On sait la place que le cinéma occupe dans la pensée de G. Deleuze, et un ouvrage de S. Cardinal est revenu récemment sur les thèses du philosophe. En une remarquable coïncidence éditoriale, plusieurs publications attestent que l'auteur de L'image mouvement est loin d'être le seul philosophe à fréquenter assidument les salles obscures. P. Maniglier et D. Zabunyan nous apprennent ainsi que Foucault va au cinéma également, et les générations suivantes ne sont pas en reste : si l'on a pu lire cet hiver un recueil de textes d'A. Badiou consacré au septième art, et tandis qu'est traduit Philosophie des salles obscures de S. Cavell, Jacques Rancière, après La fable cinématographique (2001), publie ces jours-ci Les écarts du cinéma, "écarts" notamment avec la littérature et le théâtre. Ce serait peu : à en croire le dernier livre de P. Szendy, Kant lui-même aurait été fort intéressé par Men in black et aurait pu écrire le scénario de Body snatchers. On ne peut dès lors que déplorer que le cinéma ait été inventé si tard.