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Dire, penser et éprouver l’image, entre théologie, rhétorique et esthétique durant la première modernité

Dire, penser et éprouver l’image, entre théologie, rhétorique et esthétique durant la première modernité

Publié le par Marielle Macé (Source : Agnès Guiderdoni-Bruslé)

(English version available on the website: http://gemca.fltr.ucl.ac.be/)

Le groupe d'Analyse Culturelle de la Première Modernité (GEMCA) de l'université catholique de Louvain (Belgique) organise les 18, 19 et 20 septembre prochain un colloque international intitulé: "Dire, penser et éprouver l'image entre théologie, rhétorique et esthétique durant la première modernité".

Organisateurs : Ralph Dekoninck (FNRS, UCL) et Agnès Guiderdoni-Bruslé (FNRS, UCL)

Comité scientifique : Barbara Baert (KULeuven), Ralph Dekoninck (FNRS, UCL), Maarten Delbeke (Gent-Leiden), Pierre-Antoine Fabre (EHESS, Paris), Reindert Falkenburg (Leiden), Françoise Graziani (Paris VIII), Agnès Guiderdoni-Bruslé (FNRS, UCL), François Lecercle (Paris IV-Sorbonne), Walter S. Melion (Atlanta), Felipe Pereda (Madrid), Anne-Elisabeth Spica (Université de Metz, Institut universitaire de France).

 

Dans ses Dicerie Sacre de 1614, Giambattista Marino consacre un sermon profane, intitulé La Pittura, au Suaire de Turin, sermon dans lequel ce dernier est converti par le prédicateur poète en paradigme de la peinture. Plus fondamentalement, si Marino parvient à concilier le miracolo religieux et la meraviglia artistique, c'est en jouant sur la confusion entre figure théologique et figure poétique. Alors que leurs fins semblent a priori opposées, ou à tout le moins divergentes, le chef-d'oeuvre de l'art et l'image-relique sont pensés dans un même mouvement, au nom de l'émotion qu'ils suscitent, la rhétorique jouant ici le rôle de « passeur » entre régime théologique et régime esthétique du discours.

Un tel exemple peut en effet apparaître comme emblématique des échanges entre ces deux régimes ou deux horizons discursifs et expressifs que l'on a eu tendance à étudier indépendamment ou à penser dans leur succession chronologique, comme dans leur opposition structurelle et idéologique (discours laïc/discours religieux). S'ils ne se sont pas succédé, ont-ils coexisté dans une ignorance mutuelle, comme on le pense souvent ? S'opposant quant à leurs fins (religieuses/esthétiques), s'excluent-ils pour autant l'un l'autre ? Une telle partition ne serait-elle pas plutôt tributaire d'un regard historiographique, entérinant rétrospectivement l'autonomisation différenciée des Belles Lettres et des Beaux-Arts ? C'est oublier les nombreuses passerelles qui existaient entre théologie et esthétique durant la première modernité. Il conviendrait donc d'entreprendre une enquête approfondie des échanges entre ces deux champs, que l'on présente fréquemment en instance de divorce à dater du xvie siècle, mais qui, à y regarder de plus près, s'avèrent dialoguer sous la forme d'emprunts réciproques.

Divers lieux et modalités de ce dialogue mériteraient d'être explorés. Parmi les lieux, on peut retenir la littérature artistique, la littérature spirituelle, la littérature ekphrastique, l'emblématique, la poétique, la rhétorique…

Quant aux modalités des échanges, on portera l'attention sur les déplacements sémantiques approchés comme les témoins d'un glissement entre deux paradigmes, relatifs aux manières de penser la création comme la réception de l'image littéraire ou plastique entre moyen âge et temps modernes. Dans cette perspective, on pourra explorer la dialectique qui s'instaure entre différentes polarités qui sont en jeu dans la définition du rôle de l'inspiration (artistique/divine), de la contemplation/vision (mystique/esthétique), de l'imitation (mimesis/Imitatio Christi), du prodige (miracle divin/merveille artistique), du langage (liber idiotarum/ut pictura poesis), de l'imagination (faculté réceptive/faculté créative), de l'entendement (spiritualisation de l'image/intellectualisation de l'art).

 

L'étude de ces différents champs devrait permettre de mieux apprécier selon quelles  modalités les arts et la littérature ont pu s'approprier certains éléments du discours théologique relatif à la représentation, et comment, en retour, la littérature spirituelle a pu reconnaître et exploiter sa dimension esthétique empruntant diversement à la théorie littéraire et artistique.

 

Renseignements et inscriptions:  http://gemca.fltr.ucl.ac.be/