Questions de société
Décision de justice pour les Éditions Nouvelles Cécile Defaut

Décision de justice pour les Éditions Nouvelles Cécile Defaut

Publié le par Laurent Zimmermann

Dans l'affaire Cécile Defaut, anciennement directrice des Editions Cécile Defaut puis des Editions Nouvelles Cécile Defaut, une décision de justice est désormais attendue pour le mois d'avril prochain.

Pour rappel, la tribune que publiaient des auteurs des Editions Nouvelles Cécile Defaut dans Livres hebdo le 25 septembre 2016 : 

 

Les auteurs des éditions Cécile Defaut expriment leur mécontentement et leur inquiétude

Dans son édition du 1er juillet 2016, Livres Hebdo révélait que les éditions nouvelles Cécile Defaut se trouvaient placées  en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bordeaux. Cette situation – dont, pour la plupart, nous ignorions tout – suscite à la fois le mécontentement et l’inquiétude des auteurs que nous sommes et que concerne le sort des éditions auxquelles ils ont confié leurs ouvrages.

Cécile Defaut a créé en 2004 à Nantes la maison d’édition qui porte son nom et qui, spécialisée dans le domaine des essais littéraires, philosophiques, des ouvrages de psychanalyse et de sciences humaines, s’est fait connaître avec succès auprès des lecteurs, des libraires et des critiques. Nous avons été nombreux à soutenir son entreprise et à souhaiter voir nos livres figurer au catalogue qu’elle avait su constituer. En 2011, Cécile Defaut a cédé sa société au groupe Le Bord de l’eau dans la perspective d’en permettre, sous sa direction, le développement.

Or, les choses ont pris un tour très différent. Cécile Defaut, en quittant ses fonctions de directrice éditoriale, nous a informés que le 29 mars dernier  elle avait été  licenciée pour raisons économiques de la maison d’édition qui porte son nom et dont elle était à la fois la seule créatrice et l’unique salariée. Par la suite, ni le gérant du Bord de l’eau ni l’administrateur judiciaire ne nous ont signifié  qu’un dépôt de bilan avait eu lieu et qu’une procédure de redressement judicaire se trouvait engagée à la date du 29 avril. Depuis 2011, la plupart d’entre nous, malgré des demandes parfois répétées, n’ont  jamais reçu ni les relevés de comptes annuels dont la loi fait pourtant obligation à un éditeur ni, bien entendu, le règlement des droits qui leur étaient dus. Le fait de n’avoir pas été informés du dépôt de bilan de la société nous a interdit de déposer à temps auprès de l’administrateur judiciaire  les demandes de créance que la procédure prévoit – et que nous aurions été bien en peine de chiffrer puisque les relevés indispensables à cette fin ne nous avaient pas été communiqués. Ce qui revient vraisemblablement à nous priver de la possibilité de réclamer les sommes correspondant aux ventes de nos ouvrages.

De plus, dans l’article de Livres Hebdo signalé plus haut, le gérant du Bord de l’eau faisait état de son intention de relancer les éditions une fois la procédure de redressement judiciaire parvenue à son terme. Si tel était le cas, les éditions reprendraient donc leur activité sous le nom des Editions Nouvelles Cécile Defaut alors même que leur fondatrice et animatrice, en raison du licenciement économique dont elle a été l’objet, n’en aurait plus la responsabilité ; ces « nouvelles » Editions Nouvelles Cécile Defaut continueraient ainsi  à exister  en exploitant nos livres alors même que, en raison du dépôt de bilan, les auteurs n’auront pas été en situation d’obtenir le versement de leurs droits pour des ouvrages  qui demeureraient au sein d’un catalogue dont rien ne nous garantit que l’orientation et la qualité resteront conformes à celles qui prévalaient auparavant et qu’avait su assurer Cécile Defaut.

L’édition n’est pas une activité comme les autres. Elle suppose qu’une relation de confiance, à la fois personnelle et intellectuelle, existe entre l’auteur et son éditeur, elle exige que ceux-ci partagent une même conception du livre et soient respectueux des engagements qu’ils ont pris. Pour toutes les raisons que nous avons dites, avec le licenciement de Cécile Defaut, vu le peu de cas qui a été fait de nos droits avant et à l’occasion du dépôt de bilan de la société, une telle relation de confiance n’est plus possible entre nous et le gérant du groupe Le Bord de l’eau. C’est pourquoi, dans l’attente de la décision qui sera rendue par le tribunal de commerce, tenus dans l’ignorance de la procédure en cours et de ce qu’elle prépare, nous exprimons nos plus vifs regrets quant au sort des éditions Cécile Defaut et notre plus grande défiance à l’égard de ce qui pourrait advenir d’elles si elles devaient continuer à prétendument exister dans le giron du groupe Le Bord de l’eau.

 

Premiers signataires : 

François Ansermet (directeur de la collection « Psyché »), Jean-Christophe Bailly, Pierre Bayard, Pierre Bergounioux, Jean-Michel Besnier, Sarah Chiche, Valentine Dechambre, Yves Depelsenaire, Guillaume Durand (directeur de la collection « La chose à penser »), Philippe Forest, Isabelle Grell (directrice de la collection « Le Livre/La vie »), Jacques Henric, Yves Jammet, Philippe Lacadée, Patrick Lang, Elisabeth Leclerc-Razavet, Véronique Mauron, Claudia Mejia, Catherine Millet, Catherine Millot, Denis Moreau, Jean-Luc Nancy, François Noudelmann, Eric Pessan, Jean-Claude Pinson, Julien Rault,  Lionel Ruffel, Maïté Snauwaert, Pascal Taranto (directeur de la collection « La petite bibliothèque de l’athéisme »), Cécile Vartaftig, Philippe Vilain, Laurent Zimmermann.