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Appels à contributions
Didiga, n°2: Paroles et pensées en littérature

Didiga, n°2: Paroles et pensées en littérature

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Langui Konan Roger)

Revue Didiga, numéro 2

Appel à contributions

Thème : Paroles et pensées en littérature

Numéro préparé par J.J. Rousseau Tandia Mouaffou, Université de Dschang (Cameroun) et Roger Langui Konan, Université de Cocody-Abidjan (Côte d'Ivoire)

Aujourd'hui la poésie post-négritudienne s'ouvre à la construction diégétique et à une structuration quasi-dramaturgique; ce qui met à mal le rapport forme/sens prétendument dévolu au discours poétique conventionnel. Cette évidence appelle à ouverture le discours théorique sur les poésies négro-africaines. Philippe Hamon (Texte et idéologie, 1984), parmi les paradigmes d'évaluation du personnage, retient le « dire » comme un foyer normatif à partir duquel peuvent être distribuées des positivités ou des négativités. La manipulation des signes linguistiques est donc une médiation à partir de laquelle peut être catégorisée la source énonciative. Ainsi une longue tradition littéraire a-t-elle voulu que l'on voit dans la parole poétique la construction d'une référence sans cesse allusive sinon multiple et énigmatique ; dans le cas du discours romanesque par exemple, une référence toute faite et en partie fictive se construit dans et par le texte même ; dans le théâtre, le primat accordé à l'interaction permet aux personnages de se mettre en avant, de se valoriser tout en surmontant les menaces de dévalorisation.

Toutefois, ce stéréotype peut être aujourd'hui déconstruit car on peut bien se demander, dans le cas d'un narrateur homodiégétique ou d'un personnage tout court, si la parole qui est révélatrice de sa pensée permet de cerner une instance psychologique pleine. Bref l'identité sociale entre-t-elle en parfaite adéquation avec l'identité discursive en littérature et singulièrement en poésie ? Comment une certaine parole qui est l'émanation d'un personnage a priori crédité de bon sens, par delà sa cohérence syntaxico-sémantique, cache mal l'incongruité des contenus ? Inversement, comment le personnage marginal (le fou par exemple) parfois parvient –t-il à produire une parole qui brille par sa cohérence logique et conceptuelle ? Nous ne voudrions pas revenir ici sur le nouveau théâtre dans lequel le langage, loin de donner essence au personnage, entre dans un processus de désintégration progressif, faisant de ce dernier une instance altérée et désubstantifiée. Il existe de toute façon, à propos du diptyque paroles/penseés, un déplacement des frontières qui peut être scruté sous plusieurs angles :

- Dans la perspective d'une analyse du discours on pourrait s'interroger sur les rapports entre l'ethos préalable ou pré-discursif du personnage, c'est-à-dire son image telle qu'elle est accréditée par des stéréotypes et des clichés avant sa prise effective de la parole, et son éthos discursif, c'est-à-dire son image telle qu'elle se construit et se déploie dans la parole en acte ;

- On pourrait également s'interroger sur les perspectives stylistiques d'un tel télescopage entre l'identité sociale et identité discursive ;

- Des analyses pourraient également être menées dans une perspective sociocritique afin de voir comment ce flagrant effet de discordance est au service d'une reconfiguration des identités individuelles ou collectives ; tant-il est vrai que dans nos sociétés contemporaines, la frontière entre folie et rationalité demeure poreuse.

Autant de pistes de réflexions qui demeurent ouvertes. Toutes les contributions visant à articuler la parole à la pensée dans le domaine de la poésie négro-africaines seraient bienvenues. Les contributions en format world, caractère 12, police Time New Roman, interligne 1.5 et en 15 pages (maximum), sont à envoyer à Dr Langui Konan Roger langui_kr@yahoo.fr au plus tard le 30 octobre 2008. Les résumés de 15 lignes traduits en anglais sont reçus jusqu'au 30 septembre 2008.

  • Responsable :
    Langui Konan Roger