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Digressions, dissertations, réflexions dans les récits factuels et dans les récits fictionnels de l’époque classique XVIIe et XVIIIe s. (Sorbonne nouvelle)

Digressions, dissertations, réflexions dans les récits factuels et dans les récits fictionnels de l’époque classique XVIIe et XVIIIe s. (Sorbonne nouvelle)

Publié le par Université de Lausanne (Source : N. Kremer)

Récit et vérité à l’époque classique V :

Digressions, dissertations, réflexions dans les récits factuels et dans les récits fictionnels de l’époque classique (XVIIe et XVIIIe siècles)

Jeudi 23 et vendredi 24 mai 2019 (Paris 3)

Jeudi 19 et vendredi 20 mars 2020 (Bordeaux)

Colloque international organisé par

Catherine Ramond

(EA 4195 TELEM – Université Bordeaux Montaigne),

Marc Hersant

Nathalie Kremer

Érik Leborgne

(EA 174 FIRL – Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

 

Présentation du programme « Récit et vérité à l’époque classique »

Le principe de ce programme est la rencontre régulière entre spécialistes du récit fictionnel (roman, conte, fable, nouvelle…) et du récit non fictionnel (récit historique, récit de voyage, Mémoires, autobiographie) sur la période XVIIe-XVIIIe siècles (avec une extension possible au XVIe siècle et au début du XIXe siècle). Au croisement de questions de théorie littéraire et d’histoire des formes et des enjeux du récit écrit (littéraire ou non), il invite par exemple à observer les différenciations ou les similitudes éventuelles des formes de l’écriture chez des auteurs ayant pratiqué les deux champs (comme par exemple Madame de La Fayette ou Voltaire), à examiner des points de convergence et de divergence, à confronter les traités d’historiographie et les essais de poétique romanesque, à comparer sur le plan de leur composition et de leur style les textes écrits des deux côtés de la « frontière » histoire/fiction, etc. bref à appréhender en termes dialogiques le « jeu » histoire/fiction dans la période concernée. Le programme a déjà connu quatre volets (sur les discours rapportés en 2009, la représentation de la vie psychique en 2012, l’écriture du portrait en 2015, l’image du destinataire dans le récit à la première personne en 2016). Les trois premiers ont été publiés : aux Presses de l’Université d’Artois pour le premier, dans la collection « Faux Titre » chez Rodopi-/Brill pour les deux suivants. Le quatrième volume est en préparation. « Digressions, dissertations, réflexions dans les récits fictionnels et non fictionnels de l’époque classique » est le cinquième volet du programme.

Présentation du colloque

« Il faut qu’on s’accoutume de bonne heure à mes digressions », avertit Jacob au début du Paysan parvenu. La narration rétrospective à la première personne accueille naturellement les réflexions morales, scientifiques – philosophiques au sens large – dispensées par un énonciateur bénéficiant d’une large expérience passée. Cette pente digressive et dissertative, récurrente dans les romans des XVIIe et XVIIIe siècles, est également notable dans les récits non fictionnels de l’époque classique, comme en témoignent les mémoires d’Ancien Régime, dont le caractère composite a souvent été remarqué, mais aussi l’autobiographie (si on tient à la distinguer des précédents) depuis son origine : Montaigne s’excusait de ses « farcissures » (« De la vanité ») et Rousseau livre avec ses Rêveries du promeneur solitaire un ambigu d’anecdotes et de méditations qui laisse malaisément entrevoir lesquelles sont subordonnées aux autres. Enfin, les historiens classiques marquent des moments de pause réflexive sur toutes sortes de sujets généraux de politique, d’étiquette ou de société.

Dans l’édition de 1762 du Dictionnaire de l’Académie française, la digression est définie comme ce qui est dans un discours « hors du principal sujet », la dissertation comme un « discours où l’on examine soigneusement quelque matière, quelque question, quelque ouvrage d’esprit, etc. ». Rapportées à la dynamique de progression d’un récit, dissertation et digression correspondent à des ralentissements de la « vitesse narrative » (Genette) ou du tempo (Weinrich), voire à une immobilisation de la tension narrative.

Dans la continuité des volets antérieurs du programme « Récit et vérité à l’époque classique », qui repose sur la rencontre et sur le dialogue entre spécialistes du récit de fiction (roman, conte, fable, nouvelle, etc.) et du récit non fictionnel (récit historique, Mémoires, autobiographie, récit de voyage…) aux XVIIe et XVIIIe siècles, on se demandera si les pratiques digressives, dissertatives, réflexives des récits de l’époque classique, aux différents niveaux de l’énonciation (discours de l’auteur, du narrateur, des personnages) participent de fonctionnements similaires de deux côtés de la frontière histoire/fiction, si l’on observe des interactions et des influences d’un champ sur l’autre, si au contraire d’irréductibles différences subsistent en termes de sujets traités, de modalités d’inscription dans le continuum narratif de la digression ou de la dissertation. Le corpus peut s’étendre de la fin du XVIe siècle (Montaigne, Monluc, Brantôme…) au début du XIXe siècle (Chateaubriand, Constant, Stendhal, Balzac…) et inclure également des auteurs étrangers (Milton, Swift, Defoe, Richardson, Gibbon, Goethe…).

Ces journées s’organiseront autour de plusieurs axes :

- Identification générique et/ou rhétorique. La nature de la digression ou de la dissertation est-elle identique dans les champs fictionnels et non-fictionnels ? On portera une attention particulière aux auteurs ayant écrit dans les deux champs de la fiction et de l’histoire (La Fayette, Saint-Réal, Voltaire, Rétif…), ainsi qu’aux textes « hybrides » ou inclassables comme l’Histoire amoureuse des Gaules.

- Esthétique : selon Quintilien, la digression est « une partie ajoutée contre l’ordre naturel du discours, qui traite un point étranger, mais néanmoins utile à la cause ». G. Molinié note qu’en littérature « la digression se repère comme tout traitement narratif extérieur à celui de l’histoire ou de l’intrigue centrales » : on touche ici une « articulation esthétique centrale dans la conception même du discours littéraire » (Dict. de rhétorique, 1992). On se demandera si le processus digressif, qui peut dans certains cas aller jusqu’à une prolifération quasi pathologique, fonctionne de la même manière du côté de la fiction et du côté de l’histoire.

- Utilisation dans l’économie romanesque et fonction dans les récits « historiques » (au sens de Ricoeur) des mémorialistes et des historiens classiques : depuis les « réflexions » dont Marianne s’amuse elle-même, les leçons des petits-maîtres comme Versac, les « traités » en forme de lettres dans les Lettres persanes et La Nouvelle Héloïse, jusqu’aux « dissertations » des libertins sadiens. Chez certains mémorialistes les entretiens entre personnages peuvent se développer sur des dizaines de pages, et traiter des sujets très divers, avec parfois le caractère d’un exposé systématique et très construit. Les sujets abordés sont-ils les mêmes et les modalités d’inscription de ces discours sont-elles similaires dans les deux champs ?

- Approche stylistique : caractéristiques de l’écriture digressive chez les narrateurs marivaudiens (Marianne, Jacob, le Spectateur Français, l’indigent philosophe), les mémorialistes et autobiographes (Essais, Rêveries).

*

PROGRAMME DU COLLOQUE

Jeudi 23 mai 2019

Maison de la recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, salle Athéna
(4 rue des Irlandais, 75005 Paris)

MATINÉE

9h 15 : Accueil

Session 1 : Approches générales et théoriques 

Présidence : Béatrice Guion (Université de Strasbourg)

9h 30 : Marc Hersant (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) et Catherine Ramond (Université Bordeaux Montaigne) : « Introduction »

9h 50 : Nathalie Kremer (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) : « Digression, hors-fiction, contre-fiction »

10h 20 : Sylvie Patron (Université Paris-Diderot) : « Le narrateur : une approche historique et épistémologique, ou : qui disserte dans le récit de fiction à la troisième personne ? »

10h 50 : Discussion et pause

Session 2 : Approches croisées 

Présidence : Hélène Merlin-Kajman (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

11h 30 : Jean-Paul Sermain (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) : « Les digressions dans les fictions et dans les Mémoires, une question de style (et non de fin) »

11h 50 : Séverine Denieul (Université Paris Nanterre) : « Rhapsodie et bigarrure chez Casanova : l’Icosameron et l’Histoire de ma vie »

12h 10 : Sarah Nancy (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) : « ‘Parce que nous le voulons long’ : Imaginaires genrés de la digression au XVIIe siècle »

12h 30 : Discussion et repas

APRÈS-MIDI

Présidence : Jean-Paul Sermain (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

14h : Yannick Séité (Université Paris-Diderot) : « Sur les moments réflexifs de la Nouvelle Héloïse et des Rêveries »

14h 20 : Ludivine Le Chêne (Sorbonne Université) : « Digressivité des séquences historiques et fictionnelles dans Artamène ou le Grand Cyrus et Clélie, histoire romaine de Madeleine de Scudéry »

14h 40 : Jacques Guilhembet (Sorbonne Université) : « Les héros babillards de Marivaux : d’une esthétique à une poétique de la digression »

15h : Discussion et pause

Session 3 : Textes hybrides

Présidence : Laurence Plazenet (Université Blaise Pascal)

15h 30 : Brice Tabeling (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) : « Régression et digression dans Le Moyen de Parvenir de Béroalde de Verville »

15h 50 : Shelly Charles (CNRS, Sorbonne Université) : « Digression et dérision : la leçon de Pigault-Lebrun »

16h 10 : Juliette Fabre (Sorbonne Université) : « ‘Et nous voici, après une longue excursion, revenu au point d’où vous êtes parti’ : l’art de la marche comme digression signifiante dans La Promenade Vernet de Diderot (Salon de 1767) »

16h 30 : Discussion

 

Vendredi 24 mai 2019

Maison de la recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, salle Athéna
(4 rue des Irlandais, 75005 Paris)

MATINÉE

Session 4 : Mémoires et romans-mémoires

Présidence : Jean Garapon (Université de Nantes)

10h : Laurence Plazenet (Université Blaise Pascal) : « Madame de La Fayette historienne ? »

10h 20 : Annabelle Bolot (Université de Picardie) : « Les moments réflexifs dans les Mémoires de Saint-Simon »

10h 40 : Camille Kerbaol : « La digression dans les Mémoires de Talleyrand »

11 h : Discussion et pause

Présidence : Claire Badiou-Monferran (Université de Lorraine)

11h 30 : Lionel Piettre : « La digression dans les Commentaires de Monluc : une historiographie en marge de l’histoire »

11h 50 : Emmanuèle Lesne-Jaffro (Université Blaise Pascal) : « Les pauses réflexives chez les mémorialistes de guerre à la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle »

12h 10 : Baudouin Millet (Université Lyon 2) : « Les digressions dans les trois volets de Robinson Crusoé (1719-1720) de Daniel Defoe »

12h 30 : Discussion et repas

APRÈS-MIDI

Session 5 : Digressions, dissertations, réflexions fictionnelles

Présidence : Erik Leborgne (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

14h : Claire Badiou-Monferran (Université de Lorraine) : « ‘In bocca al lupo’ : la « digression » à l’épreuve du Petit Chaperon rouge (Perrault, 1695, 1697) »

14h 20 : Marie-Gabrielle Lallemand (Université de Caen) : « La digression dans les romans longs du XVIIe siècle »

14h 40 : Emily Lombardero (Université de Lorraine) : « Un loup dans la bergerie : penser la digression dans la nouvelle historique et galante »

15h : Discussion et pause

Présidence : Yannick Séité (Université Paris-Diderot)

15h 30 : David Yvon (Université Bordeaux Montaigne) : « ‘De tout un peu’. Les écarts de la fiction sadienne »

15h50 : Antonia Zagamé (Université de Poitiers) : « Lecture sentimentale et digressions théoriques : le paradoxe de la lecture de La Nouvelle Héloïse »

16h 10 : Colas Duflo et Ariane Revel (Université Paris-Nanterre) : « Le roman politique et ses dissertations »

16h 40 : Discussion et conclusion de la première partie du colloque

*

Jeudi 19 mars 2020

Université Bordeaux Montaigne

(Salle Jean Borde, MSHA)

9h30 : Accueil

MATINÉE

Session 1 : Approches générales et théoriques II

Présidente de séance : Catherine Ramond (Université Bordeaux Montaigne)

10h : Erik Leborgne et Nathalie Kremer (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) : « Introduction » 

10h20 : Béatrice Guion (Université de Strasbourg) : « Digressions, réflexions, dissertations dans les actes historicæ de l’âge classique »

10h50 : Marc Hersant (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 » : « Les niveaux énonciatifs des développements argumentatifs dans les récits de l’époque classique »

11h10 : Discussion et pause

Session 2 : Approches croisées II

Présidence : Anne Duprat (Université de Picardie Jules Verne)

11h30 : Gérard Milhe-Poutingon (Université de Rouen) : « Digression et métalepse dans les textes fictionnels et didactiques du XVIe siècle »

11h50 : Arnaud Welfringer (Université Bordeaux Montaigne) : « Réflexions métatextuelles du récit classique »

12h 10 : Michel Termolle (Université de Bruxelles) : « Les digressions de Jean-Jacques Rousseau habitées de récits factuels et fictionnels dans émile ou de l’éducation »

12h 30 : Discussion et repas

APRÈS-MIDI

Présidence : Mladen Kozul (Université du Montana)

14 h : Eric Bordas (École Normale supérieure de Lyon) : titre à préciser.

14h 20 : Magali Fourgnaud (Université Bordeaux Montaigne) : « Tours et détours d’une mondaine philosophe : l’écriture digressive ou l’autre manière de philosopher de Fanny de Beauharnais »

14h 40 : Laït Ibrahim (Sorbonne Université) : « Réflexion et digression dans les Journaux et les romans de Marivaux »

15 h : Discussion et pause

Session 3 : Digression, dissertation, réflexion dans le récit historique et les textes hybrides

Présidence : Myriam Tsimbidy (Université Bordeaux Montaigne)

15h30 : Myrtille Méricam-Bourdet : « Ajouts, dispersion, concentration : réflexions et exemples chez Voltaire historien »

15h 50 : Laure de Swaef (Université de Bruxelles) : « Au-delà du masque des apparences : la digression chez La Mothe Le Vayer »

16h 10 : Isabelle Trivisani-Moreau (Université d’Angers) : « La digression en contexte hybride dans les Lettres historiques et galantes (1707-1717) de Mme Du Noyer »

16h 30 : Erik Leborgne (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) : « Le régime digressif dans les pseudo-mémoires (Courtilz de Sandras, L’Infortuné Napolitain) »

 

Vendredi 20 mars 2020

MATINÉE

Session 4 : Mémoires

Présidence : François Rosset (Université de Lausanne)

9h30 : Anne Duprat (Université de Picardie Jules Verne) : « L’entropie narrative des Mémoires d’épée (1560-1600) »

9h50 : Agnès Cousson (UBO Brest), « Les digressions dans les Mémoires de Mlle de Montpensier : une voie d’expression du moi ? »

10h10 : Myriam Tsimbidy (Université Bordeaux Montaigne) : « Digression et dissertation dans l’œuvre du cardinal de Retz »

10h30 : Discussion et pause

Présidence : Marc Hersant (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)

11h : Delphine Mouquin de Garidel (Société Saint-Simon) : « Les dissertations de personnages dans les Mémoires de Saint-Simon »

11h20 : Damien Crelier (Sorbonne Université) : « Régimes de fonctionnement des Mémoires : Saint-Simon entre narration et réflexions »

11h40 : Hélène Boons (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) : « J’ai soif de la vérité pure » : poétique de la logorrhée dans Monsieur Nicolas »

12h : Jean-Christophe Igalens : titre à préciser.

12h 20 : Discussion et repas

APRÈS-MIDI

Session 5 : Digression, réflexion, dissertation : questions de composition romanesque

Présidence : Nathalie Kremer (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)

14h15 : Christophe Martin (Sorbonne Université) : « Digressions, dissertation et philosophie dans La Nouvelle Héloïse »

14h35 : Christine Hammann (Université de Mulhouse) : Des « matériaux qui n’ont pas été taillés pour la place qu'ils occupent » (Rousseau) : La Nouvelle Héloïse, roman « feuillu » ?

14h55 : Françoise Poulet (Université Bordeaux Montaigne) : titre à préciser 

15h15 : Discussion et pause

Présidence : Christophe Martin (Sorbonne Université)

15h50 : François Rosset (Université de Lausanne) : « Du bon usage de la miniature : les réécritures du roman médiéval au XVIIIe siècle »

16h10 : Catherine Ramond : « Les dissertations de personnages dans les romans de Crébillon »

16h30 : Mladen Kozul (Université du Montana) : « Dissertation, savoir, fiction : libertinage et variété discursive »

16h50 : Discussion et conclusion du colloque.