ouvertes.

 

Ludovic Perchot (perchotludovic@gmail.com), Syrine Snoussi (syrine.snoussi@orange.fr)

 (Doctorants du L.I.S.)