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Désœuvrer / Un-work. Pratiques artistiques du désoeuvrement depuis 1945 (Paris: École normale supérieure, École nationale supérieure des Beaux-arts, École du Louvre)

Désœuvrer / Un-work. Pratiques artistiques du désoeuvrement depuis 1945 (Paris: École normale supérieure, École nationale supérieure des Beaux-arts, École du Louvre)

Publié le par Marc Escola (Source : Armance Léger)

Désœuvrer / Un-work. Pratiques artistiques du désoeuvrement depuis 1945

Paris, les 13, 14 et 15 octobre 2021

13 octobre 2021, 9h-18h, École normale supérieure, salle des Actes et en ligne

14 octobre 2021, 9h-18h, École du Louvre, amphithéâtre Dürer et en ligne 

15 octobre 2021, 9h - 13h, École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris, amphithéâtre d'honneur et en ligne


Ce colloque international, organisé par l'Ecole normale supérieure et l'École du Louvre, a pour objectif de renouveler les discours sur l’oisiveté en art, prenant pour objet toutes les formes artistiques du désœuvrement (volontaire mais aussi, parfois, subi) du milieu des années 1940 à nos jours, interrogeant également le refus de faire œuvre et les stratégies anti-productivistes.
 
Aux dires d’André Breton, Saint-Pol-Roux faisait poser à l’entrée de son manoir un écritoire indiquant “Le poète travaille” lorsqu’il allait se coucher. Depuis, le capitalisme est parti à l'assaut du sommeil (Jonathan Crary) et digère jusqu’à l’improductivité. Car si le  monde de l’art contemporain est hanté par des figures tutélaires enclines à l’oisiveté, ce sont désormais les médias et les “communicant.e.s” qui font de l’apologie du temps suspendu un leitmotiv. Celui-ci devient un argument de vente tout autant qu’une manière de se laver des accusations de frénésie capitaliste et de participation aux crises écologiques, sociales et  financières. Au-delà de l’effet de mode, la mise à l’arrêt soudaine de la plupart des activités pendant le confinement d’ampleur mondiale a permis d’interroger dans des proportions nouvelles un modèle de société fondé sur l’accumulation, ouvrant des champs de réflexion et de création jusque-là marginaux et peu explorés.

Les artistes s’interrogent et nous interrogent : faire ou ne pas faire ? Produire ou ne pas  produire ? Créer ou ne pas créer ? Faire, produire et créer, mais moins ? Depuis les années 1950, des poètes, peintres, sculpteurs.rice.s, performeur.euse.s, cinéastes et chorégraphes ont choisi de désoeuvrer, au sens actif et transitif du verbe. Ces artistes ont pris le parti de faire œuvre tout en faisant moins, en ne faisant pas, ou en faisant autre chose, privilégiant le voyage, la fête, l’ennui…  Ils et elles ont inventé des gestes et des opérations capables de déjouer toute attente vis-à-vis de leur statut d’artiste.

Mais quelle est la singularité du désoeuvrement après 1945 ? Car le sujet n’est pas nouveau : Duchamp l’anartiste élevait de la poussière avec Man Ray et le XIXe siècle semble hanté de figures oisives (des « Barbus » de l’atelier de David qui venaient y jouer de la lyre  au lieu d’y peindre à l’Oblomov de Gontcharov). Penser cette question depuis les années 1945 implique de prendre en compte les circonstances politiques, économiques et sociales, en particulier la place du travail dans la société du temps. À l’évidence, désoeuvrer en 1950 n’est pas désoeuvrer en 2020, ni en 1850. C’est une histoire du productivisme (y compris du productivisme artistique) qui pourrait se dessiner en creux, accompagnant les évolutions de l’idée de « travail » artistique.

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