Questions de société
Des professeurs des écoles refusent les primes individuelles +

Des professeurs des écoles refusent les primes individuelles + "pas de remontée pour les évaluations qui nous descendent" (màj 02/02/10)

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Mammouth déchaîné)


Initiative du conseil des maîtres d'une école tourangelle, qui adresse une lettre aux organisations syndicales pour les inciter à soutenir leur démarche.

Commentaire du Mammouth déchaîné:

"C'est peut-être une nouvelle forme de lutte qui a de l'avenir. En tout cas elle met le nez dans les chaussures à tous ceux qui gueulent mais qui empochent allègrement heures supplémentaires et primes (400 € pour les éval, 500 € pour faire plus de 3 HSA, ...)."

[ voir aussi sur Fabula le dossier "primes individualisées" ]


Appel des 200 maîtres - 01 février 2010 : pas de remontée pour les évaluations qui nous descendent

Pas de remontée pour des évaluations qui nous descendent !

Unefois encore, le dispositif d'évaluation nationale pour le premierdegré, tel qu'il est imposé par le ministère dans les écoles, auragénéré nombre de réactions hostiles de parents, d'enseignants etd'universitaires, largement reprises dans les médias. L'opposition àces évaluations, fédérée autour de l'appel des 200 maîtres, aura étéévoquée à chaque traitement de ce sujet dans la presse. On ne peut ques'en réjouir. Il faut dire que nous avons été grandement aidés par labrutale décision de l'Inspection Académique de Limoges de retirer de saclasse un enseignant ne respectant pas à la lettre le protocole depassation des épreuves. Mais là encore, notre mobilisation a payépuisque ce collègue a finalement été autorisé à reprendre ses cours lasemaine suivante sans subir la moindre sanction.
Nousavions invité les enseignants à agir en leur âme et conscience par lesmodalités qui leur semblaient les plus appropriées : boycott, autreutilisation des livrets, passation des seuls items travaillés enclasse, autre mode de notation. Mais l'essentiel est à venir avec lanon communication des résultats à l'administration, et ce pour troisraisons majeures.

Tout d'abord, c'est uniquement face à l'opposition rencontrée que le ministère déclare qu'il « ne ferme pas la porte dès lors qu'il sera démontré qu'une autre formule est meilleure" et qu' « une réflexion pourra s'engager à partir des critiques constructives ». A n'en pas douter, le respect des procédures de saisie comme de remontée serait utilisé par les communicants du ministère pour faire croire que tout s'est bien passé.

Ensuite, la transmission accrédite l'idée que tout désormais devra êtrerecensé au niveau national sans garantie de l'utilisation qui en serafaite, tout comme pour le trop délicat fichage élèves-familles dulogiciel base-élèves imposé aux directeurs. Cette vision technocratiquedoit nous interpeller tant notre système tend vers la déshumanisationde son organisation.

Enfin, à l'heure de la suppression de la carte scolaire et des discourssur le salaire au mérite, chacun mesure combien la constitution detelles données chiffrées pourrait servir à l'élaboration de classementsd'écoles et autres palmarès repris dans la presse. Il y a le précédentdu magazine Le Point (en 2006) qui avait obtenu au tribunal les «chiffres secrets » des violences dans le secondaire sans que leministère ait pu l'en empêcher. L'an dernier est apparu le classementdes évaluations nationales par académie largement commenté dans lesjournaux régionaux. Et n'allez pas croire comme il est dit que celaserve à ajuster les moyens aux besoins puisque des académies endifficulté comme la Guadeloupe et la Martinique perdront tout de mêmedes postes à la rentrée prochaine ! Alors, veut-on voir fleurir desinformations de ce type qui mettraient immanquablement les écolespubliques et leurs enseignants en concurrence ?

Au moment où beaucoup se plaignent de leur impuissance à se faireentendre du ministère, voilà une occasion à ne pas rater d'imposer auministre la reconstruction d'un autre dispositif d'évaluation,diagnostique cette fois-ci, capable de nous aider à mieux comprendreles difficultés constatées, élaboré en concertation avec lesprofessionnels. Ainsi sera-t-il enfin, comme initialement prétendu, auservice des élèves, des enseignants et des parents.
Sylvain Grandserre - Porte-parole de l'appel des 200 maîtres - le 1er février 201