Questions de société

"Des primes pour valoriser les personnels de l'université" (Le Monde, 20/10).

Publié le par Marc Escola

"Des primes pour valoriser les personnels de l'université", par Catherine Rollot

LE MONDE | 20.10.08


La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Valérie
Pécresse, a présenté, lundi 20 octobre, un plan "de revalorisation des
carrières" des personnels universitaires. Ces mesures entreront en
vigueur à la rentrée 2009. Prévues dans la loi sur l'autonomie des
universités d'août 2007, elles visent à reconnaître l'engagement des
professeurs auprès des étudiants et à récompenser les meilleurs. La
ministre souhaite aussi harmoniser la situation des
enseignants-chercheurs et celle des chercheurs.


Des primes devraient permettre de passer, selon Mme Pécresse, "à la
reconnaissance des qualités individuelles" des uns et des autres. Le
coût du plan s'élève à 252 millions d'euros cumulés sur trois ans; 43
millions sont inscrits au budget 2009.

Pour récompenser les "meilleurs", une "prime d'excellence
scientifique" de 3 500 à 15 000 euros par an sera attribuée aux
enseignants-chercheurs et aux chercheurs. Ces derniers n'étaient
jusqu'alors pas tenus d'enseigner et seuls les enseignants-chercheurs
peuvent bénéficier de cette indemnité, plafonnée à 6 500 euros. S'ils
veulent toucher la prime, les chercheurs devront s'engager à effectuer
au moins 64 heures de travaux dirigés par an. Pour les lauréats de
distinctions scientifiques, la prime d'excellence pourra atteindre 25
000 euros.

La ministre souhaite du même coup valoriser l'enseignement au même
titre que la recherche. Une "prime de responsabilité pédagogique" pour
les enseignants-chercheurs s'échelonnera entre 3 500 et 15 000 euros
par an, contre 400 à 1 500 euros aujourd'hui. Les chercheurs seront
aussi incités à assurer une activité d'enseignement par le doublement
de la "prime de mobilité pédagogique" qui pourra atteindre près de 4
000 euros. Seuls une quinzaine de directeurs de recherche qui
s'investissent dans l'enseignement en bénéficient actuellement.

Rémunération au mérite.

Les organismes de recherche et les universités,
désormais autonomes, seront directement responsables de l'attribution
de ces différentes indemnités. Les établissements pourront ainsi
moduler le service des enseignants-chercheurs. Les personnels seront
aussi davantage évalués. Actuellement, l'évaluation des
enseignants-chercheurs ne se fait qu'à l'occasion d'une promotion et
elle porte essentiellement sur les activités de recherche. Le Conseil
national des universités (CNU) sera chargé d'un examen d'ensemble. Il
tiendra compte de l'appréciation des étudiants.

La rémunération au mérite va aussi concerner les personnels
administratifs, techniques et des bibliothèques. Le ministère s'engage
à augmenter de 20% l'enveloppe attribuée aux universités pour
revaloriser les primes de fonction et de résultats des employés et
cadres. Enfin, le plan prévoit des possibilités d'avancement accéléré.
Ces mesures, dans leur principe, portent un profond bouleversement
pour l'université. Mais leur réalisation est soumise aux incertitudes
budgétaires.


Catherine Rollot