Société Montesquieu – UMR CNRS 5037
Débats et polémiques autour de L'Esprit des lois
15-17 avril 2010
(ENS de Lyon, site René-Descartes, salle F08)
Afin de saluer la publication de la Défense de L'Esprit des lois, premier volume des Oeuvres complètes de Montesquieu publié à Lyon (ENS Éditions et Classiques Garnier), l'Institut d'histoire de la pensée classique (UMR CNRS 5037, ENS de Lyon) organise en collaboration avec la Société Montesquieu un colloque sur les polémiques qui se sont développées autour de L'Esprit des lois dans les années qui ont suivi sa publication.
Sans se restreindre aux textes et aux thèmes évoqués par Montesquieu dans la Défense, ni s'interdire d'exploiter les perspectives et documents nouveaux que l'on trouvera dans cette édition, on s'intéressera aux principaux sujets d'ordre politique qui ont retenu l'attention de ses contemporains, par le biais de questions religieuses, juridiques, économiques, historiques, etc., et qui ont contribué à donner très vite à l'ouvrage un retentissement considérable.
Le premier objectif est d'ordre historique : ces débats parfois virulents, qui se sont sensiblement apaisés après la mort de Montesquieu, lui ont conféré une place particulière dans la société de son temps et dans le champ des forces qui la parcourent. Il importerait d'en voir clairement les implications afin de définir la position très originale de Montesquieu dans la configuration des Lumières, telle qu'elle s'esquisse en ces années-charnière, et telle qu'elle apparaîtra rétrospectivement. On essaiera de voir comment l'oeuvre peut constituer un point de ralliement ou de clivage, et si les principaux intervenants des débats d'idées en ont alors une claire conscience.
Par là, on espère mieux cerner également la notion même de « polémique » dans le domaine de l'histoire des idées : au-delà des « querelles », « débats » ou « controverses », quel rôle d'ordre social joue la « polémique » ? Dans quelle mesure l'affrontement des idées se modifie-t-il au contact du public, auquel il est avant tout destiné ? Comment Montesquieu joue-t-il dans les faits de cette « opinion publique » dont on chercherait en vain la définition dans L'Esprit des lois ? Existe-t-il chez lui une rhétorique (ou une stylistique) spécifique de la polémique ?
Ces enjeux théoriques étant posés (soit par eux-mêmes, dans des communications spécifiques, soit comme angles d'attaque), on abordera les thèmes qui ont cristallisé les affrontements. Dans quelle mesure Montesquieu, qui paraît souvent vouloir éviter la polémique mais la pratique à l'occasion, comme en témoignent ses critiques de Dubos ou de Huet, sur l'histoire des fondements de la monarchie française ou le commerce, a-t-il suscité lui-même un tel mouvement, en traitant de sujets qu'il savait brûlants ? Ses premiers lecteurs ont-ils eu conscience de l'originalité de sa démarche ? Inversement, n'auraient-ils pas été sensibles à des aspects particuliers dont l'aspect novateur nous échappe ? Si on rejoint en cela les études de réception, on ne s'y limitera pas : on cherchera surtout à discerner les points d'achoppement, mais aussi et surtout à replacer Montesquieu dans les débats de son temps et à évaluer le rôle qu'il a joué et la manière dont il s'est situé dans le mouvement à long terme des idées. Bien au-delà de la critique omniprésente de la supposée « théorie des climats » (dont il faudrait surtout interroger la formulation même pour en suivre la fortune historiographique, ce qui n'a sans doute pas sa place dans ce contexte précis), on s'intéressera plutôt à la manière dont la monarchie ou l'Eglise sont attaquées ou défendues, ou dont le despotisme apparaît, conforme ou non à l'esprit que lui prête Montesquieu. L'idée d'un équilibre des pouvoirs, la distinction même des trois pouvoirs ont-elles constitué un véritable enjeu à l'époque ?
La publication de ce colloque étant envisagée dans le cadre d'un numéro thématique de la Revue française d'histoire des idées politiques, on privilégiera avant tout cette approche, afin de donner sa cohésion à l'ensemble.
Un colloque plus « généraliste », sur « Montesquieu et ses contemporains », à l'automne 2011, permettra d'aborder d'autres domaines, à partir des perspectives qui auront été dessinées par celui-ci.
Contact: catherine.volpilhac@ens-lyon.fr
Secrétariat: afida.madjidi@ens-lyon.fr
Jeudi 15 avril, 14h30 Ouverture (J. C. Zancarini, directeur délégué de l'ENS de Lyon)
Présidence : Rolando Minuti
15h Pierre Rétat, Catherine Volpilhac-Auger : Présentation de la Défense de L'Esprit des lois (Oeuvres complètes, tome VII, 2010)
15h30 Catherine Volpilhac-Auger (IHPC) : Évitons les polémiques ? L'autocensure dans L'Esprit des lois
Présidence : Jens Häseler
16h15 Jean-Pierre Cléro (Rouen), Montesquieu et Hume
16h45 Christine Théré (INED, Paris) : L'Église funeste à la population ? Une controverse sulfureuse
17h15 G. Imbruglia (Université L'Orientale, Naples) : Religion et politique dans L'Esprit des lois : le cas de la république
Vendredi 16 avril
Présidence : Christine Théré
9h30 Myrtille Méricam-Bourdet (IHPC) : Voltaire versus Montesquieu ?
10h Laetitia Perret (IUFM, Angoulême) : Palissot, Montesquieu et l'image du philosophe
11h15 Catherine Labro (Bordeaux) : Le débat Rousseau/Montesquieu dans le premier Discours : réception et médiations
11h45 Gabrielle Radica (Amiens) : De Montesquieu à Rousseau : les Anglais sont-ils vraiment libres ?
Vendredi 16 avril
Présidence : Lorenzo Bianchi
14h30 Muriel Brot (CNRS, Paris IV) : Montesquieu dans l'Histoire des deux Indes
15h Sophie Audidière (Dijon) : Helvétius lecteur de Montesquieu [titre provisoire]
15h30 Philippe Audegean (Paris III) : La réception italienne de L'Esprit des lois : la question des pouvoirs intermédiaires
16h30 Denis de Casabianca (Marseille) : Despotisme ou monarque despotique ? Comment les régimes peuvent-ils être despotiques ?
17h Federico Bonzi (Paris I et Université L'Orientale, Naples) : L'honneur, un principe mal compris ?
Samedi 17 avril
Présidence : Girolamo Imbruglia
9h30 Luigi Delia (Dijon et Bologne) : La peine de mort dans l'Encyclopédie : la trace de Montesquieu
10h Philippe Raynaud (Paris II) : Autour du livre XIX : la France, l'Angleterre et la politesse
11h Michael Sonenscher (Cambridge, King's College) : Montesquieu, Sieyès et le système représentatif
11h30 Alexis Keller (université de Genève) : Montesquieu, Vattel et le débat sur le droit des gens
Débat et conclusions
Organisation :
Catherine Volpilhac-Auger
Catherine.volpilhac@ens-lyon.fr
Comité scientifique
Lorenzo Bianchi, Université L'Orientale, Naples
Guillaume Bacot, Cergy-Pontoise
Rolando Minuti, Florence
Pierre Rétat, Lyon II