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Appels à contributions
Didactique du français: le socioculturel en question

Didactique du français: le socioculturel en question

Publié le par Alexandre Gefen (Source : M. Fialip Baratte)

APPEL À CONTRIBUTIONS
10e colloque international de l'Association internationale pour la recherche en didactique du français (AIRDF)
Villeneuve d'Ascq (France) 13, 14, 15 septembre 2007

DIDACTIQUE DU FRANÇAIS : LE SOCIOCULTUREL EN QUESTION

TEXTE DE CADRAGE
1. LES RAISONS D'UNE THÉMATIQUE
1.1. La place du socioculturel dans l'histoire du champ de la didactique du français
L'AIRDF (DFLM alors), dans son texte d'orientation de 1998, pose comme centrale la question de la « diversité des publics », qui interroge les « réalités sociales et culturelles dont il faut tenir compte », et affirme la plus grande efficacité des démarches d'enseignementapprentissage qui, notamment, « prennent le plus en compte les pratiques socioculturelles extrascolaires » et envisagent leur articulation avec les pratiques instituées scolairement.

Une telle préoccupation porte la trace de plusieurs phénomènes qui ont justifié l'émergence de la didactique dans les années 1970 :

– la mise au jour, par d'importants travaux sociologiques, des déterminations sociales possibles de la réussite scolaire ;

– l'observation d'un écart entre les pratiques langagières et culturelles scolaires et celles d'une partie des élèves ;

– l'affirmation (parfois militante, mais sous-tendue par une exigence théorique) de la possibilité de penser – sur les plans théoriques et pratiques – la réduction de cet écart et donc d'accompagner la démocratisation de l'école.

Cette prise en compte du socioculturel s'inscrit dans des débats récurrents autour de diverses dimensions de la didactique : la définition des objets d'enseignement-apprentissage (intégrant plus ou moins la question de leur fonctionnement socioculturel) ; les modes de mise en oeuvre des contenus (convoquant plus ou moins les caractéristiques des apprenants) ; la prise en compte plus ou moins importante des pratiques extrascolaires des élèves. La problématique de la part du socioculturel dans l'enseignement-apprentissage est donc un des éléments fondateurs du champ de la didactique du français, qui a contribué historiquement à sa clarification. Elle semble cependant quelque peu minorée dans le champ actuellement, notamment en raison de la diversification croissante des objets de recherche en didactique du français, ce qui peut donner à penser que la problématique relève finalement plus de disciplines contributoires (comme la sociologie) ou de disciplines en marge du champ (comme les approches socio-psychologiques).

1.2. Les raisons actuelles de s'intéresser à la part du socioculturel dans la didactique du français et dans l'enseignement-apprentissage du français Parmi les nombreuses raisons susceptibles de justifier le choix de cette thématique, l'accent peut être mis sur les cinq suivantes :

– dans la mesure où l'« échec scolaire » ainsi que les difficultés langagières et culturelles apparaissent, de manière permanente, différenciés socialement, il est important de préciser comment la discipline Français participe de cet effet et comment elle peut éventuellement y remédier ;

– il paraît aussi nécessaire d'analyser les dimensions socioculturelles des objets, des pratiques, des normes et des visées de la discipline Français – telle qu'elle existe aujourd'hui ou telle qu'elle est pensée au sein du champ de la didactique ;

– les mêmes questions se posent concernant le rôle de la didactique du français, qui doit interroger (de façon critique) ses propres présupposés théoriques et évaluer les conséquences (positives ou négatives), en matière de « démocratisation » et de réduction de l'« échec scolaire », des propositions théoriques et pratiques qui ont été construites dans son champ ;

– de la même manière il semble important d'interroger dans cette perspective, les articulations, effectuées ou possibles, entre disciplines contributoires, entre corps théoriques (par exemple, en quoi le social pensé dans une perspective socioconstructiviste s'articule avec le socioculturel), entre concepts (tâches, rapports à…) dans la théorisation didactique ;

– enfin, cela peut permettre un retour intéressant sur l'histoire et le fonctionnement de la didactique du français.

2. AXES DU COLLOQUE
Trois axes organisent cet appel à contributions : épistémologique, descriptifcompréhensif, praxéologique.

2.1. Axe « épistémologique ». Comment la didactique du français construit-elle la question du socioculturel ? Cet axe est centré sur la didactique du français ellemême, en tant que discipline de recherche.

On peut penser, à titre d'exemples, aux quelques questions suivantes :

– Comment peut-on définir le socioculturel dans une perspective didactique ? Comment dépasser la naturalité de cette notion pour la construire véritablement dans une perspective didactique ?

– Quelles sont ou pourraient être les relations entre didactique du français et disciplines contributoires dans l'approche du socioculturel (par exemple avec la sociologie ou l'ethnologie) ? Quels ont été les emprunts conceptuels, leur construction, leur mise en relation, leur intégration (par exemple rapport à, habitus, communauté discursives…) ? Peuton les distinguer selon qu'ils intègrent ou non la dimension socioculturelle ?

– Quel a été le rôle historique de la didactique dans la construction de la problématique ? En quoi et comment a-t-elle – ou non – contribué à préciser les problèmes en question ? En quoi le traitement du socioculturel est-il différent en didactique du français et dans les autres didactiques ?

– Comment la didactique a-t-elle traité différemment les dimensions socioculturelles selon ses composantes (lecture, écriture, oral, littérature…) ?

– Comment évaluer les conséquences (possibles ou avérées) sur la réussite scolaire des constructions théoriques et des propositions pratiques faites au sein de la didactique du français ?

– En quoi la problématique du socioculturel influe-t-elle – ou est-elle susceptible d'influer – sur les méthodes de recherche ? Quelles méthodes en didactique permettent de rendre compte de l'articulation du disciplinaire et du social ?

Sur cet axe, plus spécifiquement « intra-théorique », le nombre des contributions retenues sera limité.

2.2. Axe « descriptif-compréhensif » : quelle est la part du socioculturel dans la discipline Français ? Cet axe est centré sur les fonctionnements « ordinaires » de la discipline Français, perçus au travers des textes officiels, des manuels, des pratiques de classes, etc.

On peut penser, à titre d'exemples, aux quelques questions suivantes :

– Comment sont construites ou ignorées les dimensions socioculturelles au travers des programmes et des textes d'accompagnement des programmes ? Comment les débats sur les réformes (qu'ils soient publics ou internes aux institutions scolaires) y ont-ils contribué ?

– Comment sont construites ou ignorées les dimensions socioculturelles dans l'espace des recommandations (formation, guides pédagogiques, etc.) et de la formation ?

– Comment sont construites ou ignorées les dimensions socioculturelles au travers des instruments : supports (manuels, cahiers…), outils (stylo, ordinateur, vidéo…), objets et documents divers (photocopies, documents fabriqués par l'enseignant, documents issus des
familles…), etc.

– Plus spécifiquement, comment ces questions sont-elles posées à propos du développement des technologies informatiques ? Par ailleurs, quelles sont les influences des nouvelles pratiques de communication (téléphone portable, Internet, etc.) sur la définition des objets et le travail en classe ?

– Comment sont construites ou ignorées les dimensions socioculturelles au travers des pratiques dans la classe, des contenus sélectionnés, des modes d'enseignement, des représentations des acteurs (enseignants, élèves, parents…) ?

– Comment la didactique du français prend-elle en compte les différences socioculturelles des élèves ? Celles des enseignants ? Qu'en est-il, dans la formation comme dans le recrutement des enseignants, de la prise en compte de l'appartenance socioculturelle des enseignants ?

– Que sait-on des effets des pratiques ordinaires sur la réussite des élèves en fonction de leur appartenance socioculturelle ?

Il est important que certaines contributions aient des dimensions historiques et/ou comparatives (entre sous-domaines du français, entre disciplines, selon les niveaux, les filières, les pays…).

2.3. Axe « praxéologique » : quelles sont les recherches et les innovations actuelles qui intègrent la question du socioculturel ? Il s'agira ici de quitter les fonctionnements « ordinaires » pour étudier la prise en compte des dimensions socioculturelles dans des expériences innovantes impulsées par des enseignants ou proposées par les chercheurs.

On peut envisager dans cet axe l'analyse de recherches ou d'expériences thématisant explicitement la lutte contre les difficultés scolaires en tant qu'elles sont socialement différenciées ou encore l'analyse de recherches ou d'expériences non explicitement centrées sur la question mais qui délivrent des informations à ce sujet, lorsqu'on les traite dans cette optique.

Cet axe est laissé plus ouvert, mais on pourra privilégier les approches suivantes :

– Comment sont étayées et argumentées les innovations didactiques proposées ?
– Qu'est-ce qui est mis en place du point de vue des contenus sélectionnés et des pratiques enseignantes ?
– Que sait-on des effets de ces pratiques ?
– Que sait-on de la place et du statut accordés à ces pratiques dans la formation des enseignants ?

ORGANISATION DU COLLOQUE
PROGRAMME SCIENTIFIQUE
Le colloque se déroulera sur trois jours : 13, 14, 15 septembre 2007. Outre les conférences et la synthèse des grands témoins, le colloque présentera des contributions sélectionnées à la suite de l'appel à contributions, de deux types : communications en ateliers et symposiums.

Les communications en ateliers se verront allouer 25 minutes pour l'exposé oral (questions comprises) et un temps important (au moins 45 minutes) sera prévu pour la discussion collective sur l'ensemble des communications de l'atelier. Un atelier réunira, selon  les cas, trois ou quatre communications.

Les symposiums, d'une durée de trois heures, réuniront deux ou trois équipes qui souhaitent se rencontrer à propos d'un objet théorique clairement identifié qui, au regard de leurs recherches passées, fait débat entre elles. Le temps consacré aux communications des équipes sera plus court qu'une communication en atelier, pour laisser un temps réel au débat entre les équipes (animé par un discutant choisi par ces dernières) puis à la discussion avec les auditeurs.

Les contributions retenues, de 20 000 signes au maximum, seront envoyées aux organisateurs du colloque en juin 2007, accompagnées d'un résumé (1000 signes). Les résumés seront reproduits dans le programme papier du colloque et les contributions seront mises en lignes et reproduites sous forme de CDRom pour l'ouverture du colloque.

SOUMISSION DES PROPOSITIONS
Les propositions de communication ou de symposium devront être saisies en ligne du 1er juillet au 15 décembre 2006 sur le site du colloque :
http://www.lille.iufm.fr/airdf2007.htm

Deux types de propositions sont possibles :
1. Pour les ateliers : un texte de proposition d'une page (3000 signes – espaces compris – au maximum), accompagné d'un résumé de 5 lignes (1000 signes).

2. Pour les symposiums : une proposition commune précisant l'objet de débat (1000 signes) et une proposition par équipe (3000 signes chacune).

Les axes déterminent les communications attendues. Leur sélection se fera d'après les
critères suivants :

– le lien avec la thématique ;
– l'originalité de la contribution, qui devra être conçue pour le colloque ;
– l'explicitation du cadre théorique, de la problématique et de la méthodologie ;
– en cas de présentation de données empiriques, l'analyse des résultats obtenus ou attendus.

Les notifications du comité scientifique seront envoyées aux auteurs en février 2007.

ACTES PRÉVUS
– Un CDRom regroupant l'ensemble des contributions ;
– Après le colloque, une sélection des contributions (remaniées) sera publiée, pour certaines dans un ouvrage, pour d'autres dans des revues.

COMITÉ SCIENTIFIQUE

  • Jean-Paul Bernié, IUFM d'Aquitaine
  • Dominique Guy Brassart, IUFM Nord – Pas-de-Calais
  • Bertrand Daunay, université Charles de Gaulle - Lille 3
  • Isabelle Delcambre, université Charles de Gaulle - Lille 3
  • Joaquim Dolz, université de Genève
  • Jean-Louis Dufays, université de Louvain
  • Jean-Paul Laurent, université de Namur
  • Véronique Leclercq, université Lille 1
  • Marie-Claude Penloup, université de Rouen
  • Sylvie Plane, IUFM de Paris
  • Yves Reuter, université Charles de Gaulle - Lille 3
  • Claude Simard, université Laval de Québec
  • Thérèse Thévenaz, université de Genève

COMITÉ D'ORGANISATION
Responsables : Bertrand Daunay, Isabelle Delcambre, Yves Reuter
Autres membres : Christine Barré de Miniac, Marie-France Bishop, Delphine Bruggeman, Cora Cohen-Azria, Caroline De Croos, Aurélie Dupré, Martine Fialip-Baratte, Rouba Hassan, Maria Kreza, Dominique Lahanier-Reuter, Guy Legrand, Brigitte Lepez, Anne-Catherine Oudart, Antoine Thépaut, Dominique Tissoires.

CONTACTS
– Organisation : Bertrand Daunay
UFR Sciences de l'éducation
BP 149
F – 59653 Villeneuve d'Ascq
03 20 41 60 09
bdaunay@nordnet.fr

– Secrétariat du colloque airdf2007@hotmail.com

– Administration web : Dominique Tissoires
IUFM Nord – Pas-de-Calais
03 20 79 87 15
dominique.tissoires@lille.iufm.fr

ÉCHÉANCES

  • 15 décembre 2006 Date limite de saisie des propositions de communications ou de symposiums sur le site du colloque
  • Février 2007 Réception par les auteurs des notifications du comité scientifique
  • 15 juin 2007 Date limite d'envoi des contributions écrites
  • 13, 14, 15 septembre 2007 Colloque

SITES WEB

  • Site du colloque : http://www.lille.iufm.fr/airdf2007.htm
  • Site de l'AIRDF : http://www.fltr.ucl.ac.be/fltr/rom/airdf/default.htm