Questions de société
Des candidats à l'Agrégation interdits d'épreuves à la suite de perturbations à la SNCF.

Des candidats à l'Agrégation interdits d'épreuves à la suite de perturbations à la SNCF.

Publié le par Marc Escola (Source : L. Zimmermann)



   Les problèmes qui ont interrompu le trafic Gare du Nord à Paris jeudi matin ont entraîné des problèmes extrêmement graves dans l'organisation des épreuves d'agrégation organisées dans la Maison des Examen des Académies de Créteil-Versailles-Paris desservi par le RER B, qui a été touché par les perturbations. Les médias ont relayé l'information, mais d'une façon qui n'était pas toujours complète et précise. On se propose ici de fournir une information, complète, précise, et synthétique.

   Que s'est-il passé ?

   Le trafic sur le RER B a été interrompu pendant un temps, et il était annoncé vers 8 h sur les panneaux d'affichage que le trafic ne serait pas rétabli avant midi. Un certain nombre de candidats, prenant connaissance de la situation, ont décidé immédiatement de prendre un taxi pour rejoindre le centre d'examen. Dès lors, une immense partie de roulette russe collective s'est déroulée jusqu'au centre d'examen : certains sont arrivés une poignée de minutes, parfois de secondes, avant 9 h, d'autres une poignée de secondes ou de minutes après 9 h.

   Pourquoi ?

   Cette situation a été rendue possible par la combinaison de deux facteurs. Premier facteur : l'ajout, aux problèmes liés au RER, de ceux liés aux taxis : avec la cessation du trafic Gare du Nord, la file d'attente pour les taxis a été gigantesque. Celles et ceux qui y avaient pris place ont mis dix ou quinze minutes pour constater que le flux des taxis ne serait pas suffisant pour éviter que la situation ne devienne critique : trop tard pour changer de décision, et choisir d'aller prendre le métro puis le taxi plus au sud de Paris. Second facteur : le refus total de la Maison de Examen de laisser entrer les candidats au delà de 9 h.

   Qui est concerné ?

   On a entendu dire ici ou là que les candidats concernés étaient celles et ceux qui avaient pris des risques avec les horaires. Faux : des candidats qui s'il n'y avait pas eu de problèmes seraient arrivés sur les lieux avec 50 mn d'avance, par exemple, soit cinq minutes de plus que la recommandation officielle, sont arrivés en retard et ont été refusés. Pire : certains candidats qui ont effectivement fait preuve de légèreté avec les horaires se sont trouvés favorisés. En effet, tandis que les annonces en Gare du Nord ne laissaient espérer aucun train aux alentours de 8 h, environ une demie heure plus tard (heures qui ne sont indiquées ici que de façon approximative) des trains circulaient, de sorte que certains candidats qui avaient prévu peu de temps d'avance se sont trouvés favorisés. Se sont trouvés également favorisés, bien sûr, celles et ceux qui empruntaient un autre itinéraire, et en particulier celles et ceux qui prenaient la ligne B du RER plus loin sur la ligne, à Denfert-Rocherau par exemple (pour les correspondances avec les lignes 4 et 6 du métro) ; il s'agit là d'une sélection opérée par le lieu d'habitation des candidats.  

   Combien de candidats ?

   Le Ministère avance semble-t-il le chiffre de 28 candidats. D'où vient ce chiffre ? Voici ceux qu'il semble possible de proposer : les agrégatifs regroupés devant le centre ont réuni 54 noms précis, accompagnés d'adresses électroniques, de candidats arrivés déclarant être arrivés entre 9h et 9h 10. On peut estimer que certains des agrégatifs dans la même situation ont quitté les lieux avant de donner leur nom aux collectif qui se constituait. On peut estimer aussi qu'un certain nombre de candidats, constatant leur retard, ont renoncé à venir sur les lieux de l'examen. Quoiqu'il en soit, s'il est impossible de donner à l'heure actuelle un chiffre précis, le chiffre de 28 personnes touchées semble être une sous-estimation évidente. Il serait donc nécessaire, afin de vérifier ce qu'il en est, de procéder à une recherche précise. Cela ne devrait pas être difficile : les cas de brusques abandons lors de la quatrième journée d'épreuves (car les problèmes sont survenus pour la quatrième journée d'épreuves), ne doivent pas être si fréquents usuellement. Il faudrait comparer les chiffres des autres années, et ceux de cette année. Le collectif des agrégatifs ayant été victimes de ce problème va de con côté proposer une liste précise dans les jours qui viennent, et appelle tous les agrégatifs victimes de cet incident à se signaler, en envoyant un message contenant ses noms, adresses, et coordonnées, à l'adresse suivante : lz2@wanadoo.fr. Le même collectif appelle également tous les agrégatifs qui ont pu composer jeudi, mais qui sont solidaires de celles et ceux qui n'ont pas pu le faire, et qui demandent qu'une solution soit trouvée à ce problème, à se manifester à la même adresse, en précisant bien qu'ils ont pu composer.

   Qu'est-ce que cela implique ?

   Réfléchissons une minute : si le Ministère ne trouve pas de solution pour cette situation catastrophique, cela signifiera que les agrégatifs des années à venir, dans les Académies de Créteil-Versailles-Paris, devront prendre la responsabilité de prévoir un problème de cette sorte. Les candidats devront donc prévoir, pour être vraiment certains (jusqu'à de nouveaux incidents qui augmenteront encore la durée ?) de pouvoir composer, d'arriver à la Maison des Examen avec 1 h 30 d'avance. Jusqu'à l'ouverture des salles pour la dernière demi-heure avant l'épreuve, les candidats devront donc patienter pour partie dans une cour dans le froid, ensuite assis dans des cages d'escaliers sans chauffage, pendant une heure, après avoir déjà dû prévoir des temps de transport en commun extrêmement longs, et donc avoir dû se lever tôt, n'avoir pas pu se reposer entre les épreuves. Est-ce sérieux ? Est-ce simplement équitable, puisque tel est l'argument qui a été opposé aux candidats – la nécessité de préserver l'équité du concours ?

   La suite

   Un collectif des agrégatifs victimes de la situation est en train de se constituer. Il tiendra une réunion lundi soir, et se donne pour première tâche de compter le nombre de candidats concernés par la situation, pour seconde tâche d'essayer d'obtenir que le Ministre de l'Education Nationale trouve une solution qui permette que les candidats victimes des problèmes du RER B puissent être réintégrés dans le déroulement des épreuves de l'agrégation de cette année d'une manière ou d'une autre, et, si malheureusement cette première issue n'aboutissait pas, d'étudier quelles voies de recours lui permet la loi, et d'user de ces voies de recours.